Musique

Tessa Violet – Bad Ideas

On sous-estime parfois l’importance de la première impression. Combien de chansons sont devenues célèbres grâce à leur entrée en matière ? Cette première phrase que tout le monde connaît et reconnaît, imprimée dans les mémoires, et annonçant la chanson mieux encore que l’artiste lui-même.

L’ouverture de cet album donne le ton. « I’m insecure » déclare Tessa Violet, à travers une voix presque enfantine qui semble s’excuser. Dès cette première phrase, l’auditeur sait ce qui va suivre : un voyage dans la tête de l’artiste, dans ses doutes, ses peines, ses émotions les plus personnelles. Continuer la lecture

Damso – QALF

Si Lithopédion (2018) a pu être considéré comme l’album de la maturité, QALF est très certainement celui de la responsabilité. Damso y clarifie son rôle de père, de fils, d’homme et aussi de citoyen belge rattaché par le cœur à l’Afrique. La musicalité de son pays natal et de son continent en général est d’ailleurs très présent sur l’album, dans les sonorités, mais aussi parmi les collaborations.

Avec QALF, Damso nous a surpris.
Il s’est livré à son public à cœur ouvert. Et même si l’album est très complet en lui-même, suivant des variations de rythme et de thèmes, des surprises vont très certainement arriver pour parfaire et préciser toutes ses pensées, sûrement avec des sons plus nwarr. -Robin Gille

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©Africa Top Success

Damso devient petit à petit un géant du rap francophone. Via QALF, il mélange ses curiosités sonores. Le mélomane passe à des basses et paroles sévères (« D’JA ROULE »), ainsi qu’à des influences africaines (« MEVTR »). Gros coup de cœur sur « 911 » digne de la bande son propre à GTA : Vice City (2002). C’est juste ce qu’il faut pour se relaxer ou danser au ralenti.

Le rappeur déclare que son projet est une philosophie à savourer avant la sortie d’un nouvel opus. Une raison de plus d’écouter la richesse instrumentale de QALF.
Quant aux propos de l’album, certains les jugent trop fragiles. Pourtant, ils n’ont rien de dérangeants. L’artiste ne se pose pas en tant que moralisateur. Il n’a rien d’un justicier masqué. Comme à son habitude, il pose ses tripes sur le papier. Ses thèmes tournent autour de son vécu : la maladie de sa mère, sa paternité, l’amour et ses futilités.

Il n’a pas la prétention d’un Roméo Elvis parlant de colonialisme (« La Belgique Afrique »), alors que ce dernier n’est qu’un sauvage comme un autre.
William Kalubi Mwamba crée un orphelinat à Kinshasa (2018), puis, met sur pied la fondation Vie sur nous afin de lutter contre l’exploitation minière (cobalt, coltan, cuivre). Des groupes armés dirigent ces mines en terre congolaise. Ce sont des milliers d’hommes/femmes qui sont dans des conditions déplorables.

Si le ton est engagé, il est surtout digeste et important à entendre.
Damso sait de quoi il parle et d’où il vient. -brunoaleas

Jack White sans artifice

Il y a quelques jours, Jack White a joué au Saturday Night Live. L’invité rend hommage à Eddie Van Halen. Il révèle utiliser une guitare offerte par le défunt.

La guitare a été conçue par Eddie. Eddie a été très bon avec moi, et il a veillé à ce que cette guitare soit faite pour moi selon mes spécifications.
Ce soir, je ne compte pas insulter le talent de cet homme en essayant de jouer une de ses chansons. Merci encore Eddie pour cette guitare et repose en paix, grand homme.
Jack White
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Puma Blue, l’ange moderne

A l’image d’un ange déchu sur terre, il sonne vraiment comme lui. Il le cite d’ailleurs comme référence. Puma Blue se situe dans la droite lignée de Jeff Buckley. Ses envolées lyriques et sa voix presque androgyne rappellent la pureté vocale du défunt compositeur.

Sur le papier, le sentiment du vide est un des thèmes qu’il chérit. Citons l’indémodable « She’s Just a Phase », où l’amour n’est que passager. Sans oublier sa nouvelle pépite moderne, « Velvet Leaves », en hommage à sa sœur. Cette dernière sortie délivre une ambiance de fragiles invétérés… pourtant, sa mélodie relaxe et colle parfaitement à l’évolution musicale de notre félin. Il n’en fait ni trop, ni trop peu. A la fin du titre, il se lâche juste assez à la guitare pour l’écouter en boucle !

Dans son univers, on danse bel et et bien sur la mélancolie. Avec classe. Sous un rythme lent ou dynamique. Parfois accompagné d’un saxophone endiablé.

