Melting God

King Gizzard & The Lizard Wizard with Mild High Club – Sketches of Brunswick East

UN SOLO ASCOLTO PER UN VIAGGIO

Il faut croire que je ne suis qu’attiré par les productions de stakhanovistes.
King Gizzard & The Lizard Wizard est un groupe australien qui a sorti son onzième album du nom de Sketches of Brunswick. Pour l’année 2017, le groupe décide de sortir petit à petit 5 albums inédits et ce dernier est le troisième sur la liste.

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Blue breeze de Londres

Tout comme le grunge qui s’est formé autour de Seattle, la Motown basée à Chicago ou encore un blues extrêmement prononcé à Memphis, un courant musical est fortement présent au Sud de Londres. J’ai baptisé ce style blue breeze. Peut-être que l’étiquette perdurera dans le temps.

‘Blue’ pour ce qui est de sa teinte mélancolique et léger, symbolique de nombreux morceaux des artistes qui en portent les couleurs. ‘Breeze’ pour l’effet reverb, nous laissant toujours planer via des compositions jazzy, utilisées à foison dans leurs chansons.

Plusieurs points communs reviennent toujours à l’écoute de ces jeunes londoniens, dont notamment une guitare au son épuré. Elle nous embarque dans une brise qui fait écho à l’infini. Il est intéressant de noter à quel point le déterminisme a toute son importance pour expliquer ce nouveau phénomène anglais.

Notons que l’écrivain français, Emile Zola, avait déjà cerné l’importance de l’influence et l’impact de l’endroit où l’on vit. C’est en désignant sa propre littérature de ‘naturaliste’, mouvement de la première moitié du vingtième siècle, que cet auteur bâtissait de nombreuses thèses pertinentes.

Les naturalistes reprennent l’étude de la nature aux sources mêmes, remplacent l’homme métaphysique par l’homme physiologique, et ne le séparent plus du milieu qui le détermine.

Cet extrait de son œuvre Une campagne (1881) démontre à quel point nous sommes conditionnés par tout ce qui nous entoure. De fait, la panoplie d’artistes dont il est question ont respiré un air londonien qui les a inspiré à faire une musique unique, qui cependant, se trouve sous une même bannière. Il se peut qu’il y ait une part d’inconscient en ce qui concerne leur processus de création. Néanmoins, ils partagent tous des caractéristiques très communes, preuve qu’ils baignent consciemment dans une zone spéciale, où la musique a ses codes.

Citons un autre déterministe qui rejoint en quelque sorte les pensées de Zola :

Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience.

Tiré du philosophe et économiste Karl Marx, ces phrases affirment que l’endroit où l’on naît à une immense importance par rapport à notre avenir. Trêve de citations, stop aux analyses ! Passons en revue les grands acteurs de cette bleue brise.

King Krule

Il est littéralement le plus connu de tous. Hipster pour certains, génie pour d’autres, Archy Marshall se fraye un chemin atypique dans le monde de la musique. Pour l’instant, tous ses projets sont incroyables. Ils méritent une écoute pour avoir une vue d’ensemble sur l’univers riche et intense de ce poète.

Entre son premier et deuxième album se sont écoulés 4 ans. Impatient, je savais que son nouvel opus allait être une réussite. King Krule rafraîchit toujours son style musical via des morceaux aux accords jazz et bossa nova. Il n’est pas trop tard pour écouter The OOZ, son ultime pépite.

Cosmo Pyke

J’essaie de devenir célèbre, de faire connaître mon nom partout, de m’assurer que tout le monde le voie. C’est un peu comme le graffiti : vous voulez obtenir autant de tags que possible dans toute la ville jusqu’à ce que vous deveniez propriétaire de la ville.

Ces paroles livrées au Guardian sont celles de Cosmo Pyke. On ne cesse de comparer à King Krule sur la Youtubosphère. Certes, ils partagent quelques caractéristiques semblables : une voix nonchalante, une capacité folle à rapper, et un jeu vif et direct à la guitare. Néanmoins, ce ne sont en rien des clones parfaits. L’univers de Cosmo Pyke est beaucoup plus coloré au niveau des ses sons, clips et paroles. Il n’y a qu’à comparer le clip de ‘Great Dane’, à l’esthétique propre, chamarrée, professionnelle et ‘Dumb Surfer’ qui lui est flou, crade, un peu plus amateur, donnant un visuel proche de ceux perçus des vieux VHS.

En d’autres mots, nous ne lui ferons pas l’affront de le surnommer Prince Krule.

Alex Burey

Piano, violons, flûte, saxophone et guitares à la sonorité western, rien n’a plus de secret pour ce jeune compositeur ! Un seul mot pourrait synthétiser les sonorités qu’il nous concocte : délicatesse.

