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L’exil tribal de Saint Mesa

Imaginez-vous prêts à vous battre. Imaginez-vous au bord de la falaise, sans aucune possibilité de faire demi-tour. Imaginez-vous dans un monde aussi dark qu’un film DC. Que vous soyez un guerrier, un gladiateur, un vampire, un pirate, un héros intergalactique… Peu importe l’univers qui vous branche le plus. Imaginez l’envie de vous battre, le refus de courber le dos, le regard fixé sur l’horizon, les poings serrés. Maintenant, ajoutez à votre scène une musique épique.

J’avoue n’en avoir rien à faire de ce qui vous est passé à l’esprit. Une et une seule sensation importe ! Une musique épique qui donne la chair de poule et qui fait frissonner. La même qui parvient à nous convaincre qu’on peut accomplir n’importe quoi. Le secret de cette musique, Saint Mesa (Danny McCook pour les intimes) l’a percé. Continuer la lecture

La chanson la plus actuelle de Lennon

8 décembre 1980. John Lennon est froidement abattu en pleine rue par un homme dont on ne citera pas le nom (qu’on l’oublie). 10 ans avant cette tragédie, une chanson aux paroles percutantes apparaît sur Plastic Ono Band. « Isolation » reflète la vulnérabilité d’un artiste post-Beatles, aux côtés de Yoko Ono, engagé et porté par des combats idéologiques prônant la paix.

I don’t expect you, to understand
After you caused so much pain
But then again, you’re not to blame
You’re just a human, a victim of the insane

Certes, via ces vers, John Lennon communique sa peine. Néanmoins, il ne blâme pas ceux qui l’attristent. Nous participons tous à l’irrationalité mondiale. Nous sommes victimes des folies humaines. Une vision qui mérite un débat, mais qui résume toutefois à quel point la vie peut être absurde. Et si cette partie semble trop sombre, le final du morceau amène un vent d’espoir.

We’re afraid of everyone
Afraid of the sun
Isolation
The sun will never disappear

Ce texte, lu aujourd’hui, s’interprète de diverses manières. Lorsque les commerçant ferment boutique et se suicident par après, quand les artistes ne s’expriment plus, ou que les hôpitaux sont surchargés de travail, « Isolation » rappelle un point important. Il y aura toujours de la lumière pour celui/celle qui luttera, en honorant de justes valeurs. Même au sein de la pire société. Même dans le pire cauchemar.

brunoaleas Illustration ©Jolanda Kunst

TOP/FLOP MANGAS 2020

2020 n’était pas une année comme les autres.

Pour les mangas, cette année a vu de nombreuses séries fleurir et prendre de la maturité en dévoilant des pans les plus trépidants de leurs narrations. My Hero Academia, Kingdom, One Punch Man. Autant d’œuvres qui sont en plein milieu de leurs cycles et qui continuent d’améliorer leurs histoires de tomes en tomes. One Piece a repris son panache. Son dessinateur amène petit à petit à une fin grandiose qui sera probablement grandiose.
Mais le plus fascinant des mangas de l’année est peut-être L’Attaque des Titans, dont la fin est désormais imminente. Il nous fait trembler d’excitation à chacun de ses nouveaux chapitres !

Malgré toutes ces sorties exemplaires, nous avons pris la décision d’inclure des nouveautés qui gagneraient à être mieux connues.

Voici le top 5 des meilleurs mangas qui ont été édités sur les terres francophones, en 2020. Il y en a pour tous les goûts. Des nouvelles valeurs sûres : du Shonen Jump aux seinens les plus mystérieux, ces nouvelles éditions sont toutes fraiches et valent toutes le coup d’œil !

En première place : le magistral Chainsaw Man d’un génie indescriptible, Tatsuki Fujimoto. Ce dernier nous avait cloué le bec en 2018, via son déjà culte Fire Punch. On peut toujours compter sur lui afin de détourner tous les codes. L’auteur propose une seconde série à l’histoire jamais vue, pleine d’action et de rigolade.

