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TOP/FLOP ALBUMS 2025

Mon année 2025 a été rythmée par de nombreuses découvertes musicales. Les retours d’artistes qu’on n’avait plus entendus depuis un moment, comme Zara Larsson ou Lady Gaga, ont fait un bien fou et m’ont rappelé pourquoi j’aime autant la pop internationale.

De nouvelles sorties marquantes m’ont également séduite, avec des artistes comme Jade ou le groupe Lambrini Girls, qui ont su apporter fraîcheur et énergie à ma playlist. Cette année, je suis aussi tombée amoureuse de la pop française, féministe, grâce au dernier album de Solann, qui mêle textes engagés et mélodies accrocheuses. C’est clairement mon coup de cœur 2025.

Et côté flop… disons que certains albums très attendus n’ont pas réussi à me surprendre, mais ça fait partie du jeu ! En résumé, 2025 m’a offert une année musicale pleine de surprises et de redécouvertes, et j’ai hâte de voir ce que 2026 nous réserve. Mention honorable pour l’EP de Keo, Siren, en boucle dans ma playlist depuis sa découverte. –Erin Terlier

TOP 5

1|LUX Rosalía

2|That’s Showbiz Baby Jade

3|Who Let The Dogs Out – Lambrini Girls

4|Méga BBL – Théodora

5|Mayhem – Lady Gaga

FLOP 3

1|The Life Of A Showgirl Taylor Swift

2|I Quit Haim

3|Man’s Best Friend – Sabrina Carpenter

Chaque année, il est facile de tomber sur des groupes inventant ou réinventant des univers frais et accrocheurs. 2025 fut assez pauvre. Peu de dingueries musicales en vue.
Tame Impala délaisse le rock pour singer Michael Jackson… Damso, lui, s’exprime via des discours dignes d’une branlette intellectuelle. Quant aux membres de The Mars Volta, leur créativité est morte et enterrée, depuis 2022.

Soufflons. Je ne suis pas pessimiste. D’un côté, je contemple des artistes faussement engagés : Coldplay, Jovanotti, Radiohead. De l’autre, j’admire de belles promesses : Youssef Swatt’s, BadBadNotGood, Greg Puciato, Nicolas Michaux, King Krule, Ben PLG, Médine.

Quel est le rapport entre la qualité d’un album et l’engagement politique de ses musiciens ? J’en ai marre d’être pris pour un débile profond.

On voit la difficulté de Thom Yorke à admettre qu’un génocide est documenté et filmé en Palestine, pfff… Coldplay ne cite pas une fois des peuples opprimés, pour au final, à la place, la bande joue les écolo-bobos du dimanche… Jovanotti est convaincu de ne rien dire d’intelligent, au sujet du massacre à Gaza… je m’arrache les cheveux.

Alors, non, POST HEAVEN, quatrième opus des Jadu Heart, n’est pas un tract communiste ! Il me fait simplement rêver. Alors, oui, parfois il suffit juste de rester cohérent avec sa ligne directrice. Camarade Justin, merci pour cette découverte ! –brunoaleas

TOP 5

1|POST HEAVEN Jadu Heart

2|Sunshine and Balance Beams Pile

3|NEVER ENOUGH – Turnstile

4|Saveur cœur abîmé – Colt

5|DUMB – Flume

FLOP 3

1|Lucro sucio; Los ojos del vacio – The Mars Volta

2|BĒYĀH Damso

3|Deadbeat – Tame Impala

Illustration ©Antoine Wathelet

Publié le 19 décembre 2025

LA DURE A CUIRE #143

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Loons

Elio, Antoine et Axel enrichissent l’univers de Loons, en sortant un premier album ! Ballades, frappes au ventre, énergie à vendre et revendre, Life Is est un disque sonnant comme une fusion entre It It Anita et Birds in Row. Est-ce le fruit du hasard ? Nan. Amaury Sauvé bosse depuis quelques années avec ces groupes. Cette fois, ce producteur façonne Life Is, un nouveau bijou rock, pas loin du nu metal.

Pile

Pile compose le meilleur opus de l’année. Tant mieux. Pourquoi ? 2025 fut giga pauvre. Les albums mémorables ne sont pas nombreux.
Le chanteur Rick Maguire décrit, lors d’une interview avec Mowno, ses principales inspirations. La musique des Talk Talk ou des Drive Like Jehu, stimule sa réflexion, empêche les beaux moments de paraître banals et laisse émerger des tensions dissonantes et singulières.

