Tous les articles par Drama

LA DURE A CUIRE #126

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Monteceneri

Qui sont les groupes les plus intéressants en Italie, actuellement ? Comptons Verdena, Messa, Gomma, Selva Oscura, Le Pietre dei Giganti, et maintenant, le très planant Monteceneri.

Lucio Corsi

Un article est en préparation. A quel sujet ? L’univers de Lucio Corsi. L’angle est précis. L’angle est accrocheur ! Stay tuned, brothers and sisters.

Waxahatchee

Je n’aime pas la musique country. Puis, apparaît Waxatchee et ses nombreuses facettes.

Chat Pile

En termes d’histoire américaine, l’Oklahoma s’impose comme le pire endroit de taré pour naître, habiter… penser le politique ou le reste. Et ça rejaillit sur notre musique, qui hérite de notre choix de rester vivre dans cet endroit complètement tordu.

Chat Pile dans New Noise n°73

brunoaleas

Bigflo & Oli toujours aussi frais

Bigflo et Oli. Aujourd’hui, qui est si frais ? Les frères se complètent souvent pour décoller de mots en mots. « Mexico en janvier », écrit dans une chambre d’hôtel, clipé le lendemain, illustre leur facilité à surfer sur une prod spécifique.
Nous avons l’incroyable chance d’avoir l’avis d’un expert rap. Selon BazZz, il s’agit d’une prod Détroit. Cette instrumentale se caractérise par ses 808 en triolet, une unité rythmique utilisée pour insérer 3 notes dans un intervalle normalement occupé par 2 notes. Elle prend racine au Michigan. Voici un exemple.

Leurs paroles méritent aussi de l’attention. L’importance de rêver, l’authenticité, les pathétiques moralisateurs, la sainte admiration à l’égard d’autres artistes. Les artistes abordent ces thèmes avec simplicité et justesse.

Etonnamment, nous sommes plus optimistes dans la vie que dans nos paroles. Nos textes résonnent comme une alarme. L’écriture répond souvent à une urgence. Pourtant, nous plaçons beaucoup d’espoir en l’avenir et croyons très fort en la jeunesse.

Biglo à Paris Match

Même si la citation de Bigflo annonce l’inverse, je ressens vraiment leur optimisme. Comment ? Pourquoi ? Il suffit d’écouter leurs sons. « Mexico en janvier » affiche le duo totalement à l’aise, prononçant la langue espagnole, tranquillement. Ils font plaiz au peuple, en déclarant leur amour du rap, en honorant leur origine. Comment ne pas danser de la tête ?
Bref, avouons une observation de plus en plus vraie. Quand Booba demeure inintéressant, quand Damso devient trop cru et plat, Bigflo & Oli débarquent pour détrôner les darons du rap.

brunoaleas – Photo ©Universal

LA DURE A CUIRE #125

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Edges

Le boss est de retour ! Guillaume Vierset partage un second album, Morning Mr. Protocol. Ecouter ses nouveaux morceaux, c’est se trémousser sans hésitation. Bref, ça swing. Comme si, cette fois, le guitariste préférait danser au lieu d’annoncer la fin du monde.
Puis, dans les stades de foot, comme pour les politiciens, les saluts nazis deviennent monnaie courante… autant défoncer les protocoles avec style.

Moussa

Je découvre Moussa sur scène, en 2018. A l’Ancienne Belgique, il fait la première partie des poètes nommés Odezenne. Il honore déjà les luthiers, en jouant de la guitare, en solo, confiant. Aujourd’hui, il offre son plein potentiel rien que pour nos oreilles !

Logiciel

Hymne psychédélique, voici ce qu’on lit dans description de Géographie, label de Logiciel. Impossible de nier tant de créativité !

Paolo Benvegnù

Hommage à Paolo Benvegnù (1965-2024).

brunoaleas

LA DURE A CUIRE #124

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Edgar Déception

Ecouter les sorties de Flippin’ Freaks amène à une satisfaction. Du grunge assumé des TH da Freak au rock ultra gras d’Opinion ! Les belles mélodies à savourer au petit matin ne sont pas à nier. Elles captent l’attention. Edgar Déception répond à l’appel. Le monde est aussi douceur.