A part Jujutsu Kaisen, peut être la grande nouveauté shonen de l’année, le reste du top est composé d’œuvres plus mystérieuses et mélancoliques.
Asadora marque le retour du maître Urasawa (Monster, Pluto). Il n’a toujours pas perdu la faculté de nous aspirer dans ses énigmes, à grand coups de personnages profonds et attachants.
Je veux manger ton pancreas n’est pas à ranger dans les cases de l’horreur ou du gore. Le manga est une jolie histoire d’amour adolescente bien rythmée, en seulement deux tomes.
Doppelgänger est bon dernier de la liste. Il s’agit d’un polar façon « retour dans le temps ». Ce thème est beaucoup trop utilisé. Néanmoins, on y retrouve un bon usage du dessin un peu crade pour relever des contrastes intéressants.

Bonus : un flop des sorties à éviter à tout prix !!! –Pierre Reynders

TOP 5

  1. Chainsaw Man – Tatsuki Fujimoto

  2. Asadora – Naoki Urasawa

  3. Je veux manger ton pancréas – Yoru Sumino

  4. Jujutsu Kaisen – Gege Akutami

  5. Doppelgänger – Vanessa Chihiro Tamaki

FLOP 3

  1. Shibuya Hell – Aoi Hiroumi

  2. Black Shadow – Takuya Nakao

  3. 5 Minutes Forward – Hiroshi Fukuda

Illustration ©Antoine Wathelet

Pintglass, Strangled : un split qui fait mal !

D’un côté, il y a les gars de Pintglass, de la bourgade de Guildford en Angleterre. Ils nous jouent du beatdown riche en alcool (« 2 sugars not 1 or Stella », slogan du groupe) et en bagarre. Ils avaient déjà marqué les esprits avec leur premier EP, The Way of the Geezas (2019), déjà une pure merveille et surtout très prometteur. Puis, de l’autre, Strangled, venu tout droit d’Oklahoma (USA) avec un EP éponyme paru la même année que leurs camarades britanniques. Les Américains nous offrent un mélange de deathcore et de slam avec des passages rapides. Ils alternent avec du lourd, du technique et surtout beaucoup d’agressivité.

Si ces deux groupes nous ont envoyé du lourd en 2019 avec leur premier EP s’imposant dans la scène beatdown/slam, on n’ose pas imaginer ce que ce serait une collaboration entre les deux formations !

Eh bien… ce jour est enfin arrivé ! À travers un split intitulé Geezas Worldwide sorti pendant cette belle année 2020, on retrouve les deux groupes en forme. Prêts à déclencher une bagarre via la haine résultant de ce petit bijou. Continuer la lecture

MEILLEURES SERIES 2020

2020, c’est la bancale, mais charmante, histoire de The Eddy. Un retour assez décevant de La Casa de Papel. Ou une saison 2 moyennement appréciée de Brassic. Quant à The Umbrella Academy, elle revient avec des protagonistes toujours plus développés et charismatiques !

C’est également les adieux exprimés à moult séries. Mon abandon de la dixième saison de Walking Dead, au scénario pathétique à souhait. Un au revoir rattrapé par rapport au chef d’œuvre nommé Mr. Robot (2015-2019). L’arrivée et départ de Unorthodox. L’annulation de I Am Not Okay With This

Puis, un ultime rendez-vous avec la dernière saison de Dark. Ce délire allemand complète trois volets maîtrisés de bout en bout. Sans compter qu’il illustre la science-fiction dans ce qu’elle a de plus fascinant à offrir.

Cette année clôt bel et bien un chapitre du petit écran. De formidables idées visuelles quittent nos yeux de spectateurs. DRAMA

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Romy : le cinéma belge du futur ?

La Belgique a aussi son cinéma.

États-Unis, France, Japon, Corée… Partout, les salles sont remplies de films étrangers. Ce n’est pas une mauvaise chose. Les idées du monde circulent, les pépites d’ailleurs se partagent, et l’échange s’enrichit.

Mais une fois n’est pas coutume, penchons-nous sur le cinéma belge. Voyons quelles œuvres du septième art se trouvent sur les seuils de nos portes. Récemment, une partie de notre rédaction à eu l’occasion de se rendre au festival des Enfants terribles, à Huy. Là, une sélection de courts-métrages, en partie belges, étaient présentés.

L’un d’eux, Romy, a attiré notre attention. Car ce film de 19 minutes, réalisé par Marie Mc Court et Ilya Jacob, sonne comme une véritable catastrophe.