The Garden

Depuis 2020, The Garden prend un virage crasseux… dans le bon sens du terme ! Un groupe doit se renouveler pour mieux renaitre.
Le duo ne cesse de surprendre. « Ugly » annonce du beau à venir !

Die Spitz

In a field, with a fistful of your flowers
Sky is clear, but I still hear the sound of rain
Talk is cheap, but I’ll keep spending all my money
Talk to me, I wanna hear about your day

brunoaleas

Publié le 15 décembre 2025

TOP/FLOP FILMS 2025

Il est bien difficile pour le cinéma de 2025 de talonner celui de 2024. Il y a deux ans, de très nombreux films de qualité sont sortis en salle et ailleurs, et ce, dans plusieurs genres et communautés. Nous avons eu d’excellents blockbusters, comme Fall Guy, et d’excellents films plus locaux ou expérimentaux comme La nuit se traîne ou Kneecap. A24 nous en a mis plein la vue avec I saw the TV glow, et Ethan Cohen nous faisait sauter de nos fauteuils devant Drive away dolls.

En comparaison, c’est sûr, l’année 2025 est terne, mais cela n’en fait pas une mauvaise année. Même si Bong Joon Ho nous a déçu.e.s avec son tout juste correct Mickey 17, même si Quentin Dupieux et Julia Ducournau, pourtant rarement décevant.e.s dans leur avant-garde, nous ont à peine fait planer avec L’accident de piano et Alpha, les gemmes fleurissent, d’autant plus brillantes.

Le meilleur film de cette année est un film d’animation, gloire à elle. Arco est un film formidable, magnifique et emprunt d’un optimisme dont on avait besoin.

Les Baronnes nous ont fait rire et rendre fièr.e.s de notre industrie culturelle belge.

Aux Etats-Unis de Donald Trump, Superman nous a surpris par sa qualité et son propos anti-impérialiste, comme Zootopie 2 qui cesse de romantiser la police. Étrange que des films tels puissent encore être faits là-bas, et on espère que ça sera encore le cas en 2026.

J’aimerais accorder deux mentions spéciales. La première est pour le court-métrage de science fiction The god man, aussi beau qu’édifiant. La deuxième est pour un documentaire traitant du génocide en Palestine, que je n’ai pas pu me résoudre à aller voir dans une semaine déjà sombre pour mon mental. Je rattraperai ce retard pour La voix de Hind Rajab. –Lou

TOP 10

1|Arco –  Ugo Bienvenu

2|Les Baronnes – Nabil Ben Yadir

3|Superman – James Gunn

4|L’acier a coulé dans nos veines – Thierry Michel

5|Zootopie 2 – Jared Bush et Byron Howard

6|Bugonia Yorgos Lanthimos

7|Sinners – Ryan Coogler

8|I love PeruRaphaël Quenard et Hugo David

9|KPop Demon Hunters –  Maggie Kang et Chris Appelhans 

10|On vous croit Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

PIRE FILM : Alpha – Julia Ducournau

Une impression me hante. Je vois le monde cinématographique bien plus attirant, engagé et pertinent, à des années lumières du secteur musical.
Cette année fut révélatrice. Ma passion pour le cinéma est grandissante. Là où les plateformes de streamings, les labels ou autres musiciens capitalistes me dégoûtent toujours plus, le cinéma fait entrevoir une lueur d’espoir.

Citons des distributeurs aux goûts éclectiques et salvateurs : A24, Diaphana, L’Atelier Distribution, Le Parc Distribution, Aardman. On sent déjà une saine curiosité à découvrir leurs films !
Certes, le secteur ciné doit aussi avoir son lot de problèmes. Sauf qu’il demeure une niche pour les passionnés d’art. Une niche ? Vraiment ? Bien sûr. Il sera plus facile, de trouver des documentaires d’utilité publique, tel que No Other Land, qu’un album 100% engagé, à l’exception de Nicolas Michaux, Godspeed You! Black Emperor, BEASTS, Médine ou d’autres artistes militant pour un monde meilleur.

