Wonder Woman

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CRITIQUE AVEC SPOILERS

Après avoir marqué son public lors d’une courte apparition dans le Batman v Superman: Dawn of Justice de Zack Snyder, le film solo de la plus célèbre guerrière amazone débarque.

On ne va pas se mentir, depuis peu de temps DC et Warner Bros semblent se trouver dans une mauvaise posture. Malgré les retours au box-office, plutôt positifs, de leurs dernières productions, la critique n’était pas au rendez-vous. Entre un BvS descendu et considéré comme un ratage total, et un Suicide Squad complètement à coté de la plaque, lui-même étant une réponse à l’échec critique du film de Snyder, les producteurs et directeurs du fameux DCEU ignoraient quelle direction artistique emprunter pour leurs futurs films. Bien que Justice League soit entré en postproduction depuis fin 2016, l’avenir de cet univers cinématographique étendu paraissait légèrement compromis.

Wonder Woman aurait pu être un pont solide entre le public et producteurs de la Warner, mais il n’en sera hélas rien. Puisque Wonder Woman, bien que marqué comme une production DC Comics, se rapproche plus d’un produit basique et classique à la sauce Marvel. Ce qui était le seul piège dans lequel DC n’aurait jamais du tomber.

Pour être plus clair, il faut remonter un peu dans le temps. Si Man of Steel avait divisé la critique et le public, le film avait comme premier mérite d’assumer les thématiques sombres sur le questionnement du héros, ainsi que sur ses origines. Il proposait de ne pas tomber dans la facilité scénaristique et graveleuse comme avait su nous habituer certaines productions Marvel. Une ligne directrice donnée par le film annonciateur du DCEU, et qui fut maintenue par sa suite, BvS, injustement relayé au rang de festival du grotesque par certains ou pire adaptation de comics pour d’autres.

Mais l’échec de ce dernier auprès des critiques, a plongé Warner et DC dans la tourmente.

Et si les spectateurs n’aimaient pas les films trop sombres?

Une tourmente qui avait malheureusement sabordé une partie du projet Suicide Squad. D’abord pensé comme un spin-off lorgnant sur les traces des 2 premiers films, en assumant le côté freak nihiliste de son univers, pour au final se faire remonter par les producteurs et terminer en un « Marvel Like ». Transformant ainsi les pires des pires de l’univers DC en semi-super-héros. Une trahison pour les fans, plus fatale pour les producteurs que l’échec critique de BvS, et tous ceux qui attendaient ce film avec impatience.

Warner et DC voulaient donc jouer le jeu de Marvel avec leur dernier film. A savoir ne plus prendre le moindre risque et faire de leur productions des œuvres sans réel point de vue ou innovations. Et même si on aurait pu croire que l’échec de Suicide Squad aurait pu influencer la décision de ces derniers, ce n’est pas le cas car Wonder Woman de Patty Jenkins, sans être une insulte au genre du film de super-héros, sans être le pire film décriée au monde ou sans être en soit un mauvais film dans sa fabrication, ne mérité clairement pas les éloges qu’il a pu recevoir.

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Considéré par certain comme étant le meilleur film DC depuis The Dark Knigth, on serait en droit de s’inquiéter pour le reste du DCEU, tant le film ne propose rien qu’il n’ait été déjà fait ou mieux réussi.

Le film de Patty Jenkins se contente du peu, mais surtout n’arrive clairement pas à égaler un autre film qui s’était illustré par le passé avec des thématiques similaires. Un film produit en plus par la concurrence, le fameux Captain America : First Avenger de Joe Johnston. Si le film n’avait rien de mémorable, le divertissement était bien présent et le style de Johnston des plus agréables.

Si les 20 premières minutes d’exposition de Wonder Woman fonctionnent, on ne peut hélas pas en dire de même pour le reste, tant le film se voit alourdi par une surabondance de personnages secondaires, dont la plupart caractérisé sont juste d’une inutilité déconcertante. Le sniper, le chef indien, le général, la chimiste et j’en passe, qui auraient pu être des ajouts forts intéressants dans un film ayant pour toile de fond la guerre, s’avèrent au final des plus grotesques et des plus mal traités. Si le public reste béat devant le charme de l’interprétation de Gal Gadot en guerrière amazone (plus niaise tu meurs), certains pourraient s’amuser à dire que c’était déjà le cas depuis sa courte (mais néanmoins iconique) apparition dans BvS. Quand il suffisait seulement 3 plans à Zack Snyder pour marquer la pop culture avec ce personnage, Jenkins, quant à elle, rame dans les tranchées, si je puis dire. Malgré toute la grâce et l’amour accordés au personnage, les scènes d’actions (dont on s’aperçoit qu’on avait quasiment vu l’intégralité dans les bandes annonces), sont assez faibles et n’offrent rien de plus marquant que le personnage parant une balle, ou bien détruisant un clocher.

