Comment Damso est-il devenu un personnage incontournable du rap FR ? Le parcours de Damso est fulgurant depuis à peu près deux ans. Sorti de l’inconnu (ou presque) par Booba, le bruxellois n’en finit pas de plaire et est devenu un véritable phénomène de mode. Qui aujourd’hui n’a jamais entendu parler de Damso ? Voici l’analyse d’un parolier passé du quartier d’Yser à la salle de Forest National.
Cet article parlera bien évidemment de son dernier album en date, Ipséité.
J’aimerais auparavant évoquer son parcours, afin de mieux cerner les raisons de son ascension.
Damso est un auteur de rap, cela me parait évident, mais il est également compositeur. Il s’est lancé dans la musique en composant ses propres beats, en réalisant ses propres mixs, etc. Ce talent de compositeur lui a rapidement permis de produire des sons très propres dès ses débuts. Il intègrera un collectif nommé OPG, auquel il fait encore souvent référence dans ses morceaux.
Il sort son premier projet en solo intitulé Salle D’Attente en 2014. La mixtape est variée et permet surtout de poser les bases stylistiques que Damso va, pour la plupart, conserver dans ses albums suivants. Un personnage très sombre s’illustre déjà via le morceau « Ma Putain ».
–Petit aparté: il nomme son album Salle D’Attente en référence à un prochain album auquel il pense déjà : Batterie Faible.-
Damso utilise déjà un vocabulaire très cru qui ne plaît pas à tout le monde. Il sort également quelques singles par-ci par-là tels que « Poséidon » (qui est d’ailleurs une tuerie) ou encore le désormais très célèbre « Comment Faire Un Tube ? ».
Il est ensuite recruté par Booba et son label.
Il fait sa première apparition pour le 92i (collectif et label de Booba) sur l’album Nero Némésis de B2O, et plus particulièrement sur le son « Pinocchio ».
Il finalise par après son premier album solo.
Damso se construit un personnage qui sort de la norme. Il ne faut pas comprendre par là que tout était calculé, mais le rappeur belge a surtout réussi de par son style d’écriture et sa manière de rapper (son flow quoi) à créer un type de personnage qui n’existait pas dans le monde du rap.
Passons maintenant à l’objet principal de cet article, le deuxième album de Damso : Ipséité. Définissons le terme « Ipséité ». Je me doute que vous avez dû entendre des définitions à de nombreuses reprises mais je trouve essentiel de donner ma version du terme afin de pouvoir poursuivre mon cheminement analytique.
L’ipséité est l’élément qui fait qu’un individu ne ressemble à aucun autre. Cet individu est donc unique et « exceptionnel » (dans le sens où il n’est pas ordinaire). Il y a donc une connotation d’égocentrisme assez forte dans ce terme. On sait déjà que Damso aime bien tout ce qui est dans la catégorie « égo-trip ». Ce genre de rap constitue plus de la moitié de ses chansons. On s’attend donc à un album vraiment axé sur des thèmes plutôt « égocentrés ». Pourtant, lorsqu’on s’intéresse de plus près à l’album dans son contenu, on se rend compte que ce n’est pas forcément le cas.
En effet, Damso ne parle pas que de lui dans cet album. Il évoque la situation de son pays d’origine, il porte un regard critique sur lui et traite également de sa fille qui vient de naître.
Alors pourquoi est-ce que cet album porte le nom d’Ipséité ?
Et bien malgré le fait qu’il parle d’autres thématiques que lui-même, il fait transparaître toute un éventail représentatif de l’individu qu’est William Kalubi (son vrai nom). Il y a d’ailleurs un morceau qui explicite extrêmement bien toute la représentativité des morceaux par rapport au titre, il s’agit de « Mosaïque Solitaire ». Rien que le titre de la chanson fait appel à l’idée que je viens d’évoquer. Une mosaïque est un symbole fort d’une fresque sur laquelle énormément de parties, qu’on ne jugerait pas harmonieuses, viennent se greffer, pour au final surprendre et créer une œuvre tout à fait inédite.
Si vous vous attendiez à ce que je vous donne un avis simple et concret sur l’album je le peux également. Cependant je trouverais ça un peu redondant par rapport aux autres analyses que j’ai déjà faites, qui au final se résumaient à « J’aime bien. » ou « Je n’aime pas. ». J’ai donc décidé aujourd’hui de porter tout d’abord un regard critique sur l’ascension de Damso en analysant pourquoi il était devenu si important dans le monde du rap francophone. J’ai également voulu analyser la globalité de l’album et non pas les morceaux les uns après les autres. Cela vous donne ainsi une idée plus complète de l’album, tout en gardant une grande part de mystère pour ne pas gâcher votre plaisir. J’espère que vous aurez apprécié ce nouveau format d’analyses et n’hésitez pas à me faire des réflexions dans l’espace commentaire.
Laurent Grauls