Tous les articles par Drama

Lorenzo Hengeller à la Casa del Jazz

Comment dépeindre le charme de l’Italie ? En écoutant La Zanzara, infâme émission radio ? En lisant un livre diabolique écrit par Roberto Vannacci ? Ces questions rhétoriques obligent à s’ouvrir. Elles amènent à s’éloigner des personnalités beaucoup trop médiatisées. La réponse se situe donc ailleurs. Soufflons. La musique sublime nos vies. La Botte est assez bien illustrée via les chansons de Lorenzo Hengeller.

Un soir d’avril, je me dirige vers la Casa del Jazz. Cet endroit est plutôt particulier. On y trouve un parc, un studio d’enregistrement et une salle de concert. Quel plaisir ! La découverte du lieu enflamme mon envie de visiter Rome, le plus possible.
Lorenzo Hengeller emmène son quartet pour un concert aucunement ennuyeux. De premières notes de piano présentent l’univers du jazzman. Ses chaussettes rouges balaient mon regard. Sa danse assise transmet son bonheur. L’artiste joue un morceau dynamique, annonçant la couleur. S’évader se fait avec le sourire !

« Frasi Fatte » revient sur le côté (trop) terre à terre des Romains. « O’ scuntroso » illustre un personnage toujours à contre-courant. N’oublions pas l’instant où le musicien chante son envie de se suicider, un humour noir prononcé sur une mélodie douce et dansante ! Quant à la musique de « La strada verso casa », elle enveloppe dans un cocon doré. Mention honorable à Bernardo Guerra, batteur exceptionnel, mesurant les coups portés et offrant un solo de batterie mémorable.

Lorenzo Hengeller livre sa joie napolitaine. Il conte ses aventures à Rome, face à un public applaudissant chacune des performances. Le concert se différencie évidemment des spectacles où les musiciens sont plus muets qu’une porte de prison. Dès lors, ce souvenir de printemps demeure un beau moment passé entre mélomanes d’un soir. L’Italie, c’est ça aussi.

brunoaleas – Photo ©Giovanni Russo

LA DURE A CUIRE #127

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Pogo Car Crash Control

Pogo Car Crash Control s’éloigne par moment du métal brut et sévère. « Comme toi » se définit via une mélodie entêtante et reposante.

Fabiola

Le nouvel album de Fabiola se nomme The Mushroom Type. Une info du dossier de presse du groupe rend la formation fascinante. Fabien Detry, tête pensante du quatuor, réunit un beau monde. Sur scène, Léa Kadian (Kunde), Tim Clijsters (ex-leader de BRNS) et Aurélien Auchain (Mountain Bike) rejoignent l’aventure ! A suivre.

Motta

Motta compose son morceau le plus Radiohead possible. « Suona » transporte les âmes vers un chemin onirique, où la guitare guide les pas des mélomanes.

My New Band Believe

A blind man told me once I’m wasting my life.
I have a friend who’s mind could cure death but he watches the real.

brunoaleas

Le cinéma français est si beau ?

Lorsque nous évoquons le cinéma français, nous pensons bien trop souvent aux clichés. Un cinéma de comédie, où les acteurs jouent aussi bien que votre oncle, après 3 verres de vins. Mais rappelons le vrai cinéma français. Celui qui incorpore tragédie et émotion, celui qui fait la bataille entre amour et haine, celui qui donne sa chance aux jeunes talents, celui qui ne vieillit pas. Le cinéma français est talentueux, est inspirant, est marquant. Il laisse sa trace en bien ou en mal, c’est à vous d’en juger après vision. Une caractéristique que l’on peut difficilement enlever au cinéma français, c’est sa complexité, son intelligence. Du génie dans l’humour comme Dîner de cons à la stupeur de l’imaginaire français dans Le Règne animal, le cinéma français fait des prouesses. Il touche, illustre la vie de milliers d’individus sur le grand écran. La Haine, film marquant qui montre la brutalité et les rêves échoués des jeunes de banlieue. La Boum montre l’insouciance et la jeunesse. Plus récemment, L’Amour Ouf  et le génie de Gilles Lelouche suivant le parcours tragique de deux jeunes qui tombent amoureux et puis, les drames de la vie les séparent. 

