J’kiffe les Grignoux.
J’aime les endroits où les gens sont sympathiques, j’aime les cinémas de quartier, j’aime les films qu’ils soient immanquables ou rares, j’aime acheter des affiches pour un euro.
J’aime les présentations de films et les discours trop longs. J’aime voir des vieux films sur grand écran. J’aime le militantisme de gauche et la subvention publique qui fonctionne.
Je déteste les bruits de mastication et, je l’avoue, j’aime les salles trois quarts vides.
Donc j’kiffe les Grignoux sa mère. Ce que j’aime par-dessus tout dans ce réseau de quatre cinémas, ce sont les événements. J’aime écouter des réalisateurices parler de leurs films avec passion, et j’aime découvrir des films introuvables sur Letterbox.
J’aime aussi beaucoup ce qu’on appelle : « le cinéma d’animation ». Le jeu plastique sur les formes y est toujours le terrain d’une formidable créativité. Si il est honorable de réarranger le réel, il l’est encore plus de donner la vie avec de la laine, de la peinture ou du crayon, et nous faire avoir de l’empathie pour des choses qui pourraient traîner dans un tiroir. Les gens qui font de l’animation sont des génies.
Mardi dernier, j’ai eu l’occasion de voir neuf courts-métrages à la fête du cinéma d’animation, organisée par Camera-etc, à La Sauvenière. Il s’agissait de créations d’étudiants de mon âge, venant des différentes écoles de Belgique. J’ai été sidérée par la qualité de certains de ces films, et je dois avouer ne pouvoir cracher sur aucun.
T’as capté a fait vibrer mes cordes sensibles, en plus d’être visuellement somptueux. Il devrait y avoir des dizaines de films par an sur un sujet si préoccupant que le harcèlement de rue. Cette injustice fait qu’encore aujourd’hui la majorité des femmes ont peur de sortir de chez elles.
Kelasi m’a fait apprendre des choses importantes sur l’histoire de la République démocratique du Congo. L’œuvre organise son récit dans la forme originale du papier découpé, que j’adore. Je salue le réalisateur, Fransix Tenda Lomba. Il a utilisé dans son film des lettres de sa mère, enseignante.
Silent Panorama est un film d’animation entièrement tourné sur une seule feuille de papier. Si le défi esthétique est déjà saluable, l’exécution l’est encore plus. Le court est magnifique visuellement et le traitement du son y est impeccable.
La rivière des ourses, Le chant du cachalot et Voyage en amnésie étaient particulièrement beaux et agréables à regarder. Cependant, j’avoue, leur propos m’échappe. C’est peut-être un défaut, mais la somptuosité visuelle ne satisfait pas mon appétit. J’ai besoin de saisir l’utilité des films, leur sens dans la société, ou du moins, les choses auxquelles ils font référence.
Pourtant, si la musique m’a laissé indifférente, j’ai adoré le clip de Règne, conçu par Simon Médard. La technique est encore celle du papier découpé, cette fois-ci, à partir de partitions de musique. Le travail est gargantuesque et le résultat est incroyable.
Je tiens à encore une fois à remercier, chaleureusement, les Grignoux et le cinéma La Sauvenière pour l’organisation de la soirée. L’expérience était, comme d’habitude très agréable. J’ai déjà hâte de tester la prochaine soirée du genre.
Vive les cinémas de quartier, vive Camera-etc et vive l’animation !
Lou


