11. Policy de Will Butler
Le petit frère de Win Butler (chanteur d’Arcade Fire) a vendu du rêve en grosse barre en se lançant dans une carrière solo.
Ce percussionniste, pianiste, guitariste, bassiste et chanteur a fait un fabuleux album rock mêlant chœurs, saxophone et gratte électrique.
C’est un garage rock épique que cet acharné de la scène rock nous délivre, avec des chansons entraînantes, comme la très belle « Witness ».
Cet album traverse également des tempos plus lents avec des ballades telles que « Finish What I Started » (qui rappelle John Lennon), ou encore « Son of God », ballade qui mériterait d’ailleurs d’être chantée avant chaque diner, le soir, à table, et en famille!
« Sing To Me » représente le point d’accalmie (piano, notes rondes) qui complète un tout décidément éclectique.
« Clean Monday » regroupe les sons synthés qui semblent être la signature de l’artiste.
« Anna » et « Something’s Coming », qui ont été choisies pour être les clips vidéos de l’opus, symbolisent l’hétérogénéité de l’album à la perfection. Néanmoins, ces deux morceaux, même s’ils restent particuliers et intéressants, ne détiennent pas une puissance pareille aux pépites que sont les 11 autres.
« Take My Side », « What I Want »et surtout « Witness » sont les trois vainqueurs grâce aux chœurs féminins tout simplement envoûtant, aux paroles faciles à retenir et à leurs rythmes vifs comme des éclairs.
10. Currents de Tame Impala
« I also have a desire to sound like Britney Spears, I love pop music and bad plastics »: telles sont les paroles de Kevin Parker (chanteur et leader de Tame Impala) délivrées lors d’une interview au Rolling Stone Magazine, au sujet de l’album Currents.
Il faut avouer que ces déclarations ne sont pas mensongères: Currents est à la frontière entre un album des Beatles et un album de Britney à la « plasticité » ultra commerciale.
La grande qualité de cet album est d’offrir une plus grande originalité par rapport aux précédents. Il est sûr que Tame Impala détient encore son ambiance psychédélique (il n’y a qu’à écouter « Let It Happen ») mais Parker (producteur, interprète et mixeur de l’opus) a su, perfectionniste qu’il est, proposer un album unique avec des synthétiseurs qui représentent une grosse part du travail.
« Past Life » est une épopée électro où les guitares sont mises à l’écart.
« Nangs » démontre la maîtrise des sons électroniques de Parker. Le son de basse dans « Eventually » donne des frissons tellement il est sexy et groovy.
En ce qui concerne le titre phare qui nous a été dévoilé en premier, il relève de l’extraordinaire. En effet, « Let It Happen » me fait penser à un « space opera » muni de mélodies qui nous apparaissent toujours nouvelles, découvertes au fur et à mesure que la chanson avance et faisant en sorte d’oublier que ce titre dure près de 8 minutes car il est au final, hors du temps!
Bref, Tame Impala signe un tournant dans sa carrière qui n’a rien de décevant.
9. Rktkn#2 de Raketkanon
Le premier album de ce groupe inclassable était déjà superbement plaisant et cette deuxième création… Nom de Zeus!
Je ne vais pas résumer cette critique à cette simple citation et exclamation de Doc. Je le pourrais bien quand on y pense. C’est vrai quoi, Raketkanon ne fait pas dans la prose ordinaire, assimile guitare lourde avec sons synthés pratiquement toujours pareils et des prénoms sont les titres de leurs chansons!
Non mais oh!
Taxez moi de schizophrénie, mais cette rage contre ce groupe est fausse bien sûr. Derrière les mots du texte plus haut, se cache toute la poésie que symbolise Rktkn#2.
Quand on sait que ces gaillards de Ghent ont collaboré avec Steve Albini (le bonhomme qui a produit notamment In Utero de Nirvana et Sufer Rosa des Pixies), il fallait bien s’attendre à un album exquis et plus que bestial.
Elisa est le nom de mon premier coup de foudre. La chanson « Elisa » reste en soit aussi un coup de foudre lié à sa dimension calme (début du morceau) menée par le guitariste, puis à un autre beaucoup plus agressive (reste de morceau).
Le pur bijou en live comme en mp3 est « Harald » avec son retour de flamme à la…. « Aiaiaaaaaaaaah!!!! ».
Tout comme The Garden, Raketkanon est une bande de musiciens nécessaire à cette ère du temps, car il propose une autre vision de la violence auditive et de l’évasion musicale totale vers un univers qui leur est propre.
Fuck yeah!
8. Sol Invictus de Faith No More
Sol Invictus est ce que j’appelle un album qui déchire l’anus de Cerbère, gardien des enfers!
Ces derniers temps, des vieux groupes se sont réunis à la pelle pour déverser un dernier jet musical, histoire de laisser vivre encore leurs mythes d’antan (Blur, Pixies, The Libertines, Pink Floyd). Cependant, les meilleures surprises sont celles où aucune déception ou routine n’est au rendez-vous.
Faith No More a encore une fois pu démontrer que sa force est éternelle.
Mike Patton est toujours aussi énergétique du feu de Dieu! Il n’y a qu’à écouter « Superhero » qui est une envolée musicale magnifique provoquée via ses cordes vocales (les plus rock’n’roll de ce siècle). Mickey commence la piste avec des retours de « Go! » qu’on se prend en pleine ouïe et qu’on savoure juste avant de longs chants (qui détiennent une espèce d’effet à ondes d’opéras). Cette chanson à elle seule montre et résume à quel point le groupe est prométhéen dans le domaine artistique.
Les cris du Mickey enragé dans « Black Friday », la mélodie apocalyptique de « Matador », les « Motherfuckers! » solennels soufflés dans « Motherfucker » et « From The Dead »qui clôt de façon joyeuse les 45 minutes… Font tous partis des codes « faithnomorien »!
« Sunny Side Up » suscite aussi un plaisir auditif: la basse lourde débute le morceau accompagnée d’un piano allègre, Mike Patton se coordonne avec les sons produits par la guitare au refrain et c’est à 1 minute 25 que le guitariste utilise un effet « funky » qui annonce la deuxième partie grandiose.
Inutile de vous dire que tous les membres du groupes ont su garder leurs qualités d’artistes capables de chansons différentes mais liées par le cordon ombilical de la violence (je pense notament à l’enchainement des titres de « Separation Anxiety » à « Cone of Shame »).
Cet album ne détrône pas, à mon humble avis, la force brutale de l’album Album of The Year (sorti en 1997 et peut-être mon petit favori).
Néanmoins, on ne peut synthétiser ce groupe à leur agressivité: « Easy » et « Evidence » en sont de belles preuves de polyvalences passées.
C’est pourquoi, Sol Invictus reste du Faith No More tout craché qui n’a pas du décevoir les fans de cette bande menée par un Mike Patton plus que productif ces dernières années.
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