Par les temps qui courent, dès qu’un sacré concert punk se passe dans votre ville natale, un seul réflexe est de mise : foncer ! Brian Hayart (batterie), Elliot Stassen (chanteur, bassiste), Damien Aresta (chanteur, guitariste) et Michael Goffard (chanteur, guitariste) constituent It It Anita, l’équivalent de la fierté rock de Belgique.
Après avoir enregistré AGAAIIN (2016) avec John Agnello (connu pour avoir collaboré avec Dinosaurs Jr. ou encore Kurt Vile), c’est à Laurent Eyen que revient la tâche de peaufiner les créations de ces enragés. Le point récurrent chez ses musiciens : ils mettent à l’honneur leurs ingénieurs du son. En 2015, ils sortent un EP nommé Recorded by John Agnello et cette année, un onze titres appelé Laurent. Visage en pochette d’album, Mister Eyen se voit magnifier, rappelant un Chris McClure sur Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not (2006) des Arctic Monkeys.
Tout comme les producteurs et beatmakers, les ingés sons représentent les bijoutiers, les faiseurs de rêves ou les vrais artisans d’un bon opus. Que ce soit Steve Albini, Andy Wallace ou bien Butch Vig, ils ont été la pierre angulaire de chefs-d’œuvre. C’est pourquoi, telle une famille dont on connaît l’identité de chacun, quoi de plus agréable que de citer le magicien derrière sa console !
Sur scène, tout est en place pour mettre une claque sévère au public. Brian étant d’ailleurs habillé comme s’il allait disputer un match de boxe, ça promet de pulser. A chaque concert, son jeu à la batterie semble de plus en plus violent. A l’image de notre batteur, les sueurs se lisent sur les visages des autres membres, tant ils se donnent! Dès le début du spectacle, Damien tombe à terre, Brian fait les grimaces d’un combattant prêt à exploser, et le public, lui, crie leurs prénoms ou diverses onomatopées.
Le live participe à une ambiance « rock à l’ancienne » (les pogos en moins). A des années lumières de simples versions mp3, les chansons des IIA deviennent encore plus brutes une fois sur scène. Ces mélodies efficaces s’expliquent sûrement via leur processus de création.
On a pu prendre plus de temps pour enregistrer Laurent. Par rapport aux deux précédents opus avec John Agnello, on était tenu par son planning. La première fois, il est venu en Belgique pour 5 jours et on a tout fait en 5 jours. Idem pour le suivant, AGAAIIN, sauf que c’était nous qui étions là-bas pour un temps limité. Pour ce qui est de Laurent, on a pu prendre le temps. 3 sessions d’enregistrement, plus de temps pour mixer, etc. -Damien
Le show démontre toute la liberté artistique qu’a pu amener ce dernier album. Le temps symbolise un détail important et déterminant à la conception d’une œuvre, où chacun peut délivrer sa véritable créativité.
Les morceaux « Denial » et « We Are Nothing » sonnent comme des OVNI. Dès qu’ils sont entamés, le public est emporté vers une bulle à part, où l’accalmie envahit le Reflektor. Alors que je pensais que les Girls in Hawaii avaient fortement influencé les compositions de ces deux morceaux, Brian, jouant également chez les Girls, m’a dévoilé tout autre chose.
En ce qui concerne « Denial », le groupe a été influencé par Grandaddy. Ils sont à la source de mes projets. C’est un groupe qu’on aime énormément et qui a aussi influencé les Girls in Hawaii. C’est surtout leur premier album, Prepare to Bawl, qui nous a énormément inspiré. Quant à « We Are Nothing », on a beaucoup plus écouté Mogwai ou Explosion in the Sky, des groupes progressive rock. D’où cette ambiance. Mais c’est vrai qu’aux répétions avec les It It, j’imitais parfois la façon de chanter des Girls. (rire) -Brian
All the time you said promises are meant to be kept
Telle est la phrase d’accroche qui initie « Denial », répétée de manière malsaine. Ce morceau m’a véritablement étonné. Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi percutant. Tout se termine avec la bande qui joue au milieu du public : marque de fabrique d’un show signé It It Anita ! Malgré un succès dédié au rap et au hip-hop actuels, qu’on jette la première pierre à celui qui osé insinuer que le rock était mort ! On ne s’est jamais autant senti dans les années 90 qu’avec It It Anita.
La perte d’audition de mon oreille gauche en constitue une belle preuve ! Est-ce bon signe ? Rock’n roll est la bonne réponse.
DRAMA
Photos ©Christel Thurion (Shoot Me Again) – Reflektor, 18/10/2018