Découvert en première partie d’Odezenne, lors d’un concert à Liège, Equipe de Foot est un groupe rock constitué d’Alex et de Mike. Batteur et guitariste livrent un album, où une femme s’y pose au centre : Chantal aux sonorités sauvages et bestiaux

Saviez-vous déjà quelle sonorité produire, avant même de composer ?
Alex : Avant de réellement composer, on était sûr de deux choses : on voulait faire du rock avec du gros son et on voulait rester un duo, car en duo, tout va plus vite, beaucoup plus vite. Du coup, on a cherché comment sonner massif sur scène, en n’étant que deux. On a trouvé quelques solutions techniques via deux amplis guitare, un ampli basse et beaucoup de disto. Puis, Benja, notre copain ingé-son, a mis son nez là-dedans et on s’est retrouvé avec un son d’énorme mammouth.
Mike : Il y avait quand même la contrainte de sonner gros et gras mais pas violent, on ne voulait pas faire de la mule. Et c’est vrai que Benja nous a beaucoup aidé à faire grossir le mammouth. Il est, maintenant, bien gras et bien velu, il me semble.
S’il fallait choisir un adjectif et une couleur pour Chantal, quelles seraient vos réponses ?
Alex : Je dirais : “sincère” et “bleu” . “Sincère” car, que ça soit dans notre musique, dans nos paroles, ou encore, lorsqu’on est sur scène, on ne raconte pas d’histoires. Notre musique va, désolé pour la blague, droit au but. Nos textes sont des choses absolument intimes et vraies. On ne parle pas de choses qu’on ne connaît pas, qu’on n’a pas vécues ou qui ne nous touchent pas. Sur scène, c’est un peu le même délire, il est impossible pour nous d’avoir la classe dans nos maillots de foot trop grands, on est au final un peu à poil. On ne peut pas se cacher derrière une attitude.
“Bleu” aussi parce que cet album est blindé de mélancolie, et en même temps, le bleu m’évoque des immensités, le ciel par exemple. Chantal aborde des thèmes sacrément universels comme l’amour, la rupture, les souvenirs, le temps qui passe et qui essaye de nous faire oublier nos passions d’adolescent. “Bleu”, c’est aussi la couleur de la super pochette de Chantal réalisée par Ita Duclair.
Y a-t-il un message qui relie chaque chanson ?
Alex : Au final, le fil conducteur est certainement Chantal. Chantal représente un peu la femme : la femme aimée, la femme qui te quitte, un amour d’adolescent, une mère. Là où notre premier EP ne parlait que de rupture, ici, on parle également de l’amour naissant, de sexe, de la rencontre de l’autre et de la cohabitation avec son passé.
Parlons d’un autre groupe. Vous avez fait la première partie d’Odezenne. Décrivez votre rencontre avec ces poètes.
Alex : La rencontre avec Odezenne s’est faite par hasard. C’était en janvier 2016, on était un tout jeune groupe. On avait fait quatre ou cinq concerts et trois démos.
On a participé au Tremplin Inter-Quartiers de la ville de Bordeaux parce que la finale avait lieu dans une salle de concert qu’on adore : la Rock School Barbey. On n’avait aucune illusion sur nos chances de remporter ce tremplin, mais on voulait aller jouer à Barbey ! Les gars d’Odezenne étaient dans le jury de ce tremplin et ont vachement aimé notre façon de faire du foot avec une guitare et une batterie. Arrivent les délibérations pour choisir le vainqueur du tremplin ; personne ne vote pour nous. Alix, Jaco et Mattia sont choqués qu’on ne remporte rien. Ils décident de créer spécialement pour nous “un prix Odezenne”. Ils nous offrent alors une première partie sur une de leur dates. On est comme des gamins ! De fil en aiguille, on aura joué dix-sept fois pour eux, en 2016. On ne les remerciera jamais assez !
Parmi les formations constituées de deux personnes sur scène, qui admirez-vous ?
Alex : “Admirer”, c’est fort comme mot ! Disons qu’il y a pas mal de duos cools ! Perso, j’aimais beaucoup les Black Keys, avant qu’ils ne partent en couille. Les White Stripes, bien entendu. J’aimais bien également un duo australien qui s’appelait The Mess Hall, mais je crois qu’ils ont arrêtés. Il y a aussi un duo belge que j’écoute souvent, ils s’appellent Alaska Gold Rush ; jamais vu sur scène, mais ils ont l’air cool ! Ah oui, The Mirrors aussi sont GAVÉ FORTS. C’est un duo guitare/batterie d’Angers. Sarah déchire à la gratte. Corentin déchire à la batterie. On les a invités à jouer avec nous pour la release party de Chantal. Ils nous ont mis la pétée.
Mike : J’aime beaucoup The Dodos, un groupe américain de folk, un peu vénère. Ils sont deux et c’est hyper bien. Leur album Visiter est complètement ouf.
Revenons à l’album. Le morceau « 29 Octobre » se détache vraiment des autres. Il y a eu une aide, des conseils externes pour cette piste ? Aurons-nous droit à d’autres morceaux de ce type ?
Alex : « 29 Octobre » est effectivement un morceau un peu plus différent. On l’a abordé un tout petit peu différemment. L’idée n’était pas de “faire le rock” mais d’accepter d’être en accord avec l’ambiance assez sombre du morceau. Benja, notre ingé-son, nous a beaucoup aidé à rendre en son ce qu’on voulait faire, notamment avec cette basse sur les couplets. C’est un texte dont je suis assez fier. Je le trouve juste et simple. Il fallait que la musique aille dans le même sens avec très peu de fioritures, restant simple et gardant en même temps un côté “sûr de soi”.
Est-ce qu’il y aura d’autres morceaux de ce type dans le futur ? Certainement. Notre conviction, quand on a créé Equipe de Foot, était de pouvoir faire ce qu’on voulait. Si le troisième album doit être un album de hip hop, alors ce sera un album de hip hop. Zéro limite.
Les adolescents que vous étiez seraient fiers de vos compositions.
Alex : Je ne sais pas si l’ado que j’étais aurait été prêt à entendre notre musique car il écoutait beaucoup de pop. Cela dit, je pense que s’il avait eu une vision du futur incluant Equipe de Foot, il aurait été beaucoup plus détendu dans sa vie.
Mike : L’adolescent que j’étais serait sûrement très content de la musique qu’on fait. Mais il serait surtout très content de savoir qu’un jour, il va finir par pécho et qu’il aura une PS4.
brunoaleas – Interview réalisée le 24/10/17