Djo

Pourquoi regarder Stranger Things, quand on peut écouter de la bonne musique ?! Joseph Keery est bien plus qu’un acteur. J’attends son nouvel album, The Crux, avec impatience.

Stonks

Quatuor belge, Stonks chante et joue avec nonchalance. Pas n’importe laquelle ! Leur attitude offre une ambiance à la fois planante et remplie d’une obscure énergie. A suivre de près !

Spill Tab

Spill Tab se penche sur une chanson aux paroles universelles, à la composition intelligente. Une idée qui torture, c’est une instru qui sature.

brunoaleas

Lennon, le visionnaire

Par le passé, je décris la chanson la plus actuelle de John Lennon. L’individualisme est la ruine de tout un chacun. C’est pourquoi, les paroles de « Isolation » demeurent, encore aujourd’hui, un vrai miroir de notre époque. Cependant, les mots ne sont pas assez forts pour qualifier Lennon. Nous avons affaire à un visionnaire.

1971. Un disque légendaire est dans les bacs ! Imagine présente un artiste confiant et fédérateur. Contextualisons. Plastic Ono Band, le premier album solo de John Lennon, enterre son passé. Les Beatles ne sont plus qu’un chapitre de sa vie. Il tourne la page et se lance vers une carrière artistique, parfois synonyme de sensibilisation des foules.

Quant à Imagine, il affiche l’offensif « Gimme Some Truth ». Le texte de la chanson est franc, fascinant, voire universel. De fait, le chanteur abat les sociopathes, ou plus précisément, les foutus politiciens. Il prononce ses attaques à une époque digne d’un nanar sanguinaire. L’humanité suit la guerre du Vietnam. 3,5 millions de jeunes Américains sont envoyés au front, entre 1965 et 1972…

Manifestation contre la guerre du Vietnam, à Washington DC (avril 1971) – ©Leena A. Krohn

On ressent un changement depuis la sortie de « Gimme Some Truth » ? Nos sociétés vivent en paix ? Les uns se félicitaient d’avoir créé l’Union européenne, de posséder l’arme nucléaire pour contrer les guerres. Les autres devinrent défaitistes.
Au Vieux Continent, le fascisme revient à la mode. Aux USA, la déraison règne dans les sphères politico-médiatiques. Alors, je peux citer Noam Chomsky, Roberto Saviano, Hannah Arendt. Ils préviennent du danger. Mais à quoi bon évoquer les intellectuels à chaque article ?

John Lennon avait vu juste. Tout ce que nous voulons, c’est la vérité.

Stop à la course à l’armement. Les dépenses militaires mondiales battent un record en 2023, en atteignant 2443 milliards de dollars, soit 6,8 % de plus que l’année précédente. Stop aux eurodéputés corrompus par le Qatar et le Maroc. Stop aux présidents laissant la police brutaliser des manifestants. En France, 5 ans après le mouvement des Gilets Jaunes, on compte 23 éborgnés et zéro condamnation.

 I’m sick and tired of hearing things

Moi aussi, John… heureusement, ta musique conscientise un maximum. Je ne sais pas si elle sauvera le monde, mais elle sauvera le mien.

brunoaleas

PopKatari Interview

Hadrien Panelli manœuvre PopKatari. Ce collectif liégeois organise des concerts. Par le passé, Hadrien invite plusieurs fois Je Crie C’est La Musique à ses évènements géniaux et improbables. Cette semaine, on fête les 15 ans de PopKatari ! Questionnons la personnalité qui fit directement confiance à JCCLM.

Tu gères en partie PopKatari depuis ses débuts. Quelle est ta plus grande fierté ?

Je voudrais rappeler que pour moi l’organisation de concert est avant tout un plaisir. A partir du moment où tu fais les choses par passion, tout est plus simple. Il n’y a pas vraiment d’orgueil ici, mais plutôt de la satisfaction. Pour répondre à ta question, je dirais : le fait d’avoir organisé des concerts pour des centaines de groupes qui ne seraient peut-être pas venus jouer à Liège, si PopKatari n’avait pas existé. Citons Sumac, Protomartyr, Pile, Dilly Dally, Mike Krol, Sannhet, Birds in Row, Glassing, Portrayal of Guilt, Mannequin Pussy, etc.

