Dans le paysage cinématographique actuel, lorsqu’on parle de « comédie française », un frisson parcourt la critique.
Sans analyse détaillée, il est évident que depuis quelques années, une certaine ambiance parcourt le comique de l’hexagone. Même si des réalisateurs comme Quentin Dupieux (Rubber, Le Daim, Réalité) ont su la contester, une mode subsiste.
Le ressort comique actuel, c’est la moquerie sociale. Méchante et gratuite, elle s’attaque aux minorités ethniques et religieuses (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?), aux Roms (A bras ouverts), et cetera. Mais jamais ou presque, le Français blanc privilégié n’est moqué.
Comme si l’attaque raciste, bête et facile était devenue l’ingrédient secret sublimant n’importe quel travail du genre subtil qu’est la comédie.
Mais malgré cette vague, certaines œuvres subsistent, et prouvent que oui, on peut faire de la comédie sans moquer l’identité de nos pairs. Les Parfums de Grégory Magne fait partie de ces œuvres-là.
Le moral de Guillaume est au plus bas. Chauffeur, il a manqué de perdre son travail à la suite d’un excès de vitesse. Habitant un minuscule appartement, la juge daigne lui donner la garde de sa fille, avec qui les liens disparaissent peu à peu.
C’est au bout du rouleau que Guillaume est envoyé en mission. Il devient le chauffeur privé d’une certaine Anne Walberg, diva hautaine au métier hors du commun.
En effet, Anne est « nez ». Son travail consiste à concevoir des parfums. Mais sa carrière stagne. Elle utilise son art au service de travaux peu prestigieux : ambiances de supermarchés, masques d’odeurs d’usine…
Au départ opposés, les deux protagonistes vont finir par nouer une relation. Ils vont apprendre énormément l’un de l’autre, jusqu’à s’affranchir de leurs problèmes respectifs.
L’œuvre est légère, innocente, sans prétention. Ce n’est pas une grande histoire, ni une comédie débordant de gags à se plier de rire. Aucune situation n’est artificiellement créée dans un but comique. Les blagues arrivent quand elles sont les bienvenues, lorsque le récit les attend.
Le métrage est paisible, d’une tendresse simple. Aucun personnage n’est moqué ou jugé par le film. Il garde de fait un respect profond pour chacun d’entre eux.
On pourrait dès lors lui attribuer une absence de conflit clair. D’action, peut-être. Et il est vrai que le scénario est un peu bancal et ne semble aller nulle part. Cependant, l’intrigue retombe sur ses pattes dans les dernières minutes, vers une fin mémorable.
Si on souhaite rire aux éclats, oublions Les Parfums. Mais si on veut se laisser bercer par une comédie simple et innocente, on y trouvera son bonheur.
Raturix