La Ballade de Buster Scruggs

Scénaristes, réalisateurs et producteurs, Ethan et Joel Coen (Fargo, The Big Lebowski) reviennent en force sur Netflix! Alors que leur projet de film sous forme de sketchs n’allait pas voir le jour, Netflix l’a pris en charge.

La quête de créativité qui a déserté Hollywood, on la retrouve chez Netflix et Amazon. La singularité et l’audace sont leurs arguments de vente. Pour satisfaire leurs clients, ils doivent augmenter leur offre, donc produire toujours plus. Ce qui implique de donner leur chance à de nouveaux talents.Ethan Coen

Quel miracle!

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La Ballade de Buster Scruggs représente une synthèse de toute la filmographie du duo américain. Chaque thème renvoie à des comédies ou à des drames parfaitement liées à leurs œuvres. Ce sont 6 sketchs qui vont plonger le spectateur dans un western où second et premier degré s’entrechoquent.

Ce long-métrage s’encre dans du pur cinéma. La narration ne colle jamais à un réalisme fastidieux. Un livre nous ballade dans diverses fictions surprenantes. J’adore ce parti pris de produire des scènes anthologiques. Considérer le cinéma comme miroir d’aventures rêvées ou redoutées. Quant à la photographie, on ne compte plus les plans qui font honneur au genre. Si l’on s’ennuie parfois, c’est peut-être pour mieux contempler des décors qui surpassent l’imaginaire. Bel hommage à Sergio Leone, quand l’on sait qu’Ethan Coen en est fan. Adieu les fonds-verts, place à une éblouissante nature.

Certes tous les sketch ne se valent pas. Certains durent plus longtemps et d’autres sont à la fois expéditifs et efficaces. Néanmoins, chacun y trouvera sa place. La Ballade de Buster Scruggs est parfait pour tout inconnu du style Coen. Cet aspect rend le film accessible à tout le monde. Car si l’humour des deux frères semblent trop alambiqué, il est utile à la réflexion. Véritable méditation sur l’absurdité de la vie ou sur le hasard quotidien, ce long-métrage brasse de nombreux sujets touchant à la condition humaine.

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Sa comparaison se vaut avec la description de Roger Faure et Emili Teixidor (Encyclopédie Alpha du Cinéma, vol. 6, 1976) au sujet de westerns tels que Rio Bravo (1958), El Dorado (1966) ou encore La Rivière Rouge (1947):

Dans tous ces films, les rapports de l’homme avec la nature sont présentés comme un jeu: la vie elle-même ne saurait être vécue qu’à la façon d’un jeu et d’un risque, et la maturité de l’adulte réside précisément dans sa capacité d’identifier, comme l’enfant, les fins et les moyens.

Nul besoin de poser l’étiquette du manichéisme sur chaque personnage de La Ballade de Buster Scruggs. L’humanité des protagonistes résonnent en chacun de nous via leur volonté de survivre.

A quoi s’ajoute une dimension philosophique. Le dernier sketch se perçoit comme une métaphore au passage vers le monde des morts. Ses dialogue nous emmènent vers un western atypique. Dans une diligence, les conversations deviennent alors métaphysiques.

Bien plus pertinent que Ave, César! (2016), le dernier film des frères Coen nous rappelle qu’ils sont à la réalisation de chefs-d’œuvre.

DRAMA

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