Certains festivals, comme les Ardentes ou Werchter, vendent des tickets à des prix exorbitants. Il faudrait plus de collectifs comme PopKatari, proposant des concerts à un prix raisonnable.

Bien sûr, j’espère que d’autres collectifs verront le jour car d’autres ont cessé leurs activités ou ont levé le pied. La Zone, le KulturA. et le Hangar offrent de très bonnes conditions d’accueil pour les collectifs, il faut faire vivre ces lieux. Ce serait super que des jeunes puissent proposer davantage de soirées et concerts car pour le moment ce sont essentiellement des gens de plus de 35 ans qui programment les concerts dans ces salles.
Malheureusement, comme dans beaucoup de secteurs, il faut du temps pour te faire ta place et comprendre comment les choses fonctionnent. Si je pouvais aller dans les écoles donner des formations sur l’organisation de concerts en mode bénévole, je le ferais. Dès que je rencontre des jeunes qui s’intéressent à l’évènementiel, je leur partage humblement des tuyaux pour qu’ils puissent être en confiance et se lancer.

Quand on organise des concerts, quand on invite des groupes parfois méconnus, quelle technique fonctionne le plus pour ramener le plus de monde aux concerts ?

Il n’y a pas de technique miracle, mais combiner des groupes locaux avec une tête d’affiche étrangère qui fait sa première tournée peut aider à attirer les Liégeois. On croise toujours les doigts pour que le public découvre les groupes de la programmation PopKatari avant la date. Ce qui arrive souvent, c’est que les groupes deviennent plus connus après leur passage à Liège. On attire, en moyenne, 40 personnes par concert. Ce n’est pas exceptionnel.
Je suis persuadé qu’avec nos affiches, il y a 30 ans, on aurait attiré trois, quatre fois plus de public. Notre présence sur internet est assez discrète, mais je n’ai pas le temps ni les moyens de pousser plus…

Ce 15 mars, on fêtera les 15 ans de PopKatari, au Reflekor. A l’affiche : Peuk, Cere, Creve Cœur, Kocaze et Bleeds. Ces groupes ne jouent pas dans les mêmes registres. La scène franco-belge n’a jamais été aussi inspirante ?

Il y a toujours eu de super groupes en Belgique et en France, mais aujourd’hui, tout le monde peut enregistrer un album avec peu de moyens donc tu as encore plus de groupes qui se créent. Il suffit de regarder le nombre incroyable de sorties sur Bandcamp, chaque semaine. C’est difficile de suivre. La particularité de la soirée du 15 mars, c’est que chaque groupe a déjà joué à une soirée PopKatari. Il y a des copains, voire des amis proches, dans chaque projet. J’avais envie de réunir des musiciens qui comptent pour nous.
Bleeds, c’est le projet électro de mon meilleur ami Victor. On va d’ailleurs clôturer la soirée ensemble. Je jouerai de la batterie sur la fin de son set. Kocaze, c’est le projet dark folk d’Oli (Räum, Down to Dust) avec sa copine. Oli est un ami avec qui je joue depuis plus de 10 ans. Il a rendu de précieux services à PopKatari, notamment en s’occupant de sonoriser et mixer des tas de concerts. Cere est un groupe qui compte aussi. On connaît bien chaque membre. Ils sont super importants pour la scène locale : Pierre (All Caps, Mont-Doré), Thierry (Daggers) et David (Landrose). Creve Cœur, c’est un nouveau groupe de Paris qui sonne comme Metz avec du chant en français. Ils ont déjà joué à La Zone, en 2023. Leur bassiste, Boris, est un bon pote. Il joue aussi dans Parlor. Et enfin, notre tête d’affiche, c’est Peuk. Ce groupe est hyper attachant. Nele Janssen est une des meilleures chanteuse/guitariste de Belgique. Elle a une voix qui rappelle celle de Kim Gordon. Pour les nostalgiques des 90’s, le concert de Peuk est un must. En Flandre, le groupe est plus connu qu’en Wallonie. Ils ont déjà joué au Pukkelpop et à Werchter. On espère donc qu’il y aura du monde le 15 mars, au Reflektor. 