Le cinéma français est riche, il est doté d’une certaine beauté qui s’explique très peu car elle est individuelle et intime. Oui, selon moi, cette intimité existe entre le spectateur et l’œuvre. C’est une intimité qui en un instant transforme notre lien en amour. Amour avec les personnages aussi complexes qu’ils soient, en amour avec les décors qui nous font voyager tout en restant dans un certain confort, en amour avec la musique qui réussit à instaurer un climat où les rires côtoient les larmes. C’est ça qui fait l’essence du cinéma français. C’est un refuge, un lieu de rencontre et de mystère.
Mais encore une fois, je perçois le mystère et la beauté de cet art de cette exacte manière. Effectivement, le cinéma français est l’art où l’individu et ses pensées sont maîtres ! 

Binta – Photo ©Cédric Bertrand – Texte écrit à un atelier Scan-R

Jim Bishop Interview

Jim Bishop fait partie des meilleurs auteurs-dessinateurs ! Cette année, il termine sa trilogie de l’enfant. Sa nouvelle BD se nomme L’Enfantôme. L’histoire affiche deux ados subissant le système scolaire. Grandir, est-ce s’empoisonner ? Découvrez un artiste rêveur, mais aussi nietzschéen.

Les réactions des persos de L’Enfantôme sont souvent over the top. J’aime beaucoup cet aspect. Je repense à mon enfance. J’avais tendance à exagérer mes propos. Ça faisait rire mes camarades. Dans ta BD, ça va tellement loin. Rapidement, on découvre diverses scènes horrifiques. Comme si une petite phrase pouvait perturber le parcours d’une vie. Parfois, l’école et les parents éteignent un enfant, juste avec un mot, une phrase. Tu voulais transmettre cette idée.

Oui. C’est clairement ça. Et dans la bande dessinée, j’ai mis beaucoup de choses de mon réel. Il suffit d’une phrase qui t’appartient pour aller vers une direction. Peut-être, c’était la bonne direction. Par exemple, toute la phase où le gamin, le boutonneux, il exprime le fait qu’il veut être gérant de magasin de jeux vidéo – c’est un peu un « running gag » dans la bédé –c’est parce que c’est ce dont je rêvais quand j’étais gamin. Je rêvais d’avoir un magasin de jeux vidéo. Ces magasins, dans les années 90, il y en avait vraiment beaucoup. Les jeux d’occasion était aussi beaucoup plus accessiblesIl n’y avait pas autant de gens qui achetaient de jeux vidéo sur Internet. Tu pouvais trouver de grandes pépites, des jeux pas chers. Les jeux d’occasion, avant, c’était quelque chose de beaucoup plus intéressant et satisfaisant. Maintenant, ça n’existe quasiment plus.
J’habitais dans un endroit où il y en avait plusieurs. Je rêvais donc de gérer un magasin. Par le passé, j’ai émis ce souhait à une conseillère d’orientation. Elle m’avait dit que ce désir était impossible à réaliser. Comme quoi je ne réaliserai jamais ce rêve d’enfant. Du coup, moi, ça m’a freiné dans cette optique d’avenir. Je pense que les adultes ont sur les enfants une aura, un ascendant. On fait confiance. On pense qu’ils comprennent mieux la vie vu qu’ils sont plus grands, plus expérimentés. Mais en réalité, ils ne le sont pas plus sur certains sujets. Même mes parents, quand j’étais gamin, quand je leur disais que je voulais faire de la bande dessinée, ils disaient : « Ouais, mais ça paye pas bien, blablabla ». Ils en parlaient comme s’ils avaient une expérience. En fait, ils n’en avaient aucune. Ils se basaient juste sur des ressentis, des idées, des préjugés. En grandissant, tu te rends compte qu’on fonctionne énormément d’après des préjugés. « Moi, je n’ai pas réussi à y aller. Alors ça veut dire que lui, il ne va pas pouvoir y arriver ». Pensez à ce genre de phrase. C’est vraiment comme si on projetait nos propres idées sur l’autre. Et oui, je pense qu’effectivement, on peut avoir ce truc de diriger l’enfant, en tant qu’adulte, dans une mauvaise direction. Elle devient vite la direction à suivre. Cette méthode est un peu néfaste pour un développement.

