Rumours est un groupe à l’univers spécial. Ils ont une apparence chamanique et humoristique. Découvrons-les en cinq questions !
Lorsque j’écoute votre musique, j’ai toujours l’impression d’assister à un véritable rituel. Comme si votre son reflétait l’atmosphère d’un sacrifice.
Concevez-vous votre musique comme cela ?
Quand nous écrivons notre musique, le son sera toujours une réflexion de notre humeur du moment. Nous n’écrivons pas des choses parce qu’elles sonnent biens, mais aussi parce qu’on le sent bien.
Nous sommes très sensibles à ce genre de choses. Le vrai sacrifice repose dans notre volonté de se submerger d’un sentiment particulier. Quelque chose qui nous fait du mal, ou quelque chose qui nous a fait du bien, puis essayer d’aller aussi profond que possible, et la capturer dans notre élan. Nous pensons que c’est la seule voie par laquelle les gens peuvent assimiler la musique. L’artiste doit vouloir aller jusqu’au bout pour que l’auditeur puisse être capable de ressentir ne serait-ce qu’un peu de ce qu’ils veulent dire.
On peut voir cette honnêteté comme un sacrifice, mais dans nos têtes, il n’y a pas d’autres façons de faire. Si c’est une charge ou une bénédiction, on ne le sait pas encore. Mais ça le vaut bien.
Quel est le sens caché de votre clip ‘I Dance’ ?
‘I Dance’ est là où tout a commencé. Hannah, a rendu ce groupe possible. Elle a toujours été intriguée par la manière dont l’endroit influence la musique qu’on fait.
‘I Dance’ a été fait dans un vieux monastère de Bruges, là où elle grandissait. Tous les sons de cette chanson ont été enregistrés dans cette pièce. Le clip essaye de capturer l’atmosphère qu’elle a ressenti pendant la réalisation de cette chanson : sombre, isolé, chamanique, mystique. Ce fut là le tout début de Rumours. Nous étions un peu obsédés par le mot chamanique. Pour nous, tout ce que nous faisions était chamanique. C’est un mot qu’à l’époque, nous ne comprenions pas tout à fait. C’était juste quelque chose qui apaisait nos esprits quand ils étaient coupés du monde qui nous entourait. Notre communauté est plus grande que ce que les gens pensent. Nous sommes entourés par de nombreuses personnes qui pensent comme nous et nous en sommes reconnaissants. Sans cette communauté, beaucoup d’entre nous ne pourraient survivre comme ils le font. Une fleur n’est jamais appréciée que parce qu’elle est belle. Personne ne sait que nous sommes les seuls à l’arroser.
Je pense que la série TV Dark s’apprêterait très bien de votre musique.
C’est justement le rêve d’Hannah de faire la musique d’une bonne série. Nous espérons que ça se passera dans le futur.
Stefanie est un membre du groupe BRUTUS. Elle fait les beats de Rumours. Procure-t-elle un peu de sa rage artistique dans les compositions de Rumours ?
Tout d’abord, elle ne fait pas que les beats de Rumours. Dans Rumours, chacun fait ce qu’ils ont envie de faire pour ce qui est d’écrire des chansons. Nous n’avons aucune barrière. Pour ce qui est du jeu, lorsque nous disséquons une démo pour la jouer en live. Nous ne prenons jamais en considération qui a écrit telle ligne. Nous savons juste qui va la jouer parce que nous connaissons bien nos instruments. La rage artistique est une mauvaise manière de décrire faire ce qu’on sent bien. On ne voit pas Stefanie comme une artiste malveillante, qui fait tout à partir d’une rage artistique. Elle écrit sa musique par amour, et uniquement par amour véritable. Sa musique peut sembler dure, mais si vous l’écoutez vraiment, c’est sa tendresse qui fait frissonner. Alors oui, elle nous procure sa tendresse artistique. Et pas qu’un peu.
Comment décrieriez-vous l’image et l’esthétique de votre groupe ?
Nous avons pris de nombreux chemins différents, ces trois dernières années. Nous jouons un style chamanique jusqu’au rétro, en passant par la techno, jusqu’à littéralement des choses qui ne se combinent pas du tout ensemble. Nous avons toujours été conscients de ce à quoi nous devrions ressembler, mais pas de ce à quoi nous ressemblions vraiment. Surtout à nos débuts. Nous expérimentions avec ce qui nous faisait plaisir, ce qui nous faisait rire et nous rapprochait. Maintenant, on se rend compte que ce n’est pas vraiment dans les extrêmes que nous trouverons cette beauté ou cette densité.
Depuis notre EP Infant, nous étions obsédés par tout ce qui était sombre et bizarre. C’était la forme que la rébellion avait pris dans notre vie, je suppose. Mais maintenant nous sommes libérés de tout ça. Nous sommes plus vieux et plus à l’aise. Là où tout se joue maintenant, c’est à l’écriture d’une true story, qui pourrait ou pas inspirer les gens, mais que nous aurons avant tout écrit en tant que famille. Ce à quoi nous essayons de ressembler n’a désormais plus d’importance. Nous nous rendons compte que, plus tu es honnête à propos de qui, et de ce que tu es, plus les gens sont touchés. Et nous, en tant que musiciens, avons aussi besoin de faire quelque chose de nos vies, non ? Nous ne trouvons pas de sens dans l’amélioration de soi. Et si c’était le cas, on ne tiendrait même pas deux jours.
DRAMA – Photo ©Vi.be