Interview organisée par brunoaleas – Photos ©Mattias Devroye

Sing Sing

Un journaliste héroïque partage ces mots. Roberto Saviano écrit cette réflexion dans son livre, Crie-le ! 30 portraits pour un monde engagé (2023). Quel est le rapport entre l’extrait et Sing Sing, un film qui nous propulse dans une prison américaine ? Centrons-nous d’abord sur son histoire. Elle se focalise sur des détenus. Ils forment une troupe de théâtre déterminée à jouer pour s’évader d’un morne quotidien.

Tout le monde sait que l’art mène à l’évasion (la carte décrite par Saviano), mais personne ne certifie que les artistes vivront un réel changement de personnalité (la carte ne prévoit pas les aléas). Une personne violente et insupportable ne deviendra pas attentionnée et apaisée, juste après sa première répétition d’une pièce. Les artistes ne sont pas des politiciens. Ils ne promettent pas monts et merveilles après avoir conçu un spectacle inédit, une chanson inoubliable ou un poème bouleversant. Sing Sing rappelle à quel point les pratiques artistiques sont salvatrices certes, mais font de nous, des êtres imprévisibles.

Le long métrage de Greg Kwedar dépeint des personnages fascinants. Divine G attire l’attention. Il se consacre à l’atelier théâtre réservé aux détenus. Il est certainement le protagoniste le plus intéressant. Accusé injustement de crime, il ne se démoralise pas. Les spectateurs croient avoir affaire à un dur à cuire, néanmoins, de mauvaises nouvelles provoquent sa déprime. Ni le théâtre, ni ses amis, ne pourront l’extirper de sa rage… jusqu’au moment où l’un des personnages dialogue avec lui !

Colman Domingo incarne brillamment Divine G. Dans le magazine Premiere (n°559, 2025), l’acteur définit la véritable puissance du script. Les détenus utilisent l’art pour guérir, pour retrouver la tendresse et la vulnérabilité qu’il y a en eux.

Dès lors, transmettons un message. A chaque passionné des arts, découvrez Sing Sing. Il n’est jamais trop tard pour contempler les sensations qui sauvent une vie.

brunoaleas

Mulholland Drive

Mulholland Drive (2001), réalisé par David Lynch, est un thriller onirique et énigmatique qui mêle rêve et réalité à travers une narration fragmentée.

L’histoire suit Betty Elms (Naomi Watts), une jeune actrice naïve et optimiste qui arrive à Hollywood dans l’espoir de faire carrière. Elle s’installe dans l’appartement de sa tante et y découvre une femme amnésique, Rita (Laura Harring), qui a survécu à un accident de voiture sur Mulholland Drive. Ensemble, elles tentent de percer le mystère de l’identité de Rita, en trouvant un sac rempli d’argent et une mystérieuse clé bleue.

L’une des théories les plus populaires sur Mulholland Drive est celle selon laquelle la première partie du film (environ les deux premiers tiers) représente un rêve idéalisé, tandis que la dernière partie dévoile la cruelle réalité. Cette lecture repose sur des indices visuels et narratifs disséminés par David Lynch.

Hollywood idéalisé

La majeure partie du film se focalise sur Betty Elms, une jeune actrice fraîchement débarquée à Los Angeles, pleine d’optimisme et de talent. Elle rencontre Rita, une mystérieuse femme amnésique, et ensemble, elles partent en quête d’identité dans une version idéalisée d’Hollywood. Cette section du film présente un monde où Betty est talentueuse, bienveillante et promise à un brillant avenir, tandis que Rita est dépendante d’elle. Même les obstacles, comme les menaces contre le réalisateur Adam Kesher, semblent irréels et stylisés.

Le basculement dans la réalité

Le moment charnière du film survient lorsque Rita et Betty trouvent une boîte bleue et l’ouvrent. Cela agit comme une transition brutale : Betty disparaît, et Rita devient une actrice nommée Camilla Rhodes, tandis que Betty se transforme en Diane Selwyn, une femme dépressive et jalouse. Cette transition marque l’entrée dans la réalité.