J’aimerais revenir un instant sur ta trilogie. Lettres Perdues présente un univers digne d’un film imaginé par Hayao Miyazaki. Dans Mon ami Pierrot, l’histoire est tournée vers le médiéval-fantasy. Quant à L’Enfantôme, nous observons notre époque. Le fantastique nous suit aussi, au long des pages. Développer notre époque contemporaine, est-ce plus difficile ? Faut-il être encore plus créatif pour rendre le réel captivant ?

Je me suis posé cette question justement. Savoir si ce que je racontais était assez intéressant parce qu’il faut enrichir un univers, il faut qu’il se passe des choses.
En réalité, ce qui pouvait rendre un récit contemporain captivant, c’est vraiment l’attrait qu’on peut avoir pour les personnages. Pour moi, c’est ça qui va rendre le récit captivant, au-delà du fantastique. Si le fantastique est la seule raison qui permet de rendre le récit intéressant, le récit serait probablement bancal. Il faut vraiment qu’on arrive à s’attacher aux persos. Qu’on se reconnaisse ou pas, mais qu’on ait quelque chose qui nous relie à un personnage précis.
Ensuite, on peut se permettre d’apporter une touche fantastique, d’amener de la fantaisie et de surprendre. C’est ça que j’aime bien avec le récit contemporain. C’est notre monde. On ne va pas forcément s’imaginer l’idée que le fantastique puisse apparaître. Et quand il apparaît, que l’on a bien préparé le terrain pour que ça apparaisse, je trouve que ça crée une émotion qui te sort tout de suite du quotidien. Lors de l’écriture, je pensais à des films des années 90. A un moment donné, je pensais à L’Histoire sans Fin. C’est un film que j’ai beaucoup vu quand j’étais gamin. Il paraît que ça se passe dans un monde contemporain. Mais il y a ce moment où, quand ça part dans l’imaginaire, ça surprend. Pourtant, ça reste très distant. Pareil avec Les Goonies. C’est une inspiration où il n’y a jamais vraiment de fantastique, mais tu le frôles un peu. Il y a un personnage qui a un handicap physique, il te surprend. Il y a des pirates, une légende. Il y a cet onirisme ancré dans le réel qui me faisait rêver. J’aime bien me dire que, par exemple, dans L’Enfantôme, ce n’est pas forcément du fantastique, c’est réel. Comme tu le citais, j’ai juste extrapolé une émotion pour l’ancrer dans une autre réalité. Moi, j’y crois, d’une certaine manière. J’y crois vraiment.

Désormais, parlons dessin. Lorsque je tombe sur certaines planches délirantes, je kiffe. Tu te libères des codes, tu te lâches. On voyage. T’exposes les émotions d’une certaine façon.
Plus tard, peut-on t’imaginer travailler sur une bédé très expérimentale, où il n’y a pas de dialogues, où l’on vit une expérience à part ?

