En 2020, le désert artistique d’une année trop vide était à plaindre. Succédant à un 2019 riche en surprises, le confinement du secteur artistique a mis à mal le monde du cinéma. Les oasis rares et précieuses peinaient à remplir le traditionnel TOP 5. 2021 est un autre filon. Jaillissement nouveau après la sécheresse, il représente peut-être une nouvelle ère du cinéma.
L’histoire nous apprend une chose : les grands chocs sociétaux traînent à se faire ressentir. Après la Seconde Guerre mondiale, les bouches sont restées closes sur le sujet des années durant. Trop récent, trop douloureux. Nous sommes en droit de nous demander si les effets de la crise du covid sont bien plus profonds que ce qu’ils laissent paraître. Deux années, enfermés, pendant lesquelles le contact humain, ciment de notre civilisation, devenait meurtrier. Aucune société ne s’en tire indemne. Peut-être qu’il faudra des années avant de comprendre les changements profonds qui s’opèrent dans notre société, à notre insu.
Artistiquement, il y a un changement de style dominant. Le ‘mainstream’ évolue, et les classiques d’aujourd’hui s’illuminent tels les OVNIs qu’ils étaient hier. Hollywood, en perte d’hégémonie, ne maintient quasiment plus son monopole culturel, après des décennies de domination. Les règles varient dans un monde en pleine transition.
C’est dans ce terreau étrange qu’ont poussé cinq chefs d’œuvres. Après deux années d’inertie, ils sont les éclaireurs d’un monde nouveau. –Raturix
TOP 5
-
Inside – Bo Burnham
-
Mandibules – Quentin Dupieux
-
Titane – Julia Ducournau
-
The French Dispatch – Wes Anderson
- Last Night in Soho – Edgar Wrigh
Le chaos. Des films aux sorties retardées. D’autres toujours bloqués quelque part, perdus dans l’oubli. Cette foutue pandémie freine l’industrie du cinéma. Mais pas que… Disney affiche sa médiocrité lorsque Mulan débarque sur sa plateforme, et non dans les salles. Les dirigeants font part de leur mépris, en désignant les acteurs culturels de non-essentiels.
Bref, cette année fut un vrai foutoir.
Heureusement, certaines institutions trouvent des astuces pour s’éloigner de mesures discriminatoires, du Ticket Safe rien du tout (merci aux Grignoux pour les séances du mardi). J’ai pu contempler Julie (en 12 Chapitres) et Les Olympiades sur grand écran. Car le cinéma demeure avant tout un pur spectacle audiovisuel. Même si le film est pourri, de bonnes conditions sont réunies pour que les spectateurs vivent une belle expérience. Il faut que les cinémas gardent leurs portes ouvertes.
Plusieurs jeunes auteurs ont de l’énergie à revendre. Ils ont de quoi balayer les grosses machines hollywoodiennes. Quant aux salles et aux institutions cinématographiques, elles ne tomberont jamais en désuétude. Pensons aux dernières séquences de Cinema Paradiso… le cinéma est une pratique artistique indémodable.
Sur qui miser ? Max Barbakow et ses comédies loufoques, Bo Burnham et son cynisme, ainsi que sur Darius Marder ! Ce dernier réalise un métrage avec l’aide de Derek Cianfrance (The Place Beyond the Pines). Sound of Metal n’est pas une œuvre que je compte regarder mille et une fois. Dès lors, qu’est-ce qui en fait un bel objet de ciné ? Sa morale est trop forte. Je me dois de saluer ce travail. Il invite à la remise en question, à nous accepter, nous et nos handicaps. La scène finale est à ce point émouvante que je n’ai cessé d’y penser durant mon été italien.
Parfois, il en faut peu pour émouvoir. Sound of Metal est un récit de vie, où la surdité laisse des séquelles… mais ne devient plus un obstacle afin d’exister. –DRAMA
TOP 5
-
Sound of Metal – Darius Marder
-
Inside – Bo Burnham
-
Palm Springs – Max Barbakow
-
Tick, Tick… Boom ! – Lin-Manuel Miranda
- The French Dispatch – Wes Anderson
Illustration ©Galynn