Hollywood réel

Dans cette seconde partie, nous découvrons que Diane Selwyn est une actrice ratée, frustrée et désespérément amoureuse de Camilla, qui la délaisse pour un réalisateur, Adam Kesher (Justin Theroux). Rongée par la jalousie, Diane engage un tueur à gages pour éliminer Camilla. La culpabilité et le remords la conduisent à la paranoïa et au suicide.

Choix et conséquence

Désormais, mon analyse se concentre sur les personnages d’Adam Kesher et de Betty Elms. Tout au long du déroulement de la trame narrative, ces deux personnages sont face à des choix difficiles. Pour Adam, le dilemme se pose lorsque celui-ci doit choisir entre accepter l’actrice qu’on lui impose ou choisir sa propre actrice au risque de perdre l’opportunité de réaliser ce film. Acculé par la tromperie de celle qui partage sa vie et par la perte de l’accès à son compte bancaire, Adam décide d’accepter de prendre l’actrice qui lui a été imposée.

Le dilemme de Betty Elms consiste à choisir d’accompagner Rita dans sa quête pour recouvrir sa mémoire ou de passer le casting pour le film qu’Adam réalise. Elle décide finalement de rester aux côtés de son amie au détriment de son rêve hollywoodien.

Ces deux choix soulèvent un questionnement dans mon for intérieur : que ce serait-il passé si Betty avait passé le casting ? Cette question reste ouverte et je m’en remets à vous pour que nous puissions y répondre tous ensemble.

Fortuné Beya Kabala

Docteur Folamour

Stanley Kubrick reçoit son premier appareil photo à 5 ans. L’objet façonnera son destin. Bien plus tard, il travaille dans le magazine Look. Une fois ses photos partagées, il y a de quoi être complotiste. Comme s’il fallait croire à l’hypothèse de son aide pour filmer les pas de Neil Armstrong sur la Lune.

Trêve de plaisanteries ! Pour mesurer le talent du cinéaste, citons une œuvre si comique, si pointue, si folle. Docteur Folamour (1964) est une satire centrée sur la guerre froide. L’artiste prend en dérision, d’une manière très culottée, deux camps opposés. L’ambition est claire.

Nous suivons un général américain, totalement parano, craignant la menace russe. Notre regard se porte également sur une réunion de crise, au Pentagone.
Bien que ce film ait pris visuellement un sacré coup de vieux pensez aux scènes d’intro , les thèmes abordés, eux, sont intemporels. Quand on observe l’illogisme de nos dirigeants mondiaux, on se remémore le Pathétique des situations liées à ce long métrage. 

Les acteurs principaux interprètent leurs rôles de façon exceptionnelle. Ils donnent naissance à une identité unique à chacun des personnages. Mention honorable à Peter Sellers. Il incarne 3 rôles différents, sans oublier ses impros dans la plupart des dialogues !

Le spectateur, lui, vire de la stupéfaction au rire. Il est parfois même entraîné dans une incompréhension totale devant l’absurdité des séquences. Le film fonctionne telle une piqûre de rappel. En 1945, les tragédies de Hiroshima et Nagasaki sont le produit d’une folie prévisible (Los Alamos) et imprévisible (force de frappe démesurée). Cette barbarie vient de la première puissance mondiale, une nation prête à semer le chaos pour nourrir les intérêts de ses politiciens.
Docteur Folamour illustre brillamment les puissants de ce monde. Pire que des enfants de bac à sable, se chamaillant pour rien, considérons-les comme des cas sociaux. Bouchez ou Francken… les caricaturistes ne cherchent pas très loin pour être créatifs.

Revenons à nos moutons. Faut-il rire ou pleurer face à la comédie militaire ?

Bonne chance aux personnes s’empêchant de s’esclaffer. D’ailleurs, il n’a jamais été impossible de rire et réfléchir. Stanley Kubrick réalise un chef-d’œuvre à voir et à revoir en famille, seul ou avec votre général adjudant-chef.

brunoaleas

Magi – The Labyrinth of Magic

Regarde ton ennemi dans les yeux et comprends ceci : toi et lui êtes semblables. Vous souvenez-vous d’une époque où vous saviez avec clarté ce qui était bien et ce qui était mal ? D’une époque où vos choix étaient clairs et limpides ? Une autre question intéressante dont j’adore débattre : combien d’épisodes, de chapitres ou de tomes donnez-vous à un manga avant de décider si vous allez le poursuivre jusqu’au bout ou non ?

