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Médine lance l’alerte

Médine n’est pas né de la dernière pluie. Ce rappeur publie son premier album solo, en 2004. Ensuite, il se lance dans une carrière singulière, définissant un ton engagé. A savoir, dénoncer la politique américaine, afficher l’hypocrisie des politiciens français, attaquer la propagande des médias d’extrême droite. Actuellement, l’artiste sort de nouveaux morceaux. A l’écoute des titres, une interrogation persiste.

Peut-on comparer Médine aux lanceurs d’alerte ?

Selon le conseil de l’Europe (2014), un lanceur d’alerte fait des signalements, révèle des informations concernant des menaces ou un préjudice pour l’intérêt général, dans le secteur public ou privé. Citons quelques exemples d’affaires prises en compte : l’erreur judiciaire, la corruption, le crime, la santé publique ou même l’environnement. Julie Majerczak, représentante de RSF auprès des institutions européennes, défend cette figure.

Il est essentiel de protéger les lanceurs d’alerte quand ils permettent d’informer l’opinion publique à travers les médias.

De son côté, Médine assume son envie de protester. Son nouveau disque se nomme Stentor. Il s’agit  un personnage de l’Iliade d’Homère. La notion de lanceur d’alerte est encore plus frappante, quand on sait que ce guerrier de la mythologie grecque est célèbre pour sa voix puissante, une voix de 100 hommes ! Au-delà du caractère dénonciateur du Havrais, symbolise-t-il une boussole pour les jeunes adultes dégoûtés par les médias traditionnels ?
En gros, fait-il un meilleur travail que les journalistes français ? Réponse de Julie Leroy, ancienne étudiante de l’UCLouvain, auteure du mémoire Au cœur et en dehors de l’AfricaMuseum : controverse des acteur•ices sur la question de sa décolonisation.

Oui, il fait clairement un meilleur travail que les journalistes, en France. Il invite à réfléchir à des sujets qui ne sont pas spécialement abordés par les médias traditionnels, comme le néocolonialisme, l’extrême droite ou le racisme.
Il apporte une approche sociologique, critique, qui décentre l’Europe. Il met à jour les dynamiques Nord-Sud. Par exemple, il cite les ressorts de la mondialisation et les interventions occidentales en pays du Sud. Ces faits ne sont pas forcément mis à jour par les instances européennes. Cette approche manque beaucoup dans le journalisme traditionnel.

Dès lors, les rappeurs seront-ils plus crédibles et fiables que les journalistes ?

Il est trop tôt pour le savoir. En tout cas, impossible de nier un constat. Le pouvoir corrompt le 4e pouvoir comme le 4e art.

brunoaleas

Le temps libre de Paradoxant

Paradoxant s’écoute comme si on savourait comme un vin au goût imprévisible. Le groupe belge attire souvent mon attention, tant leur direction artistique est attirante pour les yeux et oreilles. Que ce soit les clips animés brillamment ou leur côté barjot, on s’amuse.

La comédie n’est pas synonyme d’abrutissement. Pour leur dernier clip en date, le quatuor révèle « Jamais sans personne ». On y observe un personnage aux couleurs chamarrés, une sorte de bombe humaine prête à gueuler dans les rues parisiennes. Se met-il à fuir ? Fuir l’ennui, car l’ennui fait peur selon les créateurs de Netflix. Ce perso fuit on ne sait quoi, mais rappelle ô combien l’humain peut être pathétique quand il n’embrasse pas la solitude.

Etre seul revient à réfléchir sur soi et les autres, parfois. Souvent, les gens aiment subir l’infobésité, la surcharge mentale. D’ailleurs, l’ociofobia, terme inventé par le psychologue Rafael Santandreu, désigne la phobie du temps libre. On serait étonné de connaitre le nombre de proches touchés par ce besoin constant de faire des activités, afin d’éviter la culpabilité, l’anxiété et le sentiment de gaspillage du temps. 

Vers la fin du 17ème siècle, Blaise Pascal avait déjà compris les attitudes de ses contemporains. Le philosophe décrit l’ennui dans les pages de Pensées.

Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application.
Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide

Le vide est nécessaire. Parfois, pour mieux réfléchir et comprendre, éloignons-nous du bruit. Est-ce la morale de la chanson « Jamais sans personne » ? Je l’espère.

brunoaleas – Photo ©Lise Lefebvre

Alpha

Un pois. Un morceau d’oignon. Un verre de lait. 200 grammes de pastèque. De la sauce andalouse. Une cigarette. Un anchois. Mettez tout dans cent litres d’eau et faites bouillir à trente degrés. Vous obtiendrez sûrement un truc qui pue la merde et que vous n’oserez pas servir à des centaines de gens, surtout s’il en a fallu autant pour le faire.

C’est un peu ce que Julia Ducournau a fait avec Alpha. La réalisatrice, connue pour ses deux thrillers psychologiques primés que sont Grave et Titane, a sorti la semaine dernière un film très nul et c’est super, super dommage.

J’admire l’autrice, elle me fait croire en un avenir où une nouvelle génération de gens ferait des films de ouf avec le financement de huit millions de prods différentes aux quatre coins du monde. Alpha, c’est la branlette intellectuelle qui pourrit en France dans les marges du cinéma familial et raciste. Des films qui ne plaisent qu’à leurs auteurs, on en a à la pelle tous les ans et on aurait espéré que la réal parte dans une autre direction.

Rien ne va avec rien. Dans Alpha, une jeune fille grandit dans un monde où un virus mortel circule. Il transforme les gens en statues et leur fait tousser de la poussière. L’enfant fait la connaissance de son oncle malade et addict alors que sa mère, docteure, tente de gérer la situation.

Des trucs qui font penser au Sida, des trucs qui font penser au Covid, des trucs qui font penser à tout un tas de choses mais qui ne racontent absolument rien. C’est insipide, ça manque terriblement d’audace, et surtout, ça n’atteint pas sa fonction.

Je crois que c’est sensé être un film d’horreur psychologique. Sauf qu’on a peur uniquement parce qu’on montre des aiguilles en gros plan sans prévenir, que le son va fort et qu’un virus étrange circule. L’ambiance est maintenue artificiellement pour soutenir un scénario vide et nul.

Vraiment, « On dirait que ce film a été écrit par une IA », comme on le dit de plus en plus souvent, en 2025. Le résultat est fonctionnel, au mieux. Mais vide de récit, vide de sens, vide de nouveauté, et vide d’âme.

Surtout, on n’y comprend rien. L’oncle a déjà rencontré la fille, sauf qu’elle ne s’en rappelle pas. Il est suicidaire et addict, sans qu’on ne sache rien sur son passé. Il a contracté plusieurs années auparavant le virus mortel, il y a survécu, sauf que non, il est mort. Mais quand ? Il meurt trois fois dans le film. La fille a de l’autre côté de sa fenêtre un échafaudage qui fait peur. L’oncle emmène la fille en soirée, ils se croisent au hasard dans un bus. Le prof se fait emmerder parce qu’il est homo, ne répond pas. Un repas de famille. Plusieurs flash-backs aléatoires. Une tempête de poussière au milieu de buildings.

J’aime les films abstraits et incompréhensibles. Mais au moins, qu’on nous montre de belles choses. L’image n’est pas moche, mais ne raconte rien. Les incrustations numériques sont au plus passables pour 2010. Les costumes, le jeu d’acteurs, les décors, la colorimétrie sont insignifiants. Les plans durent longtemps sans qu’il n’y ait rien d’intéressant à contempler. Le mixage est naze, plein de bruits énervants sont trop forts, sans rien apporter à l’intrigue.

Le film est une métaphore de quelque chose ? Peut-être mais rien à branler, on n’y comprend rien. Film, parle clairement, bon sang ! J’ai payé cinq euros pour t’écouter, alors, c’est le minimum d’articuler. Tu me tiens la jambe mais je ne comprends rien à ce que tu racontes, essaie au moins, je veux savoir ce que tu veux me dire.

Explique-moi, s’il te plait.

Lou

L’art au rendez-vous

L’art est identitaire. Choisir son art, la manière dont on va l’exprimer, mais aussi, le message qui va le traverser. C’est personnel, individuel, c’est pouvoir être soi-même.

L’art en relation, c’est partager son soi avec l’autre, s’entrechoquer par la différence, dans un monde figé, à un moment bien précis.

Pour moi, c’est se rencontrer soi avec les autres. Et finalement, trouver cette porte de sortie dans un monde difficilement flexible. –Diandra

Je m’appelle Yanis, je danse tous les jours dans ma chambre en regardant des clips de musique. Au début, ça me suffisait, mais là, j’en veux plus. Je veux apprendre, me tuer à la tâche. Créer, découvrir et encore créer. Je cherche une école de danse.
Parfait, il y en a une juste à côté de chez moi. 180€ pour 3 mois. C’est cher.