D’ailleurs, Puma Blue entre assurément dans la case Blue Wave ! J’ai inventé ce terme afin de désigner tous les artistes anglais chantant le spleen via des accords jazz. Ce style domine les sonorités du Londonien, même si ses étiquettes demeurent nombreuses et floues.
L’auteur remet au goût du jour des progressions harmoniques. Non pas en les jouant à la vitesse de la lumière, ou de façon punk à l’image d’un King Krule, mais de manière à planer pendant des heures.
Au départ, je nommais Cosmo Pyke, prince de la Blue Wave. Il y a désormais de la concurrence. Cette dimension accueille un nouvel élu appelé Jacob Allen.

Son nouvel album est prévu pour janvier 2021. De quoi imaginer une future cure musicale tombée des cieux.

Pour produire la meilleure musique possible, je devais devenir un peu quelqu’un d’autre. J’ai pensé que le mieux serait de capturer un nom.
J’étais très attiré par cette couleur, le bleu, car je me sens très proche de l’eau et évidemment, il y a beaucoup de bleus dans la musique jazz. Puma a suivi tout de suite, je ne sais pas pourquoi. Je suppose que c’est à cause de l’idée d’un vieux chat sauvage assis dans un bar, très fatigué, un peu rejeté.
-Puma Blue

brunoaleas – Photo ©Abbie Douglas

The Aubreys, une suite au rock

Est-il encore possible de mêler modernisme et passéisme ? The Aubreys construit une identité musicale qui n’a rien de ringarde, tout en étant branché seventies.

Finn Wolfhard (le BG de Stranger Things) quitte Calpurnia pour se dédier à sa carrière d’acteur. Sauf qu’il revient sur la scène musicale avec son ami d’enfance, l’ex-batteur de Calpurnia, Craig Malcolm… et la sauce fonctionne aussi à deux !

Le chanteur explique à quel point ce nouveau projet s’éloigne de la démesure de son premier groupe. Sa longue amitié avec Malcolm renoue avec la beauté de la musique.

Aucun label, rien du tout. Juste nous deux au sous-sol, en train d’écrire et de ne répondre qu’à nous-mêmes. La musique doit être amusante. Ca devrait être une aventure où vous progressez. Lorsque ça fait «Bang !» et que de folles obligations imprévisibles s’enchaînent, cela devient difficile. Finn Wolfhard

La précision à la batterie. La rage à la gratte. Les deux univers se fondent à merveille.

En plus d’avoir tout tabasser à l’âge où on perçait nos boutons d’acné, Finn ne se limite pas à sortir des EP. Une musique des Aubreys s’entend sur la bande son du film The Turning (Floria Sigismondi, 2020). Le filou fait une pierre deux coups ! Il est acteur et compositeur d’une chanson au long métrage. « Getting Better (otherwise) » prouve qu’avec de simples accords de guitare et un pro des percussions, la magie opère agréablement bien aux oreilles des mélomanes.

Soda & Pie annonce un futur album assez carré. Ses trois titres résument déjà des compositions simples et efficaces. Nul besoin de grandes fioritures pour pogoter (salut It It Anita). Quant au synthé/clavier, il n’est jamais de trop. Il enrichit les mélodies des jeunots et amène une dimension « fête foraine rock » à l’EP.

L’opus est prévu pour 2021. En attendant, un de leur live donne vraiment envie de fonder une bande prête à jouer vite et fort !

DRAMA

Harlekin et Malevolence face au coronavirus

L’année 2020 se sera décidément montrée dure envers le milieu culturel, et plus précisément musical. Malheureusement, les festivals, concerts, tournées ont tous été annulés, voire reportés à 2021. Cependant, des groupes continuent leurs activités et composent de douces mélodies pour le plus grand plaisir de nos oreilles alors en manque de musique. Continuer la lecture

Julien Doré – aimée

Comment se porte la chanson française ? Laissons de côté les victimes à la guitare sèche de l’Empire Vianney. Julien Doré, lui, est bien plus intéressant. Son univers le prouve et l’a déjà prouvé maintes fois.

Le chanteur revient avec un cinquième disque dédié à sa grand-mère et sa femme, ayant toutes deux le prénom Aimée. L’album illustre également un bilan universel. L’écologie et les sociétés de ces dernières années sont passées au scanner. L’artiste est las de décrire les sentiments amoureux via une plume abstraite. Aux Inrocks, il exprime sa volonté d’apporter sa vision du monde en toute simplicité, sans pour autant jouer les donneurs de leçons. Comme s’il était temps de taper du poing sur la table.

À 38 ans, j’avais besoin de transmettre ma vision du monde, d’assumer ma sensibilité, mon optimisme et mon pessimisme, de ne pas les cacher pour offrir juste un divertissement. Julien Doré Continuer la lecture