Mon premier contact avec Yungblud s’est fait totalement par hasard : c’était à un festival de 2019, mon amie et moi devions charger notre téléphone, et quel artiste jouait justement à la scène devant les bornes ? Taylor Swift bien sûr. Non je déconne, c’était pour voir si vous suiviez. C’était Yungblud, courant et sautillant, comme possédé par le Dieu Caféine. Il crachait ses tripes dans son micro, hurlant pour les droits d’une génération faite de paillettes et de happy pills. C’est un kid des nineties, mais son combat est universel. Le « petit mec en robe », tout en cheveux et en cris, a une aura. Elle nous force à l’écouter dès qu’il se met à chanter.
Me voilà, presque 2 ans et une pandémie mondiale plus tard, à attendre impatiemment son prochain album. C’est qu’il a tout fait pour faire monter la tension : en sortant des EP et des titres en featuring avec d’autres artistes comme Marshmello ou Machine Gun Kelly. Il a même sorti une des nouvelles chansons 3 jours avant la sortie de l’album, juste pour nous faire mousser.
L’attente en valait la peine. A travers weird!, le chanteur s’expose. Totalement. Simplement. Purement. Il reste le Yungblud qu’on avait déjà découvert dans les albums précédents : un savant mélange entre optimisme et désillusion. Tout cet album est un hymne à la différence et à l’authenticité. Un chant pour tous les weird, tous les bizarres. Il crie ce que nous avons tous voulu hurler au monde au moins une fois dans notre vie : voilà qui je suis, qui nous sommes, et démerdez-vous avec ça. Mais il le dit tellement mieux.
C’est ce qui ressort dans « mars », chanson qui parle d’une fan de Yungblud. Elle lui avait raconté les nombreuses difficultés qu’elle rencontrait en tant que personne transgenre. Dans ce morceau, le chanteur rend alors hommage à toutes ces personnes qui ne rentrent pas dans le moule, victimes de discriminations, ayant l’impression d’être seuls. Via une démarche de porte-parole, il rejoint le grand David Bowie, chez qui il puise une grande partie de son inspiration. Il a d’ailleurs été invité à interpréter « Life On Mars » lors du concert en hommage à l’artiste, 5 ans après sa disparition.
Dans « god save me, but don’t drown me out », le chanteur se débat contre ses insécurités. Il scande qu’il vivra sa vie comme il l’entend. Parce que c’est tout ce qu’on a de mieux à faire : être nous-même, et vivre. Peu importent les avis. Peu importent les critiques. Cette chanson a beaucoup d’importance pour Yungblud. C’est elle qui donne tout son sens à l’album. Elle met l’accent sur l’individualité, et sur cette certitude que nous serons tous sauvés. Sauvés de quoi ? Ma théorie repose sur la volonté de l’artiste de nous extraire de toutes sortes de limites imposées.
Ce message est répété encore et encore dans « the freak show ». Le monde aura beau nous interdire de vivre, d’être, cela ne nous arrêtera pas. Tout ce que l’on peut faire, c’est devenir la meilleure version de soi. C’est largement suffisant.
Il y a quelque chose de spécial dans la manière qu’a Yungblud de chanter tous les maux, tous les espoirs déchus. C’est de l’exorcisme. Une manière de sortir toute la haine qu’on affronte… tous les regards qui nous font baisser la tête. C’est un appel à l’espérance. L’espérance d’un monde meilleur, où chacun peut être qui il a envie d’être, qui il est au plus profond de lui. Et si la solution n’est pas ici, peut-être qu’elle est ailleurs.
Is there any life on Mars ?
Alors à tous les solitaires, tous ceux qui veulent briller sans se brûler les ailes. À tous les tristes, tous ceux qui se cachent. À ceux qui baissent les yeux. À ceux qui continuent de sourire même quand la lumière s’éteint.
Levez-vous. Nous créerons la vie sur Mars.
ephios
Photo bannière ©Tom Pallant