Beats

Les rave party, vous connaissez? On a une idée en tête. Ca trotte. Faut se défoncer. Pas de barrière. Rien ne nous stoppe. Ni les flics. Ni le système. L’electro prend possession de notre corps. Démoniaque. Mélomane. Nous sommes notre dieu. Nos pas s’enchaînent et nos yeux encaissent peu de lumière. Une drogue ne suffit point. Toujours plus intense est notre traversée. Toujours plus foireuse est notre arrivée.

Beats délivre une fresque noire et blanche d’une Ecosse durant les 90’s. Spanner et Johnno forment un duo inséparable ainsi que des contrastes pertinents à suivre. Ils n’ont qu’une quête: participer à la grosse fête promise par D-Man. La jeunesse prend l’étendard du fuck et vogue vers l’interdit sans se poser de question. Etre punk et survivre dans un milieu parfois hostile… Tel est le sauvetage improvisé de nos deux gaillards.

Plusieurs raisons dérivent du succès des rave party en Angleterre durant les 90’s. Les principales sont propres à l’âge des ravers et à leur rapport musical. Après les 80’s, les jeunes voulaient une musique plus dirty. Le grunge aux USA. L’electro en Grande-Bretagne.
Tout est également lié au statut social des ravers: la classe ouvrière. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent pour aller aux shows des rockers des 80’s. La rave pour les Anglais équivaut au punk des 90’s.
-Andrea Gozzi (musicologue, écrivain et musicien)

 

136409_widescreen.1©The Skinny

D’ailleurs, le cinéaste Brian Welsh pointe du doigt l’absurdité du Criminal Justice and Public Order Act (1994), une loi contre toute rave et anti-beats répétitifs.

C’était un règlement absurde, essayant de mettre hors-la-loi un genre de musique sans rien y entendre. Plusieurs groupes ont préféré y réagir avec espièglerie: The Prodigy, par exemple, a enregistré « (Fuck’em and) Their Law ». Si cette histoire me semble toujours pertinente, c’est aussi parce qu’on retrouve une attitude semblable dans un mouvement comme Extension Rebellion. Je trouvais intéressant de pouvoir comparer ce qu’on vivait alors à ce qui se passe aujourd’hui.
Le film évoque des attaques contre la musique ou la culture rave, mais ce sont aussi des attaques contre la culture du travelling, les mouvements communautaires, les outsiders, le droit de se rassembler ou de manifester. La contre-culture et les mouvements reposant sur la notion d’unité sont plus importants que jamais dans un contexte d’adversité politique, histoire de dégager de nouvelles voies.
-Brian Welsh (Focus Le Vif)

Le réalisateur souhaite également filmer une rave party de la façon la plus authentique possible. Une percée vers l’amusement prohibé, où les couleurs explosent au summum de la jouissance festive. La rétine éclate. La vue s’exalte.

Ce métrage est une vraie expérience de cinéma.

La bande son rythme l’avenir de nos jeunes adultes aux ambitions plus pétées que jamais. Des morceaux berçant Spanner et Johnno, qui, en plus de fonctionner en osmose, nous rappellent à quel point tout peut basculer du jour au lendemain.

DRAMA

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