Je n’en parle pas à mes parents. Ça fait 2 mois que le loyer n’est pas payé. Impossible de leur demander. Je vais faire des heures supplémentaires à mon job. Ça devrait le faire.
Après 3 semaines intenses, j’atteins la somme qui me mènera au sommet. Je rentre dans la salle, mon rêve se réalise. Je me perds dans les pas des profs. L’extase me transporte. Je suis à ma place.

3 mois s’écoulent et je m’écroule. Travail, école, danse, mon corps vacille.

Mes parents ont déménagé. Je pleure en marchant dans les nouvelles rues lorsque j’aperçois une affiche : « Viens comme tu es à la MJ ! Atelier théâtre, chant et danse pour 0,50€/heure. On n’attend plus que toi ! ». Une vague de bonheur traverse mon corps ! Corps qui peut enfin libérer sa créativité sans crainte d’être emprisonné. –Texte fictif de Mouche

Textes écrits aux ateliers Scan-R – Illustration ©Dave McKean

LA DURE A CUIRE #137

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Militarie Gun

Militarie Gun est un groupe de rock américain. Le quintette fait grincer les guitares et cela suffit à me faire adorer leurs sons !

Deftones

Deftones pourrait être le groupe qu’on ne veut plus écouter. Pourquoi ? A cause de ses mélodies répétées d’albums en albums. Mais la bande demeure fortiche dans son domaine. « infinite source » en est la preuve. Le titre est à la fois féroce et hypnotisant.

Ivy Gardens

Ivy Gardens sort Death of Don Valley, en août. L’album explore plusieurs thèmes : la mort, la décadence et l’érosion imparable de la vie et son environnement. Un beau résumé pour présenter l’humanité à des aliens !

Black Lips

All the trees out in Dreamland were bearing their fruit
You just happened to be a juicy peach on their root

brunoaleas

L’algorithme me fait peur…

L’algorithme me fait peur. L’autre jour, je regardais mon compte YouTube, la partie « abonnements ». Soudain, j’aperçois une vidéo politique, une autre concernant une BD, une dernière affichant un groupe de musique. Là, je me dis : « Putain de merde. La machine me connait par cœur… ». Bien sûr, je n’étais ni en transe, ni en fascination.

On le sait, aujourd’hui plus qu’hier, la réalité dépasse la fiction : des drones sont une menace, Bibi recommande Donald pour qu’il obtienne un prix Nobel de la Paix, des teubés considèrent l’IA comme une artiste à part entière. On pourrait énoncer d’autres faits d’actualité. Mais savoir qu’un cellulaire portatif sait mieux que quiconque ce que tu souhaites regarder, admettons, vivre cette situation fait partie des plus perturbantes.

L’arrivée d’Internet était un gros bouleversement pour nos ancêtres. Les algorithmes sont aussi dans la droite lignée de ce changement. Miracle ou malédiction ? Les deux à la fois. L’algo choisit les infos qui nous correspondent le plus mais pousse à la consommation et balise notre confort. Il va chercher ce qui fait consensus en nous. Comme si dans notre resto préféré, le chef proposait déjà notre plat favori, sans jamais nous montrer d’autres dingueries du menu.
Se pose alors une question : « Prendrons-nous le risque de sortir de notre zone de confort, si nous suivons la logique des algorithmes, en permanence ? ». Non. On a affaire à une suite d’opérations et d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat, comme le définit Aurélien Grosdidier. Le journaliste rappelle que derrière cela, on trouve des humains. Il compare d’ailleurs cette technologie à des efforts spécifiques.

Une recette de cuisine est un algorithme, tout comme l’est la procédure d’évacuation d’un lieu public, la stratégie d’une entreprise, un code civil, pénal, ou encore une constitution. Ces algorithmes-là sont mis en œuvre par des humains.

Reprenons nos esprits. La musique est, elle aussi, aux mains des humains. Un groupe bordelais a dompté les machines depuis belle lurette. En juin dernier, Odezenne sort DOULA. On peut y écouter « Gadoue », un titre dont les paroles font réfléchir. Aucun algorithme ne contrôlera réellement nos pensées profondes !

brunoaleas

LA DURE A CUIRE #136

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Mac DeMarco

Mac DeMarco est définitivement devenu inintéressant… ou plutôt, l’artiste ne propose plus rien de neuf. L’auteur derrière This Old Dog déçoit encore et encore. Comme si ses mélodies faisaient vibrer la poussière, tant elles sont coincées dans un minimalisme pénible.