Oui. Même l’art est une affaire d’argent. Non, il n’est pas impossible de rêver. Superman affiche un héros optimiste. Un bien fou ! Depuis plusieurs années, on imagine des anti-héros sur petit et grand écran. Il est temps de s’évader, d’inventer d’autres imaginaires, où espoir et vie captent notre attention ! Bird et L’Attachement représentent ces thèmes merveilleusement bien, tant leur scénario respectif est admirablement bien écrit.

Concernant A Big Bold Beautiful Journey, sa vision fut si indigeste. La catastrophe est triste. Sur le papier, l’œuvre de Kogonada parait géniale. Musique de Joe Hisaishi et casting en or, Margot Robbie et Colin Farrell en tête d’affiche.
Au final, on obtient un film médiocre. Les dialogues sonnent creux et l’histoire est d’une banalité extrême. Farrell semble tout droit sorti d’une maison de retraite. Quant au thème de la famille, il est soit sacrifié sur l’autel de la magie, soit jeté aux oubliettes.

Heureusement, No Other Land rappelle l’importance de pratiquer le journalisme. Nous avons besoin d’aller vers l’autre pour sauver des vies. –brunoaleas

TOP 10

1|No Other Land –  Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham, Rachel Szor 

2|Superman – James Gunn

3|L’Attachement – Carine Tardieu

4|Bird – Andrea Arnold

5|L’Amour, c’est surcôté – Mourad Winter

6|Sing Sing Greg Kwedar

7|Sinners – Ryan Coogler

8|Une Bataille après l’Autre – Paul Thomas Anderson

9|Black Dog – Guan Hu

10|Elio Madeline Sharafian, Domee Shi et Adrian Molina

PIRE FILM : A Big Bold Beautiful Journey – Kogonada

Illustration ©Antoine Wathelet

Publié le 12 décembre 2025

Une Bataille après l’Autre

Paul Thomas Anderson adapte le livre Vineland. Le cinéaste se concentre sur une proposition intéressante, comme si elle sortait au bon moment, au bon endroit. Une Bataille après l’Autre s’ouvre dans l’Amérique contemporaine. On y suit un groupe d’activistes emmené par Pat, surnommé Rocket Man (Leonardo DiCaprio) et Perfidia Beverly Hills (Teyana Taylor), un couple de révolutionnaires. Ils se dirigent dans un camps de migrants, à la frontière américano-mexicaine. Le but ?  Libérer les détenus. 16 ans plus tard, Pat absorbe plusieurs drogues et partage sa vie avec sa fille Willa (Chase Infiniti), quand le colonel Lockjaw (Sean Penn), son meilleur ennemi, refait surface, à la fois teubé et diabolique.

Je ne considère pas ce film comme un brulot. Ou, plus précisément, le long métrage ne m’apparait pas si subversif. C’est l’histoire d’un père qui recherche sa fille, comme le confirme très bien PTA lors d’une interview chez Première (n°566, octobre 2025).
Du côté des séries, de nombreux titres dénonçaient bien plus les arcanes du pouvoir. Pensons à Mr. Robot ou Inside Job.

Dès lors, pourquoi découvrir ce thriller ?

Il serait réducteur de résumer ce long métrage à un simple thriller. Retenons son aspect grotesque. La majeure partie des protagonistes sont ridicules, drôles, absurdes ! DiCaprio en révolutionnaire du dimanche. Benicio del Toro interprétant un sensei improbable. Chase Infiniti, peinée, mais aussi déterminée à survivre… en robe. Puis, le meilleur du casting, Penn, militaire complément lobotomisé par une idéologie raciste, mais surtout, pathétique. D’ailleurs , son caractère est robotique. Bref, il s’illustre carrément plus timbré que les autres persos.

Donc, résumons. Une Bataille après l’Autre n’est pas un film réalisé par des gauchistes pédants, porté par un cynisme prononcé. Non. Le blockbuster est comparable aux vannes écrites par Haroun. Elle démonte l’extrême droite et l’extrême gauche. Elle affiche une série de personnages caricaturaux.
L’effet est alors mémorable ? Oui ! Les médias et politiciens divisent en permanence. La comédie de PTA est une belle réponse aux chamboulement actuels. Elle reflète la crétinerie de Trump, la prétention de Musk et la disparition d’un communisme fort en Europe. PTA comprend l’absurdité de notre siècle, les pleins pouvoirs offerts aux fachos motivés par le sang et l’argent.

