James Gunn laisse une belle trilogie à Marvel. Le papa des Gardiens de la Galaxie est nommé co-PDG de DC, l’écurie d’en face, en 2022 ! Ensuite, l’artiste est destiné à réaliser Superman. Est-ce une réussite éclipsant les merdes et échecs du studio DC ? Trêve de suspense, le long métrage est réussi. Son auteur est l’homme de la situation.
Superman apparaît comme une œuvre solaire, accessible aux passionnés de science-fiction, comme aux ados les plus rêveurs. Clark Kent ne se définit pas comme un golmon, saccageant chaque coin et recoin des décors. Il sauve tout le monde, de l’enfant à l’écureuil.
Puis, il ne s’agit pas d’éteindre son cerveau devant ce perso culte. Le cinéaste prouve encore que divertissement n’est pas synonyme d’abrutissement. Dénoncer la course à l’armement. Critiquer les médias. Interroger nos racines et notre place sur Terre. Résumer Superman à un incessant bimboumbam est une idée bas-de-plafond.

Dès les premières images dévoilées, nous voici dans le vif du sujet. L’Homme de Fer gît au sol, ensanglanté, affaibli. Pour quelle raison ? Lex Luthor hait notre héros. Il envoie le Marteau de Boravie le battre.
Foutu Luthor, fusion parfaite entre Daniel Ek et Elon Musk. Il symbolise l’horrifique marché des armes. Son influence est telle, qu’il tutoie les dirigeants de la nation. Un parallèle avec notre passé n’est pas inapproprié. N’oublions pas le caractère odieux des industriels américains, durant la Seconde Guerre mondiale… oui, les amerlocs fournissaient les nazis pour tuer des soldats américains.
Revenons à Lex. Ce multimilliardaire conjugue envie, colère et orgueil. Il est prêt à détruire le protecteur de Métropolis, coûte que coûte. Lois Lane, Krypto, la Justice Gang, devront alors s’allier pour affronter des forces machiavéliques.
Qu’en est-il de Clark ? Abat-il les menaces tel un mortel candide, omnipotent et prévisible ? Pas du tout ! Le metteur en scène le caractérise comme pur et sincère dans L’Ecran Fantastique (n°40, 2025). A la lecture du même magazine, David Corenswet, acteur principal, décrit précisément son rôle.
Même si Superman est très fort émotionnellement et mentalement, et qu’il est coriace lorsqu’il relève lui-même des défis physiques, il lutte aussi contre des angoisses que tous les êtres humains éprouvent, comme la peur et l’anxiété de perdre les personnes qu’on aime. […] Superman redoute de ne pas pouvoir s’intégrer parfaitement à notre société, et de rester un être à part, n’ayant pas accès à toutes les expériences personnelles que les autres humains peuvent vivre.
Le protagoniste n’a pas besoin d’être politisé. Ses décisions dépendent de ses valeurs profondes. Il fonctionne à l’instinct. Impossible de se laisser faire. La mort d’innocents lui est inconcevable. Ne confondons pas sa bonté à la naïveté – même si d’autres personnages l’accusent d’accorder une confiance hors-norme à tout un chacun –. Enfin, sa bienveillance ne provient pas de nulle part. James Gunn l’affirme lors d’une interview pour L’Ecran Fantastique (n°40, 2025).
Il ne faut pas oublier qu’il est un étranger sur notre planète, et qu’il a découvert très tôt le meilleur de la bonté terrienne […] Il n’est ni naïf ni idiot, mais il a choisi une fois pour toutes de considérer les humains avec bienveillance.
Quant à la réalisation, elle me rappelle à quel point j’aime me plonger dans l’univers DC, ou plutôt, dans les bédés aux récits déjantés. Superman pouvait s’illustrer comme un golem, moralisateur et insipide. Heureusement, le film transmet une message sain, la philosophie du surhomme : sauver une vie équivaut à sauver l’humanité.
brunoaleas