L’insomnie est souvent source d’inspiration artistique. Suite à un EP éponyme, Good Morning TV sort un premier album dont le travail provient de joies nocturnes. Ces Français, généreux en termes d’effets instrumentaux, apportent quelques visions précises de ce qu’est leur musique, et dévoilent leur fonctionnement de purs mélomanes.
Y a-t-il une personne insomniaque dans la bande ? Si c’est le cas, cela doit sûrement nourrir votre créativité.
Barth : Je le suis et effectivement. C’est inspirant. J’ai passé des années à faire de la musique, toutes les nuits, chez moi comme un gros geek. D’ailleurs, j’ai réalisé mes meilleures productions par manque de sommeil !
Thibault : Durant les heures nocturnes, c’est le temps où t’as rien à faire et donc, ça inspire pas mal nos créations. Les heures creuses t’amènent à de l’introspection.
Bérénice : J’ai écris le morceau « Insomniac ». En dehors de l’insomnie, la chanson relate de toutes les questions qu’on se pose quand on n’arrive pas à dormir. Ce sont les prises de tête qui n’aident jamais à t’apaiser ou à dormir correctement.
Les miroirs de votre clip « Insomniac » semblent illustrer une part du problème.
Thibault : On essaye toujours de réfléchir selon un principe. Le but est de trouver un principe qui se décline. Le miroir nous paraissait cool pour dupliquer le point de vue. On obtient une variété de plans et une richesse visuelle. C’est aussi une manière de créer de la désorientation dans la musique. On part d’une structure simple pour après te perdre dans des mélodies plus foisonnantes. C’est un peu ce qu’on voulait reproduire à l’image avec les miroirs.
Bérénice : On désirait jouer sur la perte de repères. Tu ne sais jamais ce qui est la vraie image.
C’est ce que ressent Barth.
Barth : J’ai passé des heures et des heures à transformer plusieurs morceaux. Comme si j’étais hors du temps. Je n’ai pas l’impression de perdre du temps ou d’avoir une limite. Ca m’a toujours poussé à tester des trucs.
Fais-tu partie de ces gens qui souhaitent des journées de 28 heures ?
Barth : Ouais, à fond ouais.
Parlons d’un autre titre. « Storm Rider » est mon morceau préféré.
Symbolise-t-il le plus la couleur sonore du groupe ? C’est-à-dire, l’apport de transitions douces et féroces ou même d’un solo de guitare dissonant.
Bérénice : Ce morceau du premier EP n’est pas vraiment l’emblème du groupe. On ne travaillait pas encore à 4. Au début, c’était juste Barth et moi. Je ne pense pas que ce soit le meilleur récapitulatif de ce qu’on aime faire ensemble.
Thibault : Il y a quand même des éléments dans ce morceau qui ont été développés par le groupe. Ca colle un peu à nos morceaux fleuves, aux ruptures harmoniques. On a approfondi sur l’album ce qu’on pouvait déjà écouter sur notre EP.
Barth : En tout cas, ta remarque est très juste. Lorsque j’ai écouté pour le première fois les morceaux de Bérénice conçus dans sa chambre, j’ai tout de suite accroché aux transitions sonores. Par la suite, c’est vraiment un truc que j’ai essayé de pousser à fond sur l’EP.
Durant votre live à Les Capsules, j’ai noté que vous utilisez de nombreux effets sonores, notamment sur les instruments à corde.
Comment trouver le juste équilibre sans que ce soit trop brouillon ?
Barth : On ne se pose pas la question (rire).
Thibault : C’est une question de balance. Chaque partie nécessite des textures différentes pour obtenir un morceau contrasté. On tente d’apporter divers timbres d’instrument. On aime écouter une diversité de sons intéressants à l’oreille. Le plus important avec les effets, c’est de servir la mélodie. Il ne faut pas que ce soit des artifices.
Et aujourd’hui, après ce live et malgré les temps troubles, qu’est-ce qui vous motive à faire de la musique ?
Barth : Je pense qu’on a la musique dans le sang. On continuera à jouer quel que soit le contexte. Je parle pour mon compte mais je suis convaincu que tout le monde suit cette philosophie dans le groupe. C’est plus qu’une passion à nos yeux.
La musique, c’est notre vie et on en fera toujours.
Interview menée par Drama – Photos ©Antoine Magnien