Félicitations Paul ! Tes intentions sont pertinentes. Divertir, puis, réfléchir. L’excellent Docteur Folamour provoque la même sensation. Ton dixième long métrage capture l’air qui se respire… un tournant se passe sous nos yeux, un nouveau chapitre fatal, où les militants ne pourront pas stopper les guerres (Ukraine, Palestine, etc.), sans une aide institutionnelle comme l’ONU.
Les nombreux conflits intérieures (les dégâts du capitalisme) et extérieures (le Moyen-Orient et l’Afrique, toujours plus délaissés et exploités par les Occidentaux) engendreront la haine constante entre les peuples.

Sans doute, PTA serait bon pote avec Antonio Gramsci (1891-1937). Les deux auteurs s’enfileraient des pintes, en débattant de nos croyances. Le dialogue serait incroyable ! Ils s’accorderaient sur un avertissement contre la crédulité. Surtout si on repense à une fameuse citation.

L’erreur de la masse consiste à croire trop et à interroger trop peu.

Antonio Gramsci

brunoaleas

Publié le 10 décembre 2025

No Other Land

En sortant du visionnage de No Other Land, il ne me reste plus que le silence. Les mots ne sont pas d’une grande aide, quand on ne sait ce que l’on souhaite exprimer. 

Ce silence ne m’empêche toutefois pas de ressentir. Ce documentaire a mis mon corps à rude épreuve : mes yeux ne voulaient plus voir, ni mes oreilles entendre. Aucune position ne me semblait confortable. 

Comment est-ce possible ? 

Le pouvoir est dévastateur. Il ravage l’âme et ne laisse que du sang sur les mains. 

Qui croient-ils être pour se permettre de déloger toute cette population ? 

Leur cerveau a dû être retourné. La haine a été attisée, c’est sûr. 

Quand l’autre devient l’ennemi, il n’y a plus rien à gagner, mais bien tout à perdre. 

Je ne veux pas oublier ces images. Je veux en être, de ceux qui espèrent. Je veux m’engager auprès de toutes ces autres étincelles vivantes, qui luttent pour le droit de tout•e un chacun•e à exister, à occuper une place. 

Depuis ma naissance, beaucoup de choses ont été choisies indépendamment de ma volonté et le cours de ma vie n’est pas de mon unique fait. J’ai conscience d’avoir acquis certains privilèges uniquement de par ce que je suis, tout comme d’autres en sont, à contrario, privés, justement de par ce qu’iels sont. 

C’est injuste et le dire, l’écrire, est un nécessaire début. C’est le coup de pédale indispensable à donner, avant d’enchaîner les routes sinueuses du combat citoyen. 

J’aimerais ne pas être seule dans cet engagement. Cela m’importe de pouvoir y embarquer mes ami•es ou, tout du moins, que nos avis convergent et que l’on s’élève réciproquement dans nos réflexions, nos actions. 

Je souhaiterais aussi plus que tout aimer cet•te autre, qui choisira d’être à mes côtés pour vivre pleinement cette aventure, dans tous ses aspects, même les plus intensément dévastateurs. 

Terminons par citer Cyril Dion.

Il s’interroge sur ce qui peut être mis en place pour continuer à espérer. 

L’espoir est constitutif de la nature humaine. La condition humaine consiste à opposer des dynamiques de vie à des dynamiques de mort, en permanence. C’est parce qu’on sait que la vie est courte qu’on fait en sorte que chaque journée soit la plus intense, la plus passionnante possible. Face à des périls comme la montée du fascisme et la dévastation écologique, on n’a pas d’autres choix que d’être dans la même démarche. 
La meilleure façon d’agir, c’est de faire des choses qui nous rendent vivants, qui nous rendent heureux. Mais aussi de revenir dans l’ici et maintenant. Se décharger de l’idée qu’il va falloir sauver le monde, qu’on n’a pas le temps. On fait évidemment tout ce que l’on peut mais, ultimement, les choses ne sont pas dans nos mains à nous.

