Birdman

Si, de nos jours, la cinématographie Hollywoodienne règne en maître, et que les block-busters d’action sont légions, notamment avec les films adaptés de comics, il arrive tout de même de temps en temps qu’un ovni sorte du lot.

Récompensé par 4 Oscars, dont celui du meilleur film et celui du meilleur réalisateur, Birdman d’Alejandro González Iñárritu est le genre de film qu’on ne rencontre qu’une seule fois par génération. Le genre de petite perle qui nous rappelle la beauté du cinéma et qui redonne espoir en la créativité humaine. Enfin… N’exagérons rien, il a tout de même quelques petits défauts que nous allons passer en revue.

Ce film nous montre la tentative de Riggan Thomson, un acteur has-been (Michael Keaton), autrefois dans le game des super slips au cinéma, de remonter sur scène, en produisant une pièce à Broadway. Il sera aidé de son producteur (Zach Galifianaki), de sa fille (Emma Stone) et de Mike Shiner (Edward Norton), une talentueuse vedette du cinéma, un peu dérangée. Les problèmes que Riggan rencontrera lors de la mise en place de sa pièce, le confronteront aux facettes les plus sombres de son âme, représentée par le Birdman, un de ses anciens rôles qui lui colle à la peau. Mais les pouvoirs que le Birdman déployait durant les tournages n’étaient-ils que des effets spéciaux?

La particularité la plus impressionnante de ce film est sans aucun doute son incroyable technique cinématographique. En effet, le film est présenté en un seul plan séquence! La caméra, extrêmement mobile, passe d’un personnage à l’autre et fait progresser le film sans jamais s’arrêter. La prouesse vient aussi des impressionnants panoramas qu’elle peut nous offrir en décollant tout à coup, en traversant les décors,… C’est comme si le film nous était présenté à travers l’œil omniscient du réalisateur, qui possède un pouvoir total sur son univers, et qui nous dévoile les aspects les plus intimes de la vie de ses personnages.

La musique fait aussi, en grande partie, l’originalité et l’identité du film. On pourrait d’abord être surpris, pour un film à la conception si étriquée, qu’elle n’aie pour bande son qu’une petite batterie de jazz, qui n’apparaît qu’à des moments opportuns, pour ponctuer l’action. Néanmoins, il y a une bonne raison à ce choix. C’était un moyen pour le réalisateur de connecter les émotions du public directement avec la musique. Cette petite batterie se présente presque comme les battements de cœur de l’œuvre, avec lesquels on ne peut que s’accorder. Cet effet est d’autant plus efficace puisque le musicien responsable de ces percussions les a totalement improvisées: on l’a simplement mis devant le film fini et on lui a demandé de retransmettre toutes les émotions qu’il ressentait dans sa musique. Cela donne naissance à une œuvre tout à fait unique, originale et émotionnellement efficace. On pourrait tout de même reprocher la sensation de répétition qui intervient vers la fin du film. Aussi, cela donne au film une atmosphère de théâtre qui pourrait ne pas être appréciée de tout le monde.

Le jeu d’acteur  est très impressionnant. Michael Keaton a sans doute hérité d’un des rôles les plus difficiles jamais écrits et, malgré cela, parvient à nous délivrer une prestation monumentale. En s’aidant de son propre passé, de sa propre carrière, l’acteur a su créer un personnage extrêmement crédible et vivant. Il a du jouer des scènes incroyablement longues, comportant des pages et des pages de dialogues, sans jamais faiblir. Il fait aussi un sacré tour de force, lorsque son personnage doit jouer sur scène: la transition est parfaite, on a une excellente mise en abîme du sujet « acteur ». C’est à se demander comment Redmayne lui a chipé son Oscar alors qu’au final il n’a fait que quelques grimaces sur un fauteuil roulant! (Bon, d’accord, il les faisait bien les grimaces. Mais bon, quand même). Evidemment, Keaton n’est pas le seul qui mérite des louanges, tous les acteurs qui l’accompagnent sont excellents, avec une mention spéciale pour Edward Norton, qui y est comme un poisson dans l’eau.

Enfin, parlons du scénario. Truffé de double sens, de mises en abîmes, de sous-entendus, etc. Le scénario du film est surtout remarquable par sa subtilité. La psychologie du personnage est mise à l’honneur et chaque personnage et très bien développé. Avec une pointe de surréalisme qui surprend, et une fin ouverte, le film reste une expérience onirique pourtant claire et précise. Le scénario est excellent pourtant, j’aurais voulu plus de dialogues percutants et mémorables entre les grands acteurs. C’est en cela que je pense que le scénario reste malgré tout le point faible du film. Il manque d’originalité et d’action. Tout le symbolisme mis à l’œuvre est très bien mais ne rend, au final, pas spécialement service à l’histoire, elle est sous la forme d’un easter egg, pour le spectateur averti.

Au final, le film reste très contemplatif, et seuls les cinéphiles pourront l’apprécier à sa juste valeur sans être avertis auparavant de ses caractéristiques techniques. Le vrai trésor, selon moi, tient dans la prestation de Keaton que je me réjouis de retrouver très prochainement dans Spotlight.

La prochaine fois, on démontera Le Tombeau Des Lucioles.
Préparez-vous à ravaler vos larmes de fillettes!

Cymophan

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