Les étudiants en blocus, Macron président, Chris Cornell décédé, Kasabian et ses nouveaux tubes décevants, ma chambre synonyme de four depuis un certain temps… Quelle époque!
Vos oreilles ont besoin de repos et Friendly Fire (2006) de Sean Lennon est adéquat à cela.
La première fois que j’ai entendu Sean Lennon, c’était dans l’émission musicale menée par Naguy et nommée Taratata. Seul, assis sur une chaise et muni de sa guitare sèche entre les mains, une fois « Dead Meat » entamé, une aura magnifique émanait sur le plateau. Cette sensation de fascination était mienne: le type en imposait et il n’avait pas besoin d’une armada de musiciens, à l’opposé d’un Arcade Fire sur scène.
Fils de John Lennon, il lui ressemble comme deux gouttes d’eau, tant dans sa musicalité que physiquement. Je décrivais, pour le cas de Bad Omens, à quel point il pouvait être perturbant qu’un artiste soit le sosie d’un autre, cependant, ce n’est pas le cas avec ce musicien.
Rien n’est problématique dans cette similitude présente entre père et fils car Sean produit une panoplie de mélodies qui ne me remémore pas, tous les quarts d’heure, ce que son géniteur avait créé auparavant.
Friendly Fire symbolise un paradoxe: il dégage une ambiance sereine et dynamique.
Si la musique résonne comme calme et posée, les thèmes, eux, développent la désastreuse aventure amoureuse du chanteur avec l’actrice Bijou Phillips. Victime d’une liaison extra-conjugale, on dirait que Sean s’est entièrement lâché via ce qu’il fait brillamment: composer une musique exorcisant sa triste expérience.
« Dead Meat », morceau qui initie l’opus, annonce la couleur de l’album. La guitare, une voix aiguë (presque torturée), du piano et des violons rendent ses lettres de Noblesse à la Musique. L’histoire de son clip colle parfaitement avec les paroles de cette chanson: relever un défi pour lutter jusqu’au dernier souffle. C’est en cela que « Dead Meat » partage une sensation reposante mais également pulsante. Les instruments à vents rappellent aussi la mélodie qui se dégageait de « Breaking The Girl » des Red Hot Chili Peppers.
You’re gonna get what you deserve
Gonna get what you deserve
In the end you’re gonna learn
Oh, you’ll get what you deserve.
Ce refrain sera diffusé lors de mes funérailles! (provocation posthume)
« Friendly Fire », quant à lui, ne passe pas à la trappe! De fait, guitare sèche et guitare électrique fusionnent pour produire des sons intenses qui tiennent ardemment l’auditeur dans cette évolution instrumentale.
Il est intéressant de noter que son premier opus (antérieur à Friendly Fire de plusieurs années), Into The Sun (1998), était d’ailleurs plus tourné vers les guitares électrique, les percussions en tout genre, parfois à la frontière du bossa nova (« Into The Sun »), du garage rock (« Home »), de l’expérimental (« Queue ») ou encore du jazz (« Photosynthesis »). Comme quoi, ce musicien regorge de talents et sait bien s’entourer!
L’unique bémol attribué à Friendly Fire est de s’apercevoir que toutes les pistes sont pareilles, telles des « duplicatas » de « Dead Meat ». Et pourtant, ce n’est pas si désavantageux que cela étant donné que tout l’album se compose d’une sonorité assez homogène, laissant l’auditeur se bercer agréablement dans cet univers.
Sean Lennon ne se limite pas à un disque vu que sa version adaptée sur grand écran, réalisée par Michele Civetta, existe également (petite pensée pour les cinéphiles).
John Lennon nous a quitté trop tôt, qui sait s’il aurait arrêté des guerres s’il avait continué à vivre? Malgré ce décès qui m’affecte toujours autant, son fils suit une voie musicale qu’il aurait sûrement choisie. C’est pourquoi, digne descendant de « Imagine », on peut compter sur Sean Lennon pour encore nous faire frissonner à l’écoute de nouvelles ballades.
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