BadBadNotGood en place publique

Encore un article engagé ?! Soyons francs. Nous vivons un moment historique qui sera conté dans les manuels scolaires. Les mesures sanitaires dictent l’avenir de nos sociétés. Il est presque impossible d’éviter le sujet à un diner de famille, en terrasse ou face à son médecin.
Il y a quelques semaines, BadBadNotGood dévoile « Signal from the Noise ». Je n’ai effectué aucune recherche quant à ce que souhaite partager la bande comme message. De cet article résulte mon humble interprétation. La vidéo semble refléter les changements de notre quotidien.

Duncan Loudon filme un homme qui s’attache un casque à la tête. Serait-ce la figure de l’artiste drogué par sa propre musique ? Qui sait ? En tout cas, il trace à la craie son espace de jeu, situé sur une place publique. L’individu est quasiment incompris par la société. Ensuite, un policier intervient pour l’interrompre et l’éloigner. Notre protagoniste ne dit pas son dernier mot et continue d’exercer son art.

Le clip est sûrement la meilleure métaphore des derniers évènements européens. Des Gilets Jaunes violentés par les forces de l’ordre. Des mesures sanitaires empêchant tout un chacun de vivre. Des politiciens qui ne donnent jamais la parole aux citoyens, vu que le referendum est un concept inimaginable en Belgique. En d’autres mots, le clip expose le manque de contacts, l’invisible communication. J’ai l’impression que le cinéaste met en image un grand malaise. Celui-même ressenti par moult artistes, séparés de leur public. Ces séquences amènent également à une autre problématique.

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L’épidémie a été l’accélérateur d’une organisation policière du monde qui était déjà en germe. Le fait que tout se passe à distance, le télétravail, le télé-enseignement : tout cela est homogène avec la vision du monde des puissances dominantes.
Je ne crois pas que cela constitue un contrôle absolu de nos vies par l’informatique. C’est plutôt un monde où les rapports sociaux n’impliquent plus le partage d’un même espace. Or, la politique nécessite des rencontres entre des gens qui vivent dans des espaces et visibilités séparés. L’utopie dominante n’est pas tant le contrôle que le fait que chacun soit bien à sa place : l’enseignant, l’élève, et ainsi de suite
. -Le philosophe Jacques Rancière (Les Inrocks, n°1316)

Que ce soit à travers des spectacles, ou bien même sur les bancs d’écoles, des professions rendent les interactions indispensables. Le journalisme pratiqué sur Teams est une vaste blague. Des leçons données par mail ne riment à rien. L’être humain a besoin de partager son humanité.
En outre, si l’on ne remet plus en question notre système en place publique, autant laisser nos dirigeants foncer dans le mur. Il n’est jamais trop tard pour réfléchir sur ces questions… les images de « Signal from the Noise » parlent d’elles-mêmes.

Non à une société où l’on a besoin d’un ticket pour assister à un concert. Non à une réalité dans laquelle le droit de manifester est bafoué. Ne plus exister dans un lieu commun relève de la dystopie. Même si nos causes sont vides de sens, nos expressions artistiques illustrent souvent nos convictions et notre couleur politique… parfois, cela vaut tout l’or du monde.

Mon conseil ? Il n’y a pas de bonne façon de faire quoi que ce soit.Duncan Loudon

DRAMA – Photos ©Duncan Loudon

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