Constance Somers
Photos ©L’Atelier de Distribution

Publié le 9 décembre 2025

L’histoire de Basel et Yuval

À Gaza, entre le 7 octobre 2023 et le 30 septembre 2025, 67 000 Palestiniens ont été tués. Il ne s’agit pas d’une guerre entre deux nations. Il s’agit d’un nettoyage ethnique causé par un gouvernement terroriste.
Les catastrophes ne datent pas d’hier… le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame l’État d’Israël. Le rêve sioniste devient réalité. Une politique d’immigration juive massive est mise en place. Les hostilités démarrent. Pourquoi ? Des milliers de Palestiniens prennent le chemin de l’exil. Ce traumatisme se nomme Nakba. Traduction : « le désastre ».

77 ans plus tard, le climat est toujours plus terrible. L’extrême droite israélienne détruit des vies. Les Etats-Unis livrent des armes à Tsahal. Et l’Union européenne est sourde, même aveugle.
Quant au système politique de Gaza, il s’est effondré, les principaux dirigeants du Hamas étant tués, arrêtés ou mis sur la touche. L’Autorité palestinienne reste absente et aucun organisme crédible n’existe pour représenter plus de 2 millions de civils déplacés.

Comment garder espoir ? Yuval Abraham est journaliste d’investigation. L’Israélien co-réalise No Other Land. Ce documentaire rend hommage à la résilience de la population palestinienne. Yuval suit Basel Adra, un jeune activiste en Cisjordanie. Ce Palestinien filme l’expulsion de sa communauté par l’occupation israélienne. Devant ses yeux, des villages détruits et ses habitants chassés. Yuval le soutient dans ses démarches. Il accompagne alors Basel dans sa lutte contre le colonialisme. Voici donc l’illustration d’une amitié réelle entre un Israélien et un Palestinien.

Maintenant, posons LA question. Pourquoi faut-il voir No Other Land ? Cette œuvre démontre deux points évidents : le projet européen est un échec total et le capitalisme a atteint son degré de folie le plus fou !
Que se passe-t-il à échelle locale ? A Herstal, Alexandra Havard travaille pour Médecine pour le Peuple. Aux côtés de Mehdi Salhi, elle organisera ce dimanche, une projection de No Other Land (La Petite Bacnure, entrée gratuite). Cette médecin généraliste nous livre un témoignage. Elle exprime un argument solide pour inviter tout le monde à voir ce film.

Je suis allée en Cisjordanie en mars dernier. J’y ai observé une réalité brutale : des familles déplacées, des villages détruits, et une violence quotidienne qui reste largement invisible depuis l’Europe. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est la force et la détermination de la jeunesse palestinienne. Malgré les obstacles, elle continue de résister, de s’organiser et de défendre la justice et la dignité humaine. No Other Land n’est pas seulement un film, c’est une fenêtre ouverte sur cette réalité et sur ce courage. Regarder ce documentaire, c’est comprendre que derrière les chiffres et les titres des journaux, il y a des vies, des visages, des espoirs. Et c’est aussi se demander : quel rôle voulons-nous jouer dans ce monde ?

Que dire de plus ? Si ce n’est, merci le PTB, merci aux jeunes militants, merci Médecine Pour Le Peuple, shukran Basel. Quant à Yuval, il suit les pas d’Albert Londres (1884-1932). Il honore la profession. Il porte la plume dans la plaie.

brunoaleas

Publié le 6 décembre 2025

Weite au Magasin 4

Me voici, Bruxelles ! Mon baptême de l’air au Magasin 4 se fait en compagnie de Weite. Je parle bien des cieux car le groupe nous emporte dès le décollage, dès les premières notes. Au rendez-vous : un concert de rock psychédélique. Les 2 guitaristes se coordonnent pour répéter les mélodies en boucle, monter et descendre en tension.

« Versteinert » annonce un voyage sans secousse. Planer toujours plus, tel est l’objectif. « Roter Traum » me propulse au-delà des nuages. Le morceau de plus de 10 minutes instaure une ambiance rétro-futuriste ! Comme si j’étais en train de vivre une bataille steampunk face à des golems sans foi, ni loi. Mention honorable au titre « Eigengrau », rappelant qu’il y a des membres d’Elder au sein de Weite, de vrais artisans du son.

Durant la soirée, le quintette use de sa virtuosité pour nous faire oublier la grisaille, ce gouvernement de merde ou les problèmes personnels. Tantôt au Maroc, tantôt dans la stratosphère, les mélodies orientales, ainsi que le côté pinkfloydien, font de ce concert une expérience unique.

