Ledé Markson Interview

AGIR POUR SES REVES

Le rap belge existe. Une nouvelle vague de rappeurs belges déferle sur les scènes francophones. L’artiste liégeois, Ledé, a décidé de nous livrer quelques mots autour de son projet, ses influences et ses convictions.

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Pourquoi ne pas avoir combiné les chansons de Napalm et de Delta-Plane pour en faire un et un même album ?

Parce que je les ai faites à 2 périodes différentes de ma vie. Delta-Plane a été enregistré en 2015, et est sorti début 2016, alors que Napalm a été enregistré fin 2016, pour sortir finalement en 2017. Quand tu débutes, c’est mieux de sortir beaucoup de morceaux en une courte période, plutôt que d’attendre trop longtemps avant de sortir quoi que ce soit.

Est-ce que tu composes tout seul au niveau des instrus ou t’as un groupe qui te suit ?

Je compose tout seul quand je fais des instrus, mais je fais parfois appel à des musiciens professionnels pour mettre une basse, une guitare ou encore une trompette. Pour Napalm, j’ai aussi collaboré avec le beatmaker Mataya pour la moitié de l’album.

Est-ce de façon naturelle que tu parles de Liège dans certaines de tes chansons ou c’est parce que tu t’es inspiré d’autres rappeurs qui parlent de leurs villes ?

C’est clair que si j’avais pas entendu des gens comme Kendrick Lamar parler de L.A. ou Kanye West parler de Chicago, j’aurais peut-être jamais parlé de Liège comme je le fais. Parler de sa ville, c’est la base, car on est un produit de son environnement et si je rends pas hommage à la ville qui a fait ce que je suis actuellement, ce serait un manque de respect. Après, chacun parle de ce qu’il veut. C’est pas non plus un plan stratégique, je ne me force pas, je parle de Liège parce que mon inspi fait que je vais parler de Liège.

Comment définirais-tu Liège par rapport aux autres villes que tu connais ?

C’est une ville particulière pour moi. Elle peut être un mélange de toutes les autres villes du monde, et en même temps, elle est unique. Elle n’est pas assez grande pour rivaliser avec Bruxelles, Paris ou autre, mais elle n’est pas assez petite pour passer inaperçu. Liège est sous-côtée alors qu’elle a un potentiel incroyable. Mais la seule difficulté dans la vie, c’est d’arriver à exploiter son potentiel au maximum.

Est-ce important que le rap soit un genre de musique aux paroles engagées ?

Non. Car je ne me considère pas comme un rappeur engagé. Engagé dans quoi? Je donne de l’importance aux paroles mais il faut aussi qu’il y ait des morceaux comme « Rapper’s Delight » de Sugarhill Gang pour pouvoir décompresser en soirée. Il n’y a pas de case dans le rap, pas de barrière. Il y a des règles certes, mais le champ d’action est incroyablement vaste.

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N’as-tu pas l’impression que c’est l’heure de gloire du rap belge en ce moment, avec notamment des artistes comme Roméo Elvis, Damso, Caballero et JeanJass ? Qu’en penses-tu ?

Ce serait viser trop bas que de penser qu’on est actuellement dans l’heure de gloire du rap belge. Le meilleur est à venir. L’apogée viendra quand le rap belge sera connu internationalement et aura quelques « Grammies » à son compteur. Là, on pourra parler « d’heure de gloire ».

Durant les années 90, ce que les adolescents écoutaient énormément était le grunge, mouvement musical lancé par Nirvana entre autres.  J’ai l’impression que ce qui fonctionne vraiment et qui parlent aux jeunes de nos jours, c’est le rap. As-tu une réponse à ce phénomène ? Comment l’expliquer ?

Le rap c’est hyper facile à faire au final en terme de ressources matérielles. Le grunge, c’était une guitare, un ampli, 4 accords et on est parti. Le rap c’est un micro, un ordi, une voix et c’est bon. C’est comme le football, un ballon, un goal et tu peux jouer. Ça explique pourquoi les DJ et les rappeurs sont les nouvelles stars du moment. C’est simple et c’est dans l’ère du temps. La technologie a permis au rap d’être facile à faire et a donc contribué à son succès.

Qu’est-ce que tu as voulu faire passer comme message dans ton morceau « Momentum » ?

« Momentum » est une carte de visite. C’est l’équivalent de ce que je peux faire, la vibe que je peux donner et le message que je peux faire passer juste à l’aide de mots bien choisis. Si on va plus loin, une des idées que je voulais faire passer c’est: « Je débarque sans prévenir, sans demander la permission, et je vous impose ma façon de voir les choses. », sans me soucier de ce que les gens bien-pensants pourraient juger de ma musique.

Qu’est-ce que tu entends par Trop tard pour vivre la vie de rêve dans « Nitro » ?

C’est un message pour tous les gens obnubilés par l’envie de devenir une star, d’avoir des millions dans le compte en banque. C’est pessimiste mais réaliste. Si tu ne te bouges pas le cul maintenant pour réaliser tes rêves, c’est trop tard. C’est un peu pour faire réfléchir. C’est pas en pensant à ses rêves qu’ils vont se concrétiser, c’est plutôt en les faisant que tout devient réel.

Parmi les chansons que tu connais, quelles sont les paroles qui t’ont le plus marquée l’esprit ?

Des artistes comme Baloji, Gandhi, James Deano en rap francophone. Pour les américains, Eminem, Kendrick Lamar, Kanye West, et beaucoup d’autres m’ont marqué au niveau des paroles. C’est impossible de choisir un seul morceau. Je n’aime pas me limiter à un seul son. C’est un artiste, et non pas pas une phrase tirée de son contexte, qui me touche. J’aime bien avoir l’impression de connaître un artiste grâce à sa musique.

DRAMA
Interview faite le 01/05/17

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