Deux ans ! Deux ans à subir le flou des mesures gouvernementales. Les mélomanes sont de retour, face à leurs spectacles fétiches, prêts à honorer Euterpe !
Le KulturA. est une association connue des Liégeois pour ses programmations éclectiques. Cette salle de concerts fêtera ses cinq ans d’existence. Avant d’entamer ces festivités, ce lieu organise une nouvelle édition de l’Insert Name. Il s’agit d’une journée entière où les styles punk, metal et stoner sonnent à tout va.
Le seize avril dernier, onze groupes défilent sur deux scènes. S’y ajoute un quotient de l’hypoténuse conséquent. Je n’oublie pas les divers organisateurs (on salue PopKatari), les serveurs souriants et le public visiblement fêtard.
Les moments durant lesquels ça chante faux, l’arrivée de larsens imprévus, le triste bilan déclarant : Putain, c’est tout le temps la même musique… ne décrivons pas ces instants foireux.
Place aux coups de cœur de la sainte journée.
16h40 – PARLOR
Aimez-vous les tornades ? Adorez-vous le second degré ? Alors, écoutez un ouragan de soixante degrés ! PARLOR communique facilement sa rage et son humour. Nous ne sommes pas face à un groupe mutique et monolithique. Mes yeux se figent sur un tableau brutal et comique. Le chanteur rit et sautille auprès des auditeurs. Le bassiste sue des litres d’eau. Des têtes tournoient sans cesse, au rythme du spectacle.
J’adore les artistes dépeignant l’absurde réalité. Il est temps de découvrir « Instacat ». Le chanteur annonce ce titre sur scène. Je m’apprête à entendre une blague de mauvais goût. Cependant, un message pertinent découle du morceau. Sa signification est inscrite sur leur Bandcamp.
Conditionné par son habitus de star des réseaux sociaux, incapable de réaliser la futilité, l’insignifiance des posts et autres hashtags dont il inonde les smartphones de sa myriade de followers, l’Instacat représente la vanité susceptible d’habiter chacun d’entre nous, prisonniers asservis aux diktats d’idoles numériques cruelles et déshumanisantes.
Une bière se boit. Trois bières se savourent.
Mais trois bières face à un concert metal provoquent parfois des tremblements stomacaux. Heureusement, après la tempête PARLOR, voici l’accalmie Eosine.
Les jeunes Belges misent encore sur l’image scénographique. A la différence de leur concert au Hangar, les lumières des projecteurs remplacent les vidéos visionnées à l’arrière du groupe. De quoi contempler les nouvelles installations du KulturA. (une structure bien plus professionnelle qu’auparavant). Via ces effets, on ressent à nouveau cette envie de psychédélisme. L’expérimentation est toujours aussi envoutante.
Le groupe cause un autre phénomène : amener un jeune public. J’ai observé plusieurs Yoda à divers concerts liégeois. Je suis content de voir des mélomanes d’un autre âge. Non pas que je sois contre la venue des vieilles personnes au festival. Les jeunes visages sont de bonnes augures. L’avenir est aux plus jeunes. Ils illumineront des musiciens méconnus rêvant de concerts internationaux.
Vu l’âge moyen d’Eosine, il n’est pas si anodin de voir des jeunots à leurs dates. Néanmoins, soulignons l’amour du rock radioheadesque porté par les adultes en devenir !
Ils appellent ça du post metal. J’appelle ça un chasseur sachant chasser va tout chiffonner ! SaaR maîtrise les envolées et les repos à la perfection. Les Français proposent plus qu’une expérience. Ils partagent un voyage digne d’une sombre aventure aux côtés de Guts, l’âme torturée de Berserk.
Les auditeurs comprennent l’ampleur de la situation, rien qu’en écoutant « Tirésias ». Plus le morceau avance, plus l’adrénaline explose le cerveau. Une recette corrosive se fait ressentir : peu, voire pas de chant, des riffs faisant trembler les murs, des musiciens au service d’une basse lourde, distinctive et accrocheuse. Le son de Boris Patchinsky (ce même bassiste de PARLOR) est mis en évidence, mis à l’honneur. La disposition du groupe sur scène traduit un fait indéniable : la basse règne en maîtresse.
Je joue rarement de cet instrument. Suite à cette plongée vers l’univers de SaaR, je ne demande qu’à pincer de grosses cordes !
En quittant le KulturA., je réfléchis à un début de croyance : la France et la Belgique jouissent encore d’une scène rock/metal foutrement inspirante ! Insert Name est à vivre. L’évènement m’a permis de raviver ma passion musicale, éteinte pendant trop longtemps.