Il faut voir ce groupe au moins une fois dans sa vie. On n’est jamais assez à voler près de la Lune.
Puis, comme dirait le vieil ami, Alexis Docquier, il faut voir deux à trois concerts par semaine afin de rester en bonne santé !

brunoaleas – Photos ©Alexis Docquier – 29/11/2025

Publié le 5 décembre 2025

TOP MANGAS 2025

Tout le monde a un cœur, c’est ce qu’il croit. Voici la pensée profonde de Deku, héros principal de My Hero Academia. Ces simples mots définissent mon admiration pour Kōhei Horikoshi. Le mangaka développe si bien ses personnages. Même les protagonistes intervenant ponctuellement et rarement dans son œuvre sont aux petits oignons !
Puis, je me mets à la place des gosses découvrant son manga. Quel régal de partager des valeurs aussi belles. Trouver le bon en chacun de nous. Se battre pour la justice. Ne pas abandonner ses vaillants camarades. Oui, le voyage touche à sa fin mais le souvenir reste imprégné. –brunoaleas

TOP 7

1|My Hero Academia Kōhei Horikoshi

2|Versus Kyōtarō Azuma

3|Frères du Japon Taiyō Matsumoto

4|The Summer Hikaru Died – Mokumokuren

5|The Bugle Call – Higoro Tômori

6|La Croisade des Innocents – Usamaru Furuya

7|La Planète Verte – Keigo Shinzō

Illustration ©Antoine Wathelet

Publié le 5 décembre 2025

Colt à l’OM

La nausée me vient instantanément, en pensant à Bertrand Cantat ou à Sean Combs. Ces dernières années, des dossiers ouverts ou réouverts démontrent qu’il y a encore trop d’agresseurs en circulation, dans le secteur cinéma, comme au sein de la sphère musicale. L’industrie musicale apparaît telle une baignoire pour requins.

Un duo y propage la lumière. Colt communique son énergie, depuis quelques années. Elle est belle ! Je le comprends à l’OM (Seraing). Les artistes y jouent majoritairement leur premier album, Saveur Cœur Abimé

Les langues se délient via plusieurs chansons. L’esprit est fédérateur. Une famille unie sur scène. Pour la première fois, Diego et Coline chantent devant un public. Une bougie posée pour les opprimés. Et en face ? Un public de feu !

Le spectacle est intense. L’electro froide et chaleureuse provoque une ambiance berlinoise de fin de siècle. Puis, qu’en est-il de la performance vocale ? Incroyable. Coline, au cardio de zinzin, défonce tous les records athlétiques. Quant au jeu de lumière, il impressionne par son minimalisme (« Chaos ») ou sa tension (« Invincible »).

La poésie des Bruxellois me transporte si loin. Adieu société apathique et vengeresse. 

Je suis épaté, du début à la fin. Colt mitraille des mots forts, une fois sur scène ! 

Quand on rencontre les personnes qui nous écoutent, on se rend compte de l’utilité que notre musique a eu dans leur vie et c’est à chaque fois quelque chose de différent. C’est toujours hyper touchant. « Demi-mot », « Reboot », ça leur a beaucoup parlé. Le fait que nos chansons soient hyper intenses – autant les joyeuses que les tristes –, ça permet aux gens d’extérioriser ce qu’ils ressentent. C’est pour ça qu’on aime aller dans l’intensité : on sait que ça va résonner.

Antoine

brunoaleas – Photos ©Erin Terlier

Publié le 3 décembre 2025

The Summer Hikaru Died

J’ai une fantaisie qui me revient de temps en temps. Elle surgissait bien plus souvent autrefois, quand mon espace intérieur était encore empreint de regrets. Peut-être l’avez-vous déjà eue ? C’est assez simple : je rêve de retourner dans le passé, à l’époque où j’étais enfant, tout en conservant mes souvenirs d’adulte. Fort de mes expériences, je réaliserais tous mes rêves : réussir tout ce que j’entreprends, faire preuve d’une assurance ravageuse. J’ose, je fais, je me montre. À moi la vie de génie admiré ! Quel bel endroit que ce rêve.

Mais parfois, une pensée me vient et le brise en mille morceaux. Mon cœur se serre, les larmes me montent aux yeux.
Dans ce monde rêvé, en faisant le choix de revenir… n’ai-je pas tué ce petit garçon ? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est que je l’ai volé à sa mère.

