Bercé par les morceaux d’Alex Turner, Submarine est un petit joyau cinématographique que je pourrai me visionner plusieurs fois. Adapté du roman de Joe Dunthorne, ce long-métrage se détache de ce que l’on visionne d’habitude grâce à Richard Ayoade, un cinéaste qui revisite les codes des comédies sentimentales.
Racontant la rencontre entre deux adolescents nommés Jordana Bevan et Oliver Tate, ce film nous délivre des images somptueuses liées à ce jeune couple. Le récit se focalise principalement sur les pensées et les actes d’Oliver. Le spectateur, quant à lui, découvre aussi la manière dont Oliver essaye de sauver la vie de couple de ses parents. Comparons vieux et jeunes amoureux. Oliver est un adolescent assez particulier. Les traits de ce dernier vont même enthousiasmer Ayoade qui déclare:
Lorsqu’on met en scène un jeune héros, il est souvent dépeint comme irréprochable. Cela me plaisait qu’Oliver soit un peu méchant, froid et égoïste. Je trouvais cela très intéressant, et sa façon de s’exprimer était vraiment drôle et pompeuse. J’ai toujours aimé les livres qui traitent de personnages de cet âge comme L’Attrape-cœurs, Franny et Zooey, et des films comme Le Lauréat, A Ma Sœur!, ou Harold et Maude.
Dès qu’Oliver se met en tête d’entrer dans le groupe de sa future compagne, il veut devenir aussi sadique qu’elle. Certes Jordana est une petite garce mais le cœur d’Oliver le pousse à s’adapter à une certaine méchanceté. Au final, ces deux esprits singuliers se mettent ensemble et forment un couple assez atypique.
Ce fait m’a semblé très déroutant vu que la plupart du temps, les schémas des histoires d’amour nous présentent des amoureux qui n’ont pas de comportements aussi inhabituels. Malgré les moqueries faciles (et donc peu supportables) de Jordana, je trouve ce personnage hautement sympathique. C’est plus fort que moi, peut-être que cela est dû au fait qu’Oliver et elle-même forment une relation hors du commun.
Quant aux parents d’Oliver, Lloyd et Jill, ils vivent une période difficile. Jill va chercher son bonheur ailleurs et en a presque ras-le-bol de son mari. Face à la non-réaction de son père, Oliver, personnage totalement différent au niveau émotionnel, réagit et suit sa mère en filature.
Il y a un monde de différence entre ces deux couples qui représentent ce que la vie peut nous réserver de plus fantastique ou de plus morose.
Voilà en quoi réside une partie de l’intelligence de cette œuvre trop méconnue du grand public.
Question musique, je ne pouvais éviter de regarder un film qui contient la bande son d’un artiste que j’aime beaucoup: Alex Turner (chanteur et musicien des Arctic Monkeys et de The Last Shadow Puppets). L’album solo qu’il a concocté pour Submarine est tout simplement « amazing »!
Envouté par ses talents de parolier et de musicien, ses compositions collent parfaitement au premier amour naissant d’Oliver Tate.
La chanson « Stuck On The Puzzle » insiste sur l’aspect anti-romantique propre à Submarine. Turner interprète aussi les moments dans lesquels les personnes se soucient de leur coup de foudre:
I’m not the kind of fool
Who’s gonna sit and sing to you
About stars, girl
But last night I looked up into
The dark half of the blue
And they’d gone backwards
La musique de Turner est en parfaite osmose avec l’imaginaire et les diverses humeurs d’Oliver, tout autant qu’avec les paysages abandonnés, sauvages, industriels et marécageux de la côte du Pays de Galles.
Après avoir plongé dans l’univers et l’idiosyncrasie d’Oliver, Submarine, fable contemporaine qui en vaut la chandelle, laisse un doux souvenir aux cinéphiles.
DRAMA