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Quatre jeunes filles rentrent dans un hôtel un soir d’hiver et négocient une chambre. Après cette petite victoire, le groupe fait rentrer en douce d’autres personnes. Une fête commence et se décline vite en une grande orgie qui durera toute la nuit.

Tout d’abord, ce serait mentir de désavouer la beauté de l’image. Comme souvent dans ce genre de projet, la réalisation et la photographie sont très abouties.

Romy est techniquement très réussi. Mais son scénario est effroyable. C’est simple, il ne se passe pratiquement rien pendant toute la durée du film.

Au diable la structure narrative, acquise presque universellement depuis l’Antiquité ! Ce récit-là ne va nulle part. La situation du début est la même que celle de la fin. Aucun rebondissement. Ni surprise, ni risque. Nulle décision importante. L’intrigue est si plate que le visionnage de Romy n’est finalement qu’une longue attente vers la fin. On s’y ennuie comme dans un ascenseur, à regarder distraitement les alentours, sans que rien ne semble avoir l’intention de susciter quelques émotions.

Les personnages sont relativement nombreux. Mais leur nombre aurait pu être de trois, de vingt, ou de mille, la donne aurait été strictement la même. Aucun d’eux, ou presque, n’a de personnalité propre. Ils sont des coquilles vides voyageant dans l’histoire sans aucune transformation. Ne prenant aucune décision importante, ils se laissent simplement porter par le flot lent du récit comme une barque vide sur une mer calme. Ennuyeux à mourir.

Alors, on est en droit de se questionner. Comment raconter une bonne histoire ? Des centaines de pages sont écrites chaque année sur la théorie scénaristique. Des règles innées existent depuis la nuit des temps, écrites dans le seul but de prodiguer un certain dynamisme aux récits. Mais Romy se croit au-dessus de tout cela.

On dit qu’accompli est l’artiste qui brise les règles. Mais encore faut-il en construire des nouvelles, garder une certaine structure, un certain but, un objectif. Romy ne fait, a priori, rien de tout cela.

Quelle est l’intention du court métrage ? Quel est le but de son existence ? Puisque la seule chose qu’il montre, finalement, est une orgie à moitié assumée au sein d’un groupe de jeunes, on peut imaginer que son intention est de parler de sexualité. Il s’agit là d’un thème riche qui peut donner source à de bonnes histoires.

Mais il ne suffit pas de filmer un paquet de macaronis sur fond blanc pendant vingt minutes pour parler de macaronis. Il faut voir plus loin que ça. Où est le point de vue moral ? Le sexe est-il une bonne chose ? Ou pas ? Ou dans certaines conditions ? Mais Romy ne répond à aucune de ces questions. Le film se contente de voguer sans but vers l’inconnu. Il illustre sans rien orienter.

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On pourrait rétorquer que le simple fait de montrer des relations sexuelles de manière aussi libérée est en soi une morale. Le sexe est si libre qu’il n’y a même plus besoin d’un récit pour l’enchaîner. Et cette réflexion prend sens. Nous irons même plus loin. Il existe un genre cinématographique entièrement dédié à ce genre de récits : la pornographie.

La pornographie n’est pas une mauvaise chose en soi. Son intention est même louable puisqu’elle a comme but de satisfaire un besoin primaire. Là où les autres catégories de films se contentent de chercher dans les besoins plus abstraits. De plus, elle a comme avantage l’absence consentie de véritable structure narrative, puisque son but peut être atteint avec une unique action narrative précise.

Mais quelle émotion notre film veut-il stimuler ? L’excitation ? Non. Sinon le film aurait été entièrement pornographique, ou au moins centré davantage sur la volonté d’exciter, ce qui ne semble pas être le cas. Or, Romy ne semble vouloir initier aucune autre forme d’émotion. Et un film de fiction qui ne suscite aucune émotion, ça ne sert à rien. Autant regarder un mur.

Mais peut-être que l’intention de ce film dépasse l’esprit de notre rédaction. Peut-être n’est-elle perceptible que par l’élite de l’élite des cinéphiles, ou par une tranche particulière de la population. Pardonnez cette critique si ses lignes sont écrites sous l’impulsion de la colère. Cette ire découle peut-être de la frustration de ne pas comprendre le sens du récit.