C’est l’été. Yoshiki et Hikaru sont assis sur un banc. La chaleur étouffante de la campagne japonaise est délicieusement atténuée par ces petits bâtonnets de glace bleue, si froids et sucrés. Les deux adolescents savourent le calme serein des vacances alors que le crépuscule approche. Mais au fond de lui, l’un des deux garçons ressent un profond trouble. Un doute qui le ronge.

Tu n’es pas Hikaru, n’est-ce pas ?

The Summer Hikaru Died est un anime qui traite avec une immense tendresse et beaucoup de patience du deuil. Mais aussi de l’acceptation : de soi, de l’autre, du temps qui passe et du changement. Hikaru nous montre avec élégance et maîtrise la différence, si fine et pourtant fondamentale, entre l’acceptation et la résignation.

Mais au-delà de ces réflexions sur les émotions humaines, cela reste avant tout le récit poignant d’un adolescent dont l’amour est mort. « Hikaru« , en japonais, signifie « lumière ». Pour Yoshiki, c’est l’été où la lumière s’est éteinte. Le désespoir de ce jeune garçon, qui se raccroche à la moindre trace de son amour disparu, vrille les entrailles du lecteur. Une tragédie si douce.

Pour garder près de lui ce substitut fragile, il se lance dans une enquête profonde sur l’histoire funeste de son village, risque sa vie face à divers spectres et se reconnecte avec son père.

Même si le drame et l’intrigue sont au cœur du récit, The Summer Hikaru Died comporte aussi quelques scènes d’horreur. Pas de gore, pas de grotesque : seulement de l’effroi. L’effroi qui naît de l’incompréhensible.
Grâce à une direction artistique très efficace, j’ai véritablement frissonné devant certaines scènes. Je n’aurais pas cru qu’une histoire de fantômes animée pourrait me produire un tel effet. Mais quand nos héros sont seuls, dans le noir, dans une forêt réputée dangereuse, et que des formes inhumaines bougent avec ces saccades qui nous signalent instinctivement qu’il ne s’agit pas d’êtres vivants, l’angoisse devient difficile à éviter. Bravo.

Et tout repose sur l’atmosphère. Quand un caveau s’ouvre, quand le mystère plane sur cette petite ville, où tout le monde se connaît mais où les secrets sont bien gardés. Le village qui sert de cadre à cette intrigue nous semble à la fois étrange et familier. Comme l’image d’une ville qu’on connait mais qui a changé, sans qu’on sache mettre le doigt sur ce qui ne nous est plus familier. Un malaise diffus.

Mais au-delà des effets, le véritable effroi réside dans le thème central. Celui qui nous trouble, qui nous fait vaciller : Hikaru et Yoshiki sont semblables en ceci qu’ils ont des pulsions, et doivent lutter pour y résister. La perte de contrôle, non pas due à une manipulation ou au destin, mais à notre propre nature. Cet instant où l’on doit trahir ce qui est au fond de nous ou ce qui est à la surface. Deux facettes de ce que nous sommes qui s’entre-déchirent violemment.

Le simple fait de ne pas blesser ceux qu’on aime demande une force immense, et une grande souffrance. N’est-ce pas terrifiant ?

Pierre Reynders

Publié le 1 décembre 2025

LA DURE A CUIRE #142

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Wheobe

Ça plane pas mal avec Wheobe. On écoutant, « Sore », je me mets instantanément dans la peau des persos de leur clip. Me voici paumé. Animé par la danse. Amoureux.

Empty Head

Empty Head is back. Nos valeureux liégeois changent de batteur, toujours prêts à danser ! « Don’t Wanna » s’inscrit dans leur lignée rock. « On crache notre refus d’obéir« , décrit Simon Galloy, chanteur du groupe. Empty Head critique notre société capitaliste, c’est bien sûr validé.

Agathe Plaisance

Dernière ligne droite avant la sortie de Deep Rest, l’album d’Agathe Plaisance. Le disque sort demain. L’artiste offre un style folk d’une incroyable douceur. Penser aux compositions de Hiroyuki Sawano n’est pas impossible. Surtout quand Agathe mêle une touche de modernité aux instruments à cordes. L’album est alors bien de son époque.

brunoaleas

Publié le 27 novembre 2025