Rien de honteux non plus, mais pas suffisant pour se distinguer des autres films super-héroïques. Patty Jenkins, qui signe là sont premier blockbuster, fait d’ailleurs partie des plus gros regrets du film. Quand on sait que la réalisatrice avait claquer la porte à Marvel suite à des conflits de décisions artistiques pour Thor : The Dark World, on était en droit d’espérer une vraie envie de cinéma, ainsi qu’une véritable démarche dans l’univers des super-héros, qui irait un peu plus loin que le drame pour ménagère.

Il serait d’ailleurs amusant de comparer les 2 films, Thor et Wonder Woman, pour en percevoir les nombreuses similitudes faisant ainsi leur médiocre (pour ne pas dire horrible) qualité.

On commence bien sûr par une présentation sérieuse et appliquée d’un univers sérieux et appliqué, pour se retrouver finalement avec le monde des humains, rempli d’idiots qui jouent à la guerre et dont le méchant principal est en réalité, un dieu fourbe qui tente de pousser les humains à faire la guerre. Dans son aventure, le personnage principal est accompagné par un humain ne pouvant s’empêcher d’exprimer sa gène constante en la présence du demi-dieu, et ou évidemment le summum de la gène se rapporte à la taille de son service trois pièces.

On aura une triste pensée pour les personnes considérant que ce film fut le meilleur film DC depuis The Dark Knight de Christopher Nolan.

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D’une manière plus générale, le vrai reproche que l’on pourrait faire à Wonder Woman serait la platitude de sa mise en scène, et les non prises de risques. A aucun moment celui-ci n’ose, ou ne cherche à avoir sa propre identité cinématographique. Le climax du film, qui nous révèle le tout puissant dieu de la guerre Ares (David Thewlis, juste ridicule) et son affrontement avec l’Amazone, semble tout droit sortie de l’affrontement final dans Dawn of Justice avec Doomsday, mais sans la caméra propre à Snyder…

Patty Jenkins s’attaque au genre du film de super-héros tel une néophyte et ne retient que les quelques tics de mise en scène de ses prédécesseurs, ce qui l’oblige à nous balancer des ralentis un peu partout dans ses scènes d’actions, histoire de copier Zack Snyder, sans pour autant essayer de comprendre son style ; ou alors de nous refaire des scènes à l’image de Captain America, en zappant totalement la portée iconique, symbolique et émotionnelle de celui-ci.

Mention spéciale à la scène du sacrifice du personnage de Chris Pine, plagiat totale et totalement dénué de toute émotion du sacrifice de Steve Rogers dans The First Avenger, qui prouve bel et bien que le film aurait mérité bien mieux que la réalisatrice de Monsters aux commandes.

Mais visiblement cela importe peu car de toute évidence, le film de Patty Jenkins sera un succès mondial et confortera Warner/DC dans leurs choix artistiques futurs tout comme le public, en lui ayant offert un énième produit de super héros sans réelle consistance, à base d’humour facile et de « girl power ».

Aucune envie pour ma part de revenir sur la soi-disant prétention féministe du schmilblick, car nombreux sont ceux qui ont oublié qu’on n’a pas attendu le film Wonder Woman pour considérer un personnage féminin de blockbuster comme étant l’égal de l’homme.

Ne serait-ce que ces 3 dernières années, un certain Mad Max: Fury Road avait déjà placé la barre très très haut…

Wonder Woman est à mon sens une belle déception dans le paysage DCEU, mais aussi dans celui des films de super-héros dans leur globalité. Si le film était sortie 10 ans plus tôt, peut-être aurait-il eu droit à un peu plus de compréhension. Seulement voilà, quand on apparaît après tous les autres, il faut arriver à maintenir le genre et ne pas le régresser… En tout cas, pas plus qu’il ne l’est déjà.

Espérons juste que Justice League ne commette pas la même erreur…

Le Daron

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