J’ai des inspirations qui vont dans ce sens. Citons Mœbius. Mœbius a fait énormément de bédés psychés. A la base, moi, c’est ce que j’aime vraiment, les approches narratives un peu psychés ou même intangibles et incompréhensibles. Mes premières bédés dégageaient cette aura-là. Je me détachais beaucoup du réel, ça devenait trop incompréhensible. Et en tant que jeune auteur, j’avais déjà besoin de savoir écrire une histoire, qu’on la comprenne, avant de faire des trucs bizarres. Mais oui ! J’aimerais bien expérimenter, me lâcher, ne pas savoir où je vais. Pour Lettres Perdues, la première partie a un côté absurde et psyché. Je la ramène au réel. On me communiquait qu’au début de la lecture, l’effet était bizarroïde, qu’on avait du mal à y entrer. Faut savoir qu’il y a des poissons qui parlent, d’autres qui enquêtent, etc. Au départ, t’as l’impression d’être dans un monde farfelu, alors qu’il est expliqué. Bref, si tu n’as pas d’explication, tu restes enfermé dans un étrange univers. Mais ouais, pourquoi pas un jour aller plus loin là-dedans… je n’ai pas d’envie particulière, mais ce n’est pas interdit.

Tu nommes plusieurs inspirations. David Lynch, réalisateur fort inspirant, est décédé récemment. Le sens de ses œuvres ne l’intéressait pas. Il se préoccupait des sensations. C’est-à-dire, les sensations que vont vivre les spectateurs et spectatrices, devant ses films. Te reconnais-tu dans ses paroles ? Ou alors, avant même de dessiner, tu réfléchis au sens de tes œuvres ?

C’est drôle que t’en fasses référence. La partie des fantôme inscrites dans L’Enfantôme, quand je la relisais, je me disais qu’il y avait quelques points incompréhensibles. Et je me rattachais à David Lynch. J’annonçais autour de moi : « Ouais mais mais David Lynch, il fait des films qu’on ne comprend pas, et pourtant, on aime les émotions ». Moi, ça me rassurais de me dire ça. Je ne comprends pas tout ce qui se passe dans ses récits. Par contre, les émotions, si elles passent, c’est quand même plus important que de comprendre tout à la lettre.

Garder un mystère autour de ses œuvres, ça peut les rendre vivantes. Je me reconnais beaucoup dans le souhait artistique de David Lynch. Quand j’ai commencé les bédés, elles étaient complètement incompréhensibles. Ça me laisse une trace. Aujourd’hui, j’ai envie qu’on me comprenne. Je me suis donc forcé apprendre à faire des bédés très, très, lisibles. Mais peut-être, maintenant, je veux bien relâcher. Se lâcher, c’est aussi avoir une maturité artistique.

L’artiste se doit aussi de faire confiance aux lecteurs et lectrices. Des gens n’embarquent plus dans des histoires perchées. Mais il y a aussi un public qui adore ça, qui va adhérer. Finalement, ne faudrait-il pas trouver le bon équilibre ?

Il faut bosser là-dessus. La force de Lynch, c’est le lâcher-prise. Lâcher-prise sur ses émotions, sur ses envies. Il expérimentait ses histoires comme il les ressentait, au lieu de vouloir contrôler une narration. Ça, c’est sa grande force. La plupart des auteurs ont peut-être du mal à le faire, et moi, j’en fais partie.

En lisant ta trilogie, je perçois un message. Comme s’il y avait un point commun entre tes livres. Tu illustres une sorte de vérité. Grandir, ce n’est ne plus se faire d’illusions.

Oui, ça revient dans mes trois livres. Pour moi, grandir, c’est continuer de rêver, parce que tous mes personnages fictifs ne s’arrêtent pas de rêver, mais sans se faire d’illusions. C’est-à-dire, ils rêvent de choses réelles. Rêver d’illusions équivaut à se perdre. Comme si tu n’étais pas vivant. C’est une autre forme de mort, quand on n’assume pas la réalité.
Cependant, quand tu rêves de choses réelles, tangibles, simples, palpables, ça fait du bien. Après, j’aime aussi rêver de choses irréelles ! Un jeu vidéo peut me transporter. Émotionnellement, je vis quelques chose, ça existe. En d’autres mots, grandir, c’est garder sa part d’enfant, en assumant d’être dans un monde adulte, sans illusion. T’arrêtes de croire que tout est beau et naïf. De fait, ce n’est pas le cas. Néanmoins, tu peux vivre ton quotidien naïvement, si tu veux. Ce n’est pas un piège. Ce n’est plus un piège.