The Odds

Je tombe dans l’été sans avenir.

Equipe de Foot

« « Mitch » est une chanson dans laquelle les deux gars d’Équipe de Foot font ce qu’ils savent faire de mieux », voici ce qu’on lit dans le dossier de presse du groupe. Comment contredire ce fait ? Impossible. Le groupe traverse l’épreuve du temps et continue de surprendre !

brunoaleas

La reprise de James Gunn : un nouvel espoir pour le DC Universe

En octobre 2022, un tournant décisif s’est opéré chez Warner Bros. Discovery avec la nomination de James Gunn, réalisateur et scénariste reconnu, et de Peter Safran, producteur chevronné, à la tête de DC Studios. Leur mission était claire : relancer une franchise en perte de vitesse, après des années d’échecs critiques, commerciaux et un univers cinématographique jugé incohérent.
L’objectif de Gunn et Safran est de donner à DC une véritable identité, en mettant en place une continuité solide et un ton narratif capable de rivaliser avec la puissance du Marvel Cinematic Universe.

Le nouvel ensemble créatif prend désormais le nom de DC Universe (DCU), afin de marquer une rupture nette avec l’ancien DCEU (DC Extended Universe). Ce DCU n’est pas simplement pensé comme une série de films, mais comme un univers étendu, cohérent, où cinéma, séries télévisées, animation et même jeux vidéo sont appelés à dialoguer entre eux. James Gunn a imaginé une première grande étape, appelée « Gods & Monsters », destinée à poser les bases de cet univers. Cette approche vise à allier des récits indépendants, accessibles à un large public, et une vision globale qui ravira les spectateurs attentifs.

Le premier projet à voir le jour dans ce nouveau cadre a été la série animée Creature Commandos, diffusée fin 2024, conçue comme le point de départ du DCU.
Mais c’est avec Superman : Legacy, sorti en juillet 2025 et réalisé par Gunn lui-même, que l’univers a pris véritablement son envol. Le film propose une vision moderne et authentique du personnage, nourrie par les grandes références des comics. Nous voici au cœur de cette « Superman Saga » qui doit structurer le récit global. S’enchaîneront ensuite Supergirl : Woman of Tomorrow, en 2026, adaptation plus sombre inspirée du travail de Tom King, ainsi que Clayface, film annoncé comme une œuvre d’horreur psychologique, preuve que Gunn n’hésite pas à diversifier les genres pour enrichir l’univers.

La ligne directrice du DCU repose sur une cohérence créative renforcée. James Gunn collabore avec Jim Lee, directeur créatif de DC Comics, pour aligner au mieux les publications imprimées avec la continuité audiovisuelle. Il insiste sur une narration fidèle à l’esprit des comics, en refusant les recettes uniformisées des blockbusters, en préférant des arcs narratifs forts, une émotion sincère et une identité propre à chaque projet. Par ailleurs, bien que le DCU redémarre sur de nouvelles bases, certains personnages emblématiques de l’ancien DCEU ne disparaîtront pas. Viola Davis reprendra par exemple son rôle d’Amanda Waller dans une série en développement, et certains projets alternatifs, comme The Batman de Matt Reeves, continueront en parallèle.

L’avenir immédiat du studio s’annonce chargé. Outre Superman : Legacy, James Gunn a déjà confirmé un deuxième film consacré à l’Homme d’Acier, Superman : Man of Tomorrow, prévu pour 2027. Le réalisateur prend ainsi le temps de construire une saga cohérente, en évitant les raccourcis qui avaient affaibli le DCEU. Les projets annoncés démontrent une volonté de donner une véritable identité à chaque production, tout en tissant progressivement une fresque commune.

James Gunn et Peter Safran se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins. Leur pari est ambitieux : réinventer une franchise de super-héros qui a longtemps cherché sa direction. Désormais, il s’agit de s’appuyer sur des personnages iconiques, une stratégie claire et une vision respectueuse du matériau original. Le DCU pourrait bien offrir aux spectateurs une nouvelle ère, où la créativité et la fidélité aux comics passent avant les impératifs de la simple formule commerciale.

