Le temps libre de Paradoxant

Paradoxant s’écoute comme si on savourait comme un vin au goût imprévisible. Le groupe belge attire souvent mon attention, tant leur direction artistique est attirante pour les yeux et oreilles. Que ce soit les clips animés brillamment ou leur côté barjot, on s’amuse.

La comédie n’est pas synonyme d’abrutissement. Pour leur dernier clip en date, le quatuor révèle « Jamais sans personne ». On y observe un personnage aux couleurs chamarrés, une sorte de bombe humaine prête à gueuler dans les rues parisiennes. Se met-il à fuir ? Fuir l’ennui, car l’ennui fait peur selon les créateurs de Netflix. Ce perso fuit on ne sait quoi, mais rappelle ô combien l’humain peut être pathétique quand il n’embrasse pas la solitude.

Etre seul revient à réfléchir sur soi et les autres, parfois. Souvent, les gens aiment subir l’infobésité, la surcharge mentale. D’ailleurs, l’ociofobia, terme inventé par le psychologue Rafael Santandreu, désigne la phobie du temps libre. On serait étonné de connaitre le nombre de proches touchés par ce besoin constant de faire des activités, afin d’éviter la culpabilité, l’anxiété et le sentiment de gaspillage du temps. 

Vers la fin du 17ème siècle, Blaise Pascal avait déjà compris les attitudes de ses contemporains. Le philosophe décrit l’ennui dans les pages de Pensées.

Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application.
Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide

Le vide est nécessaire. Parfois, pour mieux réfléchir et comprendre, éloignons-nous du bruit. Est-ce la morale de la chanson « Jamais sans personne » ? Je l’espère.

brunoaleas – Photo ©Lise Lefebvre

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