Interview organisée par brunoaleas – Photo ©Francesca Mantovani

Lost Highway

Fred Madison (Bill Pullman), un saxophoniste, vit avec sa femme, Renée (Patricia Arquette), dans une relation froide et distante. Un jour, ils commencent à recevoir d’étranges cassettes vidéo filmant leur maison, puis leur chambre à coucher pendant leur sommeil. Lors d’une fête, Fred rencontre un mystérieux homme pâle qui semble le connaître d’une façon inquiétante. Peu après, Renée est brutalement assassinée, et Fred est arrêté bien qu’il ne se souvienne de rien.

En prison, un événement surnaturel se produit : Fred disparaît. Il est alors remplacé par Pete Dayton (Balthazar Getty), un jeune mécanicien qui ne se souvient pas comment il est arrivé là. Libéré, Pete entame une liaison avec Alice Wakefield (Patricia Arquette), la maîtresse d’un gangster violent, qui ressemble étrangement à Renée.

Lost

Lost Highway s’éloigne des productions qui consistent à prendre le spectateur par la main pour lui narrer une histoire. Ici, le réalisateur, David Lynch, impose à être attentif à chaque détail.

Le scénario est fragmenté, le réel et le songe se mélangent, le présent et le futur se confondent. À l’instar de lecteurs d’un polar, les spectateurs de Lost Highway tentent de rassembler toutes les pièces dans l’ultime but de ne pas s’égarer.

La difficulté principale que le spectateur affrontera dans son visionnage est la vitesse. En effet, le mot « highway », « autoroute » en français, n’est pas un hasard. David Lynch impose une cadence dans la trame narrative, semblable à la vitesse des voitures sur l’autoroute.

Conseil d’ami : accrochez-vous bien pour ne rien rater.

Lucid Dreams

Les rêves lucides correspondent à l’instant où, dans notre sommeil, nous prenons conscience que nous sommes en plein rêve.

Lorsque Fred est remplacé par Pete, par un évènement surnaturel dans sa cellule, la suite de l’intrigue semble être un rêve lucide pour le spectateur.
Cette deuxième partie du film requiert une attention et une concentration plus particulière, car elle permet de comprendre la première partie du film.

La bande-son

La bande-son de Lost Highway est une pièce maîtresse de son atmosphère. Elle mélange rock industriel, dark ambient et jazz pour créer une ambiance à la fois hypnotique, angoissante et électrique. Supervisée par David Lynch et Trent Reznor (Nine Inch Nails), elle reflète les différentes facettes de l’œuvre : l’étrangeté, la violence, la sensualité et la perte de repères.

En somme, David Lynch propose une course effrénée aux frontières de la réalité, à travers une narration fragmentée et une bande-son envoutante.

Fortuné Beya Kabala

LA DURE A CUIRE #126

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Monteceneri

Qui sont les groupes les plus intéressants en Italie, actuellement ? Comptons Verdena, Messa, Gomma, Selva Oscura, Le Pietre dei Giganti, et maintenant, le très planant Monteceneri.

Lucio Corsi

Un article est en préparation. A quel sujet ? L’univers de Lucio Corsi. L’angle est précis. L’angle est accrocheur ! Stay tuned, brothers and sisters.

Waxahatchee

Je n’aime pas la musique country. Puis, apparaît Waxatchee et ses nombreuses facettes.

Chat Pile

En termes d’histoire américaine, l’Oklahoma s’impose comme le pire endroit de taré pour naître, habiter… penser le politique ou le reste. Et ça rejaillit sur notre musique, qui hérite de notre choix de rester vivre dans cet endroit complètement tordu.