Nick Hakim

Take this joint. C’est tout ce qu’il y a à retenir lorsqu’on écoute Nick Hakim.

Jamie Isaac

Jamie Isaac a déjà collaboré sur l’album très avant-gardiste A New Place 2 Drown d’Archy Marshall. Ce genre d’artistes ne se limite pas à une seule façon de faire de la musique. Petite pause sur un gars qui propose un son posé.

Drama

BRNS – Holydays

IT’S A GOOD THING TO TORTURE GOD

Mike Patton (leader vocal de Faith No More, Tomahawk, Dead Cross) annonçait la mort de la musique.
La raison ? A cause de musiciens n’amenant plus de nouvelles idées sur la table.

BRNS (‘brains’) forme un contre-exemple parfait. Les quatre jeunes Bruxellois m’ont littéralement renversé avec un EP rempli de surprises. Ce groupe ne s’en tient pas à la simple composition de refrain, structure linéaire ou autres codes habituels. Incomparable à un Coldplay enfoncé dans un style musical assez gênant, tant il se répète d’années en années.
Les transitions sonores, les voix distordues ou le jeu du batteur et bassiste frôlent l’exceptionnel. Il est bénéfique de s’apercevoir qu’il existe encore de tels artistes !

Une dimension religieuse embaume l’opus via des chants quasi liturgiques, faisant le pont avec l’univers religieux. Citons ‘Mess’, où une clochette nous suspend vers un Ailleurs et conclut l’EP. ‘Mess’ exploite aussi une guitare aux cordes comme désaccordées, me lançant dans un emballement jouissif et une plus grande envie de terminer la chanson pour mieux la découvrir.

Ces 4 morceaux ne laissent pas l’auditeur sur sa faim. Ils emmagasinent un rythme et un jeu pertinents. De quoi les écouter encore et encore pour mieux saisir les détails instrumentaux qui s’y dégagent.
Véritable leçon musicale où la monotonie n’a pas sa place, Holydays s’éloigne des trucs et astuces qui s’utilisent à foison pour séduire le Grand Public.

Drama – Illustration ©BRNS

King Krule – The OOZ

Après 4 ans d’absence en tant que King Krule, Archy Marshall est revenu aux bases de tout ses multiples projets : Edgar The Beatmaker, Zoo Kid, DJ JD. Les sonorités dub, rock, jazz et son expérience de rappeur donnent une ambiance incroyable à ce deuxième album.

Enregistré sur sa terre natale, en Angleterre, ce second opus se voile d’un mystère particulier. Que ce soit les significations liées à la pochette, aux paroles ou au fil rouge de l’œuvre, des questions se trament par millier dans la tête de l’auditeur. Ce qui rend d’autant plus l’écoute de The OOZ, intéressante, pertinente et intrigante.

Si l’on se centre sur les histoires contées dans ses chansons, le jeune roux londonien les décrivait ainsi au New York Times : Gritty stories about the streets with a sensitive and romantic side. Take social realism and make it surrealism.

Un résumé efficace qui permet de très bien comprendre où nous mènent les paroles abstraites de ce poète des rues : au sein de la mentalité d’un jeune adepte au spleen anglais. La poésie d’Archy nous emporte vers un univers où les illusions, l’imaginaire et l’extraordinaire s’emparent d’évènements banals.

Nul besoin de décrire toutes les lignes écrites par ce parolier car nombreuses sont les interprétations que l’on peut attribuer aux textes de ce chanteur à la voix nonchalante.
Grâce à sa poésie, une image me reste en mémoire, celle d’une aventure sans fin, dans ce qu’il y a de plus urbain, personnelle et nocturne. Ne serait-ce que les sons de gouttes de pluies insérées dans quelques chansons, m’immergent totalement dans un climat froid et humide, où l’obscurité l’emporte sur les lumières de la ville.

La couleur que porte ce jeune musicien est le bleu et l’adjectif qui lui sied à ravir est lunatique plus que mélancolique.

C’est à travers certains morceaux beaucoup plus posés, lents, jazzy et tristes qu’il dévoile le plus souvent son talent de composition, une espèce d’avant-gardisme. Alors que le punk au ralenti de ‘The Locomotive’ et le rock perturbant de ‘Dumb Surfer’ rappellent la fougue de l’artiste, ‘Czech One’, ‘Logos’ ou même ‘Sublunary’ se détachent du ton général, pour s’envoler vers un style plus proche de visionnaires tels que James Blakes ou Mount Kimbie.

Il ne serait pas étonnant d’apercevoir King Krule influencer pas mal d’artistes, tant sa polyvalence dans le monde musical est admirable. Il arrive à prouver que la musique est toujours renouvelable et qu’il est possible de composer en s’inspirant de ses influences intimes et en les façonnant à sa manière.