Personnellement, il me semble qu’on peut se faire une bonne idée en trois épisodes ou chapitres. Ce laps de temps permet généralement de cerner l’atmosphère et les thèmes abordés. L’aventure est lancée, et il est tout de même rare qu’une œuvre change radicalement en termes de qualité.

Mais il y a bien sûr des exceptions. Je citerai par exemple Mob Psycho 100, qui devient un manga très différent (et bien meilleur, selon moi) à partir du sixième épisode. Et bien sûr, celui de cette critique : Magi : The Labyrinth of Magic.

Nous sommes dans un monde qui rappelle notre Moyen Âge, avec quelques différences notables. Les noms des nations sont légèrement modifiés (Balbad au lieu de Bagdad, l’Empire de Kô au lieu de la Chine, etc.), la magie existe, et surtout, de gigantesques bâtiments peuvent apparaître un peu partout dans le monde : les labyrinthes.

Il est dit que quiconque pénètre dans un labyrinthe et parvient à le conquérir obtiendra le pouvoir de devenir roi. Dans cet univers, nous suivons l’aventure d’Ali Baba, un jeune prince déchu rêvant de conquérir un labyrinthe. Nos yeux sont aussi rivés sur Aladdin, un petit garçon mystérieux portant une étrange flûte magique autour du cou. Une grande amitié naît entre les deux, alors que le destin les propulse au cœur d’un labyrinthe.

Sur 37 tomes, la série connaît le plus grand crescendo que j’aie jamais vu. Les premiers volumes ne paient vraiment pas de mine. On a une petite aventure shōnen avec une esthétique Mille et Une Nuits. Les héros sont un peu agaçants et les enjeux, pas très palpitants. Mais au fil des chapitres, à mesure que les secrets du monde se dévoilent et que nos héros gagnent en maturité, l’œuvre évolue de manière spectaculaire. Tout s’améliore, sans exception. On passe progressivement d’un simple manga d’aventure sympathique à l’un des meilleurs mangas de sa catégorie. Il faut juste persévérer !

Deux aspects rendent Magi absolument unique.

  • Un world-building exceptionnel

Plus l’histoire avance, plus on découvre des nations et personnages issus de cultures variées. Petit à petit, on se retrouve face à un monde foisonnant de détails et de richesse. Certains tomes entiers sont consacrés à raconter l’histoire du monde depuis ses origines, offrant ainsi une profondeur rarement atteinte dans un manga. Seul One Piece peut espérer surpasser Magi sur ce point.

  • Un traitement magistral des antagonistes

Au départ, l’histoire présente des méchants très caricaturaux : des tyrans impitoyables, des cultistes nihilistes… mais grâce à une écriture brillante, la mangaka parvient à développer des motivations extrêmement complexes et fascinantes pour chaque camp. Il n’est pas rare que les héros eux-mêmes remettent en question l’ensemble de leur système de valeurs après une simple discussion avec un adversaire.
Si vous aimez les conflits philosophiques où la force morale a plus de poids que la force physique, alors Magi est une œuvre incontournable.

L’ensemble est sublimé par le trait délicat de la mangaka. Ce ne sont pas les dessins les plus détaillés qui soient, mais ils dégagent une grâce et une fluidité remarquables. Le design efféminé de nombreux personnages apporte une touche originale, et les costumes bénéficient d’un travail soigné. Je tiens aussi à souligner un point surprenant : Magi contient des scènes d’une violence inattendue. Certains événements tragiques sont représentés avec une brutalité saisissante. L’effet de choc est redoutablement efficace.

Magi n’est pas un shōnen comme les autres. Si je l’ai commencé en pensant y trouver un divertissement léger, je l’ai terminé en étant complètement soufflé.

C’est une œuvre qui regorge de passion et d’idées. Elle respecte tant l’intelligence de ses lecteurs qu’il est impossible d’en ressortir inchangé.

Dédicace spéciale à Sindbad, qui est sans doute l’un des personnages les plus charismatiques et badass jamais vus !

Pierre Reynders