Chat Pile dans New Noise n°73

brunoaleas

Bigflo & Oli toujours aussi frais

Bigflo et Oli. Aujourd’hui, qui est si frais ? Les frères se complètent souvent pour décoller de mots en mots. « Mexico en janvier », écrit dans une chambre d’hôtel, clipé le lendemain, illustre leur facilité à surfer sur une prod spécifique.
Nous avons l’incroyable chance d’avoir l’avis d’un expert rap. Selon BazZz, il s’agit d’une prod Détroit. Cette instrumentale se caractérise par ses 808 en triolet, une unité rythmique utilisée pour insérer 3 notes dans un intervalle normalement occupé par 2 notes. Elle prend racine au Michigan. Voici un exemple.

Leurs paroles méritent aussi de l’attention. L’importance de rêver, l’authenticité, les pathétiques moralisateurs, la sainte admiration à l’égard d’autres artistes. Les artistes abordent ces thèmes avec simplicité et justesse.

Etonnamment, nous sommes plus optimistes dans la vie que dans nos paroles. Nos textes résonnent comme une alarme. L’écriture répond souvent à une urgence. Pourtant, nous plaçons beaucoup d’espoir en l’avenir et croyons très fort en la jeunesse.

Biglo à Paris Match

Même si la citation de Bigflo annonce l’inverse, je ressens vraiment leur optimisme. Comment ? Pourquoi ? Il suffit d’écouter leurs sons. « Mexico en janvier » affiche le duo totalement à l’aise, prononçant la langue espagnole, tranquillement. Ils font plaiz au peuple, en déclarant leur amour du rap, en honorant leur origine. Comment ne pas danser de la tête ?
Bref, avouons une observation de plus en plus vraie. Quand Booba demeure inintéressant, quand Damso devient trop cru et plat, Bigflo & Oli débarquent pour détrôner les darons du rap.

brunoaleas – Photo ©Universal

LA DURE A CUIRE #125

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Edges

Le boss est de retour ! Guillaume Vierset partage un second album, Morning Mr. Protocol. Ecouter ses nouveaux morceaux, c’est se trémousser sans hésitation. Bref, ça swing. Comme si, cette fois, le guitariste préférait danser au lieu d’annoncer la fin du monde.
Puis, dans les stades de foot, comme pour les politiciens, les saluts nazis deviennent monnaie courante… autant défoncer les protocoles avec style.

Moussa

Je découvre Moussa sur scène, en 2018. A l’Ancienne Belgique, il fait la première partie des poètes nommés Odezenne. Il honore déjà les luthiers, en jouant de la guitare, en solo, confiant. Aujourd’hui, il offre son plein potentiel rien que pour nos oreilles !

Logiciel

Hymne psychédélique, voici ce qu’on lit dans description de Géographie, label de Logiciel. Impossible de nier tant de créativité !

Paolo Benvegnù

Hommage à Paolo Benvegnù (1965-2024).

brunoaleas

LA DURE A CUIRE #124

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Edgar Déception

Ecouter les sorties de Flippin’ Freaks amène à une satisfaction. Du grunge assumé des TH da Freak au rock ultra gras d’Opinion ! Les belles mélodies à savourer au petit matin ne sont pas à nier. Elles captent l’attention. Edgar Déception répond à l’appel. Le monde est aussi douceur.

Djo

Pourquoi regarder Stranger Things, quand on peut écouter de la bonne musique ?! Joseph Keery est bien plus qu’un acteur. J’attends son nouvel album, The Crux, avec impatience.

Stonks

Quatuor belge, Stonks chante et joue avec nonchalance. Pas n’importe laquelle ! Leur attitude offre une ambiance à la fois planante et remplie d’une obscure énergie. A suivre de près !