Il est le genre d’artiste à refuser une collaboration avec Kanye West pour se donner corps et âme à son projet. Ainsi, son authenticité artistique ne prend aucun coup et ce même refus expose un King Krule décidé et convaincu d’accomplir ses idées déjà tracées, sans freiner un seul instant.

L’argument ridicule voulant faire de lui un musicien pour hipster, démontre bel et bien qu’il divise via sa capacité à proposer une large palette de morceaux les plus différents les uns des autres. Il est pathétique de lui faire un pareil reproche, autant écouter des disques déjà entendus. On ressuscite l’ancien pour en faire du nouveau, tout comme l’ont très bien réussi Only Real ou Cosmo Pyke.

Autre découverte : cet Anglais se rattache au Sud. ‘Half Man Half Shark’ dégage une aura tribale pour enfin se terminer avec une transition beaucoup plus calme, enivrée de boucles répétées d’accords de guitares, mêlées à des notes planantes de piano. La voix rauque d’Archy se déploie avec effervescence et des chœurs s’y ajoutent à un moment donné, faisant des paroles, un hymne chanté par des personnes en transe ou possédées par une force surnaturelle. Un magma bouillonne avec ce titre.

La chaleur de The OOZ est entre autres hispanique. Archy avait une muse barcelonaise. Elle présente en espagnol, au passage de ‘Bermonsday Bosom (Left)’, un antagonisme qui va nous suivre tout au long de l’album, et qui sera encore cité dans ‘Bermonsday Bosom (Right)’, mais cette fois-ci, à travers la voix britannique de son père :

Parasite, paradise, parasite, paradise

Cette opposition permanente n’est pas entendue à chaque morceau, mais est ancrée de manière efficiente pour qu’elle résonne de plus belle dans le crâne. Ces 2 mots expriment tellement de choses. Ils renvoient à la Vie et au Réel, à l’inverse d’une philosophie manichéenne, où certains préfèrent penser que le monde se sépare entre le Bien et le Mal. Il n’y a pas de blanc ou de noir, il n’y a que du gris.

The OOZ comporte 19 morceaux, ça file le sourire aux personnes qui attendaient ce retour avec impatience. Prenez-en de la graine Arcade Fire ! 19 pépites qui nous entraînent dans des alentours paradisiaques, où les parasites se cachent partout.

brunoaleas

Du Rock à Liège! Part 2 / Molk

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Liège n’est pas la plus belle ville d’Europe. Liège est remplie de « barakis ». Liège est rarement synonyme de « convivialité ». Et pourtant, j’aime cette ville!
On peut lui attribuer tous les défauts qu’on veut, il y a bien pire que la Cité Ardente.
Je l’aime, d’autant plus que depuis un certain temps, il s’y respire un air rock’n’roll!

Amants de la bière, de Lemmy et des cultes de l’Antiquité, Molk se constitue de jeunes membres, toujours prêts à faire grincer les guitares, exploser les watts et réveiller les morts d’outre-tombes.

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STUFF. – old dreams new planets

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Il y a énormément de choses à dire sur les gars de STUFF. La bande flamande emmenée par leur batteur atypique, Lander Gyselinck, est peut-être tout simplement le groupe de néo jazz électronique (si je puis dire) se démarquant le plus de la flopée de groupes du genre. En quelques années, leurs sons électroniques et leurs mélodies groovies et sinueuses sont devenues une particularité et une qualité qu’eux seul, dans la lignée de Marc Moulin et de son groupe Placebo, ont su se réapproprier à la perfection.

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Héritiers de Flume Part 3

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Une explication à ce titre est nécessaire pour le comprendre entièrement.
Des artistes se copient inconsciemment ou volontairement pour parfois créer leurs œuvres. Je n’écrirai pas au sujet du « plagiat », au contraire, j’aime utiliser plutôt le terme « hérédité ». De fait, depuis l’arrivé de Flume, c’est-à-dire en 2011, une panoplie d’artistes puise énormément de sa technique. Car il faut savoir qu’il a eu un véritable impact sur le monde de l’électro, non pas parce qu’il est juste un jeune musicien et producteur d’Australie, mais aussi parce qu’il a une signature sonore qui lui est propre. En d’autres mots, il a complètement réussi à façonner une nouvelle approche musicale. Les nombreuses particularités qui font toute sa « magie » apparaissent désormais chez d’autres DJs juvéniles.

Møme, alias Jérémy Souillart est un producteur, ingénieur son et compositeur français. A la suite de 3 EP, ce jeune musicien délivre son premier LP, nommé Panorama, en 2016.

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