Romy a été réalisé par deux étudiantes d’une célèbre école de cinéma belge. Celles-ci sortent à priori de quatre ans au moins de formation liée à la réalisation cinématographique. Il a été accepté dans de nombreux festivals à travers toute l’Europe et ses auteurs continuent de produire des films récompensés. On pourrait donc comprendre Romy comme un contenu belge typiquement apprécié par les sphères cinéphiles du pays. D’autres seraient tentés de l’imiter, et nous aurions ici un aperçu de ce à quoi ressemble le court-métrage belge de 2020.

Une question se pose donc. Intentions ou pas, voulons-nous des films comme Romy pour représenter le cinéma belge dans les prochaines années ?

Lou – Illustrations ©Romy

Un pays qui se tient sage

Un pays qui se tient sage est un documentaire d’une heure trente. Il revient sur les violences entre policiers et manifestants en France, entre novembre 2018 et février 2020, et il vaut assurément le détour.

D’abord, même si nous avons vu certains de ces extraits lors de JT ou sur les réseaux sociaux, vivre ces images réelles de violences, d’explosions, de cris, de pleurs, de façon compilée et dans les conditions visuelles et sonores d’une salle de cinéma est une expérience puissante.

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Bring Me The Horizon / Mr. Bungle

Bring Me The Horizon – POST HUMAN : SURVIVAL HORROR

Il m’aura fallu quelques albums pour commencer à éviter Bring Me The Horizon. Pourtant, le premier morceau POST HUMAN : SURVIVAL HORROR ouvre le bal de façon efficacePuis arrive la suite de l’album, devenant presque un exercice foireux où tout devient dispensable. L’electro ringarde et l’ambiance geek pour minettes font office de fan service pour les quelques auditeurs qui apprécient l’évolution adoucissante de la bande.

Quant à la composition de « Teardrops », elle fait pitié. Peut-être qu’en 2003, le titre aurait fait fureur… sauf qu’on est en 2020 et qu’il sonne tel un ersatz d’une chanson de Linkin Park ! Seulement 3 morceaux retiennent l’attention : Parasite Eve, Ludens et Dear Diary,.

Ce n’est pas le message écolo ++ de l’opus qui sauve les pots cassés. Les artistes n’arrêtent pas de nous le rabattre ces derniers temps (de Pearl Jam à Foals). Certes, les propos de la bande peuvent amener à des réflexions pertinentes. Néanmoins, les parties instrumentales n’enrichissent pas du tout les paroles.
Le projet débute comme étant trop lisse et bien plat. A se demander si la magie de 
Sempiternal (2013) sera de nouveau possible à capter…

Mr. Bungle – The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo

Heureusement que Mike Patton existe encore sur la scène. Chaque année, il apporte son grain de folie dans l’industrie musicale.
Un casting 5 étoiles l’accompagne cette fois, afin d’enregistrer à nouveau les premiers morceaux de Mr. Bungle. De quoi saliver en voyant jouer Dave Lombardo (premier et ex-batteur de Slayer) et Scott Ian (guitariste chez Anthrax).

Le but de la manœuvre ? Retrouver la force artistique et juvénile des débuts. 34 ans plus tard, l’exercice n’est point facile. La bande s’en sort tout de même via 11 morceaux, dont 2 reprises, « Loss of Words » et « Hypocrites / Habla Español O Muere ». D’ailleurs, dans cette dernière, on retrouve l’humour pattonesque avec une transition qui rend hommage à la cucaracha !
Le groupe a la réputation d’allier les genres : de la polka au funk metal (écoutez 
Mr. Bungle datant de 1991).

A travers ces vieux titres mis au goût du jour, ne vous attendez pas à la délirante versalité de Mr. Bungle. On a droit à du pur thrash metal. Ca rentre dans le lard comme papa dans maman. The Raging Wrath of the Easter Bunny Demo illustre un Mikey toujours en forme. Encore aujourd’hui, ses performances vocales demeurent impressionnantes.

I won’t give in till I’m dead
Try to change my hates to my likes
I will never wear make up or spikes -« Anarchy Up Your Anus »

L’artiste a décidément trouvé sa fontaine de jouvence.

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