Spill Tab

Spill Tab se penche sur une chanson aux paroles universelles, à la composition intelligente. Une idée qui torture, c’est une instru qui sature.

brunoaleas

Lennon, le visionnaire

Par le passé, je décris la chanson la plus actuelle de John Lennon. L’individualisme est la ruine de tout un chacun. C’est pourquoi, les paroles de « Isolation » demeurent, encore aujourd’hui, un vrai miroir de notre époque. Cependant, les mots ne sont pas assez forts pour qualifier Lennon. Nous avons affaire à un visionnaire.

1971. Un disque légendaire est dans les bacs ! Imagine présente un artiste confiant et fédérateur. Contextualisons. Plastic Ono Band, le premier album solo de John Lennon, enterre son passé. Les Beatles ne sont plus qu’un chapitre de sa vie. Il tourne la page et se lance vers une carrière artistique, parfois synonyme de sensibilisation des foules.

Quant à Imagine, il affiche l’offensif « Gimme Some Truth ». Le texte de la chanson est franc, fascinant, voire universel. De fait, le chanteur abat les sociopathes, ou plus précisément, les foutus politiciens. Il prononce ses attaques à une époque digne d’un nanar sanguinaire. L’humanité suit la guerre du Vietnam. 3,5 millions de jeunes Américains sont envoyés au front, entre 1965 et 1972…

Manifestation contre la guerre du Vietnam, à Washington DC (avril 1971) – ©Leena A. Krohn

On ressent un changement depuis la sortie de « Gimme Some Truth » ? Nos sociétés vivent en paix ? Les uns se félicitaient d’avoir créé l’Union européenne, de posséder l’arme nucléaire pour contrer les guerres. Les autres devinrent défaitistes.
Au Vieux Continent, le fascisme revient à la mode. Aux USA, la déraison règne dans les sphères politico-médiatiques. Alors, je peux citer Noam Chomsky, Roberto Saviano, Hannah Arendt. Ils préviennent du danger. Mais à quoi bon évoquer les intellectuels à chaque article ?

John Lennon avait vu juste. Tout ce que nous voulons, c’est la vérité.

Stop à la course à l’armement. Les dépenses militaires mondiales battent un record en 2023, en atteignant 2443 milliards de dollars, soit 6,8 % de plus que l’année précédente. Stop aux eurodéputés corrompus par le Qatar et le Maroc. Stop aux présidents laissant la police brutaliser des manifestants. En France, 5 ans après le mouvement des Gilets Jaunes, on compte 23 éborgnés et zéro condamnation.

 I’m sick and tired of hearing things

Moi aussi, John… heureusement, ta musique conscientise un maximum. Je ne sais pas si elle sauvera le monde, mais elle sauvera le mien.

brunoaleas

PopKatari Interview

Hadrien Panelli manœuvre PopKatari. Ce collectif liégeois organise des concerts. Par le passé, Hadrien invite plusieurs fois Je Crie C’est La Musique à ses évènements géniaux et improbables. Fêtons les 15 ans de PopKatari ! Questionnons le mélomane qui nous fit directement confiance.

Tu gères en partie PopKatari depuis ses débuts. Quelle est ta plus grande fierté ?

Je voudrais rappeler que pour moi l’organisation de concert est avant tout un plaisir. A partir du moment où tu fais les choses par passion, tout est plus simple. Il n’y a pas vraiment d’orgueil ici, mais plutôt de la satisfaction. Pour répondre à ta question, je dirais : le fait d’avoir organisé des concerts pour des centaines de groupes qui ne seraient peut-être pas venus jouer à Liège, si PopKatari n’avait pas existé. Citons Sumac, Protomartyr, Pile, Dilly Dally, Mike Krol, Sannhet, Birds in Row, Glassing, Portrayal of Guilt, Mannequin Pussy, etc.

Certains festivals, comme les Ardentes ou Werchter, vendent des tickets à des prix exorbitants. Il faudrait plus de collectifs comme PopKatari, proposant des concerts à un prix raisonnable.

