Le drame, puis la disparition. Mahito doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne, après avoir perdu sa mère lors d’un incendie. Le jeune garçon s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine. Il y rencontre un héron cendré. L’animal apparaît tel un guide et l’aide au fil de ses découvertes, une fois à l’intérieur d’un monde défiant nos lois et raisonnements.
Ne pas comprendre. Ressentir. Voici comment résumer Le Garçon et le Héron, dernier film en date du cinéaste japonais, Hayao Miyazaki. Nos yeux prennent le temps de s’habituer à un décor vert et ensoleillé, à des personnages aimant vivre, à une histoire bercée par une perception infantile. Que ne faut-il pas oublier ? Nous suivons les aventures de Mahito. Lorsqu’il débarque à la campagne, un nouveau chapitre s’ouvre à lui. Accepter son deuil. Accepter une nouvelle famille. Accepter.
Il ne s’agit pas de deviner si nous observons des rêves ou la réalité… quand Mahito suit le héron, c’est pour laisser jouer son imagination à 200%. Nous l’accompagnons sur son chemin. Faire table rase de nos connaissances devient une évidence. Une tour, si énigmatique, se transforme alors en refuge, où se croisent des personnalités du passé, des mirages éternels et des visages inoubliables.
L’œuvre dévoile aussi une autre force du réalisateur passionné par la beauté de la nature. L’image parle d’elle-même. Le Garçon et le Héron illustre de vrais tableaux où les scènes s’enchainent pour déployer la maestria de l’artiste. L’animation est toujours aussi folle. Tant au début du long métrage, où flammes et vitesse se mêlent pour provoquer une prouesse technique, tant à sa fin, lorsque les cieux, la terre, l’espace s’ouvrent à un univers surnaturel, lumineux, cruel, mais aussi fragile. Devant ces constatations, une question demeure. Qu’est-ce qui intéresse Hayao Miyazaki ? En 2003, il partage une réponse claire et nette.
Les vrais paysages m’inspirent, les maisons banales, les êtres humains que je rencontre. Ce n’est pas en regardant des photos ou des films que j’ai appris mon métier. Ce n’est pas en regardant le cinéma qu’on devient cinéaste, c’est en observant la réalité du monde autour de soi.
Le douzième film du maître de l’animation est une réussite. En ces temps troubles, où les guerres se déroulent toujours à quelques kilomètres, l’œuvre épouse une vision sereine de la vie, surtout, à propos de notre envie de survivre. Même si nous perdons des proches chaque année, ils ne sont jamais très loin pour offrir leur flambeau… afin d’embrasser la dureté de l’existence.
brunoaleas