Tokyo Ghoul : Re, la suite du très populaire seinen Tokyo Ghoul, change l’atmosphère de la série. Après avoir découvert le monde caché des goules, nous suivons désormais Haise Sasaki, un nouveau protagoniste membre des « Colombes », la police chargée d’exterminer la menace représentée par les goules. Il sera notamment chargé de superviser l’entrainement des « Quinkes », des membres des Colombes, modifiées génétiquement pour posséder les mêmes attributs qu’une goule.
Est-ce que ces nouvelles « armes » seront-elles à la hauteur des tâches qui leurs seront confiées? Et quel sombre secret cache les pouvoirs de l’équipe de Sasaki ?
La suite de l’excellent Tokyo Ghoul est classé numéro 1 de mon classement de 2016 pour de très bonnes raisons: ce manga est presque parfait. On peut y retrouver une esthétique travaillée et pleine de personnalité ajoutée à un scénario riche avec des personnages extrêmement bien développés.
La série suit un nouvel arc mais est strictement réservée à ceux qui ont lu la première série. On nous ouvre à de nouveaux personnages et à un nouvel univers, celui des Colombes. On suit ainsi avec plus de précision le système de hiérarchie policière, la façon dont les enquêtes sont conduites, etc. Ce nouvel arc donne une bouffée d’air frais mais n’oublie cependant pas les questions non-résolues de la première série.
Ce qui est si bon dans le scénario de Tokyo Ghoul, c’est l’excellent rythme du récit. Elle marche un peu comme une bouilloire qu’on remplit d’eau et fait chauffer: d’abord, on prend le temps de développer les personnages de chaque factions, on comprend leurs motivations (on remplit la bouilloire). Ensuite, on leurs affecte à chacun un objectif propre qui les mènerons inévitablement à une rencontre fatidique et à une confrontation magistrale (on la met sur le feu), puis la tension monte, les pièces se mettent en place (la bouilloire siffle) et c’est le climax gorgé d’actions: le thé est servi et on peut remplir à nouveau la bouilloire.
Les nombreux retournements de situations, les moments de tensions ou d’excitations, tout cela marche tellement bien grâce au temps mis dans le développement des personnages qui vous sont ainsi extrêmement sympathiques.
Le dessin est très recherché et en constante évolution. Il suffit de comparer le premier et le dernier tome parut pour se rendre compte de l’évolution flagrante de l’esthétisme. Cependant, contrairement à d’autres auteurs qui améliorent simplement leurs techniques de dessin au fur et à mesure de leurs publications (comme Hiro Mashima qui a commencé avec un dessin assez pauvre dans Rave et qui aujourd’hui détient une très belle patte), l’auteur de Tokyo Ghoul est en constante expérimentation. Il essaye sans cesse de nouvelles techniques et change son style de dessin en synchro avec l’évolution de son personnage principal. Lorsqu’il est rempli de doute, le dessin général devient plus flou, lorsqu’il est déterminé, on a des marques plus lisses. Cette inconsistance du style et du character design peut être vu comme déconcertant pour certains, mais permet aussi de redécouvrir le manga à chaque lecture.
Les combats sont de toutes beautés, utilisant des figures abstraites et assez poétiques dans les mouvements et la représentation du corps des goules, mais aussi à travers une grande violence dans des impacts portés lors d’affrontements.
Les corps des goules, étant résistant et capable de se régénérer, sont fréquemment soumis à des mutilations rarement létales. Néanmoins, l’œuvre étant un seinen, il faudra s’attendre à des hécatombes de personnages principaux durant les climax.
S’il y a une chose que je craignais en commençant la lecture de cette nouvelle saison, c’est que toutes les questions non résolues soient oubliées et passées à la trappe pour se concentrer vers de nouvelles intrigues. Il y a certes de nouvelles intrigues mais il est clair que l’auteur ne désire laisser aucun angle mort dans son scénario. Néanmoins, il faudra être très patient pour avoir des réponses et accepter que les personnages principaux ne recherchent pas activement par eux-mêmes des réponses. C’est la vérité qui arrive d’elle-même, qui n’attend pas qu’on la cherche mais qui vient frapper les héros aux moments les plus critiques.
Si vous aimez les seinens orientés « action », Tokyo Ghoul est un immanquable absolu! Si vous avez regardé l’anime et pas lu le manga, je vous prie de commencer la lecture du Tokyo Ghoul original à partir du tome 8 pour ne pas manquer ce que l’horrible saison deux a modifiée et profiter d’un des meilleurs manga sur le marché.
Pierre Reynders