Fortuné Beya Kabala – Photo ©Amber Asaly

Caught Stealing

Votre tête tourne, vous ne savez pas quelle heure il est. Vous voyez des gens passer, très différents, mais tous dangereux. Le bruit dans votre tête couvre jusqu’au punk rock joué dans une enceinte pourrie. On vous met un poing dans la gueule, vous ne savez pas pourquoi, mais ça n’est jamais arrivé.

Darren Aronofsky nous a habitué à faire des films qui ressemblent à des bad-trips dans des maisons lugubres, celui-ci a plutôt l’air de celui qu’on pourrait faire dans un bar. Si The WhaleMother !, ou encore Requiem for a dream se concentraient sur les espaces domestiques, le film dont il est question ici est, au contraire, un voyage rythmé où les personnages restent rarement au même endroit.

Dans Caught Stealing, Austin Butler joue un barman emmené malgré lui dans une complexe affaire entre plusieurs mafias. Pendant tout le film, il se fait tabasser par différentes personnes sans jamais comprendre pourquoi. Et croyez-moi, c’est très drôle.

Si le genre du drame psychologique est familier au réalisateur, celui de la comédie l’est moins. Le film arrive pourtant à être efficace sur les deux plans, alliant constamment angoisse et ridicule.

Regarder un film d’Aronofsky veut souvent dire vouloir se donner les chocottes et faire une crise existentielle. Le spectateur qui cherchera ce sentiment sera déçu. Celui qui veut voir un film drôle le sera sans doute aussi. Mais de nos jours, il est rare de chercher une émotion précise en allant voir un film. Le spectateur qui cherchera une bonne comédie noire devant laquelle on rigole en serrant les fesses mettra sans doute quatre étoiles sur Letterbox.

Outre l’ambiance, les acteurs sont incroyables. Matt Smith, en caricature de punk britannique, est une vraie mine d’or de gags visuels. Regina King incarne une flic à l’air dévoué mais complètement corrompue. Seul bémol, le personnage de Zoë Kravitz, la petite amie du barman. Il manque de profondeur. Il ne sert qu’à se faire tuer par les méchants et manque de la complexité d’un véritable être humain.

On pourrait aussi critiquer le film quand il fait prendre aux personnages des décisions irréfléchies et pulsionnelles. Mais tant qu’elle n’est pas trop fréquente, la surprise est un outil indispensable pour faire rire. C’est le caramel brûlé de la comédie.

J’aimerais terminer cette critique en saluant le travail très qualitatif des opérateurs de grues dans Caught Stealing, car le film contient de nombreux travellings audacieux et des trajectoires de caméra que seul un talent certain peut exécuter avec autant de précision.

Ensuite, j’invite lae lecteurice qui voudra découvrir l’univers d’Aronofsky à regarder Mother !, à ne pas regarder The Whale, qui en dehors de la performance incroyable de Brendan Fraser, est assez naze : trop théâtral pour le grand écran et éminemment grossophobe.

Lou

Robin was the best ?

J’aime les films des années nonante. Matrix, Fight Club, American Beauty, quelle époque mesdames et messieurs ! Ce que j’adore plus que tout, c’est découvrir les films de Robin Williams. L’acteur américain savait jouer n’importe quel caractère. Ses personnages s’inscrivaient aussi bien dans des thrillers, comédies comme dans les récits fantastiques ou à travers la science-fiction !

Cet été, je bouffe Madame Doubtfire. L’histoire d’enfants ponctuée par la séparation de leur parent. Elle aborde aussi la place d’un artiste extraverti.
Le pitch sonne banal. Dès lors, comment rendre chaque séquence intéressante ? En questionnant l’appareil judiciaire, en tentant d’abattre les codes hommes/femmes, en réunissant petits et grands grâce à un ton léger mais jamais simpliste. Puis, Robin Williams crève l’écran, tant son personnage est à la fois touchant et passionné.

Il nous manque cruellement d’acteurs capables de subjuguer à ce point. Quand on observe les incarnations insipides de Pedro Pascal, Mark Wahlberg ou Tom Holland, il y a de quoi se tirer une balle… restons optimistes car le cinéma est une aventure collective. 

Quant à la filmographie de Robin Williams, s’il fallait la résumer en quelques mots, j’opte pour la devise de l’industrie Pathé.

Le cinéma sera le théâtre, le journal et l’école de demain.

brunoaleas