Bien sûr, j’espère que d’autres collectifs verront le jour car d’autres ont cessé leurs activités ou ont levé le pied. La Zone, le KulturA. et le Hangar offrent de très bonnes conditions d’accueil pour les collectifs, il faut faire vivre ces lieux. Ce serait super que des jeunes puissent proposer davantage de soirées et concerts car pour le moment ce sont essentiellement des gens de plus de 35 ans qui programment les concerts dans ces salles.
Malheureusement, comme dans beaucoup de secteurs, il faut du temps pour te faire ta place et comprendre comment les choses fonctionnent. Si je pouvais aller dans les écoles donner des formations sur l’organisation de concerts en mode bénévole, je le ferais. Dès que je rencontre des jeunes qui s’intéressent à l’évènementiel, je leur partage humblement des tuyaux pour qu’ils puissent être en confiance et se lancer.

Quand on organise des concerts, quand on invite des groupes parfois méconnus, quelle technique fonctionne le plus pour ramener le plus de monde aux concerts ?

Il n’y a pas de technique miracle, mais combiner des groupes locaux avec une tête d’affiche étrangère qui fait sa première tournée peut aider à attirer les Liégeois. On croise toujours les doigts pour que le public découvre les groupes de la programmation PopKatari avant la date. Ce qui arrive souvent, c’est que les groupes deviennent plus connus après leur passage à Liège. On attire, en moyenne, 40 personnes par concert. Ce n’est pas exceptionnel.
Je suis persuadé qu’avec nos affiches, il y a 30 ans, on aurait attiré trois, quatre fois plus de public. Notre présence sur internet est assez discrète, mais je n’ai pas le temps ni les moyens de pousser plus…

Ce 15 mars, on fêtera les 15 ans de PopKatari, au Reflekor. A l’affiche : Peuk, Cere, Creve Cœur, Kocaze et Bleeds. Ces groupes ne jouent pas dans les mêmes registres. La scène franco-belge n’a jamais été aussi inspirante ?

Il y a toujours eu de super groupes en Belgique et en France, mais aujourd’hui, tout le monde peut enregistrer un album avec peu de moyens donc tu as encore plus de groupes qui se créent. Il suffit de regarder le nombre incroyable de sorties sur Bandcamp, chaque semaine. C’est difficile de suivre. La particularité de la soirée du 15 mars, c’est que chaque groupe a déjà joué à une soirée PopKatari. Il y a des copains, voire des amis proches, dans chaque projet. J’avais envie de réunir des musiciens qui comptent pour nous.
Bleeds, c’est le projet électro de mon meilleur ami Victor. On va d’ailleurs clôturer la soirée ensemble. Je jouerai de la batterie sur la fin de son set. Kocaze, c’est le projet dark folk d’Oli (Räum, Down to Dust) avec sa copine. Oli est un ami avec qui je joue depuis plus de 10 ans. Il a rendu de précieux services à PopKatari, notamment en s’occupant de sonoriser et mixer des tas de concerts. Cere est un groupe qui compte aussi. On connaît bien chaque membre. Ils sont super importants pour la scène locale : Pierre (All Caps, Mont-Doré), Thierry (Daggers) et David (Landrose). Creve Cœur, c’est un nouveau groupe de Paris qui sonne comme Metz avec du chant en français. Ils ont déjà joué à La Zone, en 2023. Leur bassiste, Boris, est un bon pote. Il joue aussi dans Parlor. Et enfin, notre tête d’affiche, c’est Peuk. Ce groupe est hyper attachant. Nele Janssen est une des meilleures chanteuse/guitariste de Belgique. Elle a une voix qui rappelle celle de Kim Gordon. Pour les nostalgiques des 90’s, le concert de Peuk est un must. En Flandre, le groupe est plus connu qu’en Wallonie. Ils ont déjà joué au Pukkelpop et à Werchter. On espère donc qu’il y aura du monde le 15 mars, au Reflektor. 

Interview organisée par brunoaleas – Photos ©Mattias Devroye