Blue Lock

L’équipe nationale de football du Japon fait des résultats très décevants (un peu comme dans la réalité). Les sponsors et les fans se lassent ; plus personne n’attend rien des équipes japonaises C’est alors qu’apparait un homme aussi fou que brillant. Un analyste de génie qui promet dans un sursaut d’orgueil de créer lui-même le meilleur buteur que l’histoire n’ait jamais connue !

Pendant ce temps, Isagi, notre protagoniste, vient de perdre sa seule chance de participer au tournoi national de football. Ruminant son échec et laissant tomber ses rêves, il reçoit une lettre de la fédération nationale de football. Il a été sélectionné pour participer à un “projet d’amélioration de joueurs”. Lui et 299 autres avant-centres de moins de 18 ans devront vivre ensemble et s’affronter sur le terrain sans arrêts, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un !
Après un tel entrainement intensif et le génie de leur coach, le vainqueur deviendra forcément le meilleur buteur de l’histoire !

Avouons que mélanger les thèmes de survie (Battle Royale, Mirai Nikki, BTOOOM) et de sport (Eyeshield 21, Prince of tennis, Hajime no Ippo), il fallait y penser ! Ces deux genres se combinent parfaitement. Le côté “nekketsu” du sport et la tension dramatique des battles royales s’allient pour nous donner une œuvre où la progression du protagoniste et sa survie (enfin, la survie de son rêve) sont intimement liées.

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Tous les personnages pris dans cette expérience folledingue n’ont que deux choix : progresser ou abandonner. Ils devront tous s’affirmer et subir des évolutions psychologiques pour rester dans la course et s’approcher un peu plus de leurs aspirations.
Ce qui différencie le plus cette œuvre de ses contemporains du genre “sports nekketsu” est sa philosophie. Sa façon d’envisager le mental de compétition. Là ou dans Olive et Tom, on traite des bienfaits du travail d’équipe et de toujours croire en ses amis, Ego, le coach si bien nommé des jeunes de Blue Lock, ne fait qu’encourager l’égoïsme et l’individualisme de ses joueurs. Ecraser les autres pour devenir le meilleur. Manipuler ses équipiers pour se démarquer. Tant de moyens de devenir le plus fort qui seront systématiquement récompensés. Ainsi, les protagonistes sont petit à petit emportés dans cette spirale de la folie. Leurs rêves d’enfances de devenir le meilleur deviendra une obsession maladive, voire un prétexte de vie ou de mort. Autant vous dire qu’on a rarement vu autant de tension et d’enjeux dans un manga sportif.

Je m’attendais à un déroulement du scénario très prévisible mais l’auteur est très doué pour placer de nombreuses fausses pistes et diversions dans son récit. Son déroulement se voit alors plein de surprises.

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Le héros, loin du bourrin de shonen à la force herculéenne, n’a rien d’impressionnant en technique ou en physique, comparé aux autres joueurs. Via son observation très précise et son intelligence, il arrive à tirer son épingle du jeu. La métaphore du puzzle est beaucoup utilisée. On peut parfois penser à David contre Goliath, où notre héros chétif est mis en face de véritables démons du ballons ronds. Celles où, lorsque après une longue réflexion, toutes les pièces se mettent en places et le ballon est frappé. Toutes ces situations sont ressenties intensément et procurent du pur plaisir cathartique.

Pour ce qui est du dessin, c’est un peu plus compliqué. En général, il n’est pas très détaillé, apparaissant comme une arme à double tranchant. Les décors sont très vides et froids. Les personnages portent tous la même combinaison noire et ennuyeuse. Cela peut donner un effet “chambre froide” un peu désagréable. Par contre, c’est dans l’action que tout le talent de l’auteur s’exprime. En effet, le manque de détail sur les décors et les personnages permettent un plus grand focus sur les mouvements.
Et quand on parle d’action et d’énergie, Blue Lock est intouchable. Les mouvements, les tirs, les acrobaties sont dynamiques et fluides. Plus la tension monte, plus les joueurs sont excités par le match. Leurs énergies sont toujours évoquées par ces gerbes d’encre noire, parcourant leurs membres comme des éclairs de jais, sursautant de leurs regards comme si leur exaltation ne pouvait être contenue.

Blue Lock s’impose comme un shonen immanquable. Si le thème du football rappelle surtout des dessins animés de notre enfance comme Olive et Tom ou Inazuma Eleven, Blue Lock s’adresse à un public plus mature en délivrant une histoire trépidante. L’énergie déborde des pages et le frisson est garanti.
Pour les passionnés de mangas, l’œuvre sera enfin disponible dans nos librairies dès le 2 juin. Les éditions Pika ont entendu mes prières !

Le changement, c’est maintenant !!! JE SUIS… UN TIREUR ! -Isagi Koichi

Pierre Reynders
Photo ©kingchris287

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