Hadrien Panelli manœuvre PopKatari. Ce collectif liégeois organise des concerts. Par le passé, Hadrien invite plusieurs fois Je Crie C’est La Musique à ses évènements géniaux et improbables. Cette semaine, on fête les 15 ans de PopKatari ! Questionnons la personnalité qui fit directement confiance à JCCLM.

Tu gères en partie PopKatari depuis ses débuts. Quelle est ta plus grande fierté ?
Je voudrais rappeler que pour moi l’organisation de concert est avant tout un plaisir. A partir du moment où tu fais les choses par passion, tout est plus simple. Il n’y a pas vraiment d’orgueil ici, mais plutôt de la satisfaction. Pour répondre à ta question, je dirais : le fait d’avoir organisé des concerts pour des centaines de groupes qui ne seraient peut-être pas venus jouer à Liège, si PopKatari n’avait pas existé. Citons Sumac, Protomartyr, Pile, Dilly Dally, Mike Krol, Sannhet, Birds in Row, Glassing, Portrayal of Guilt, Mannequin Pussy, etc.
Certains festivals, comme les Ardentes ou Werchter, vendent des tickets à des prix exorbitants. Il faudrait plus de collectifs comme PopKatari, proposant des concerts à un prix raisonnable.
Bien sûr, j’espère que d’autres collectifs verront le jour car d’autres ont cessé leurs activités ou ont levé le pied. La Zone, le KulturA. et le Hangar offrent de très bonnes conditions d’accueil pour les collectifs, il faut faire vivre ces lieux. Ce serait super que des jeunes puissent proposer davantage de soirées et concerts car pour le moment ce sont essentiellement des gens de plus de 35 ans qui programment les concerts dans ces salles.
Malheureusement, comme dans beaucoup de secteurs, il faut du temps pour te faire ta place et comprendre comment les choses fonctionnent. Si je pouvais aller dans les écoles donner des formations sur l’organisation de concerts en mode bénévole, je le ferais. Dès que je rencontre des jeunes qui s’intéressent à l’évènementiel, je leur partage humblement des tuyaux pour qu’ils puissent être en confiance et se lancer.

Quand on organise des concerts, quand on invite des groupes parfois méconnus, quelle technique fonctionne le plus pour ramener le plus de monde aux concerts ?
Il n’y a pas de technique miracle, mais combiner des groupes locaux avec une tête d’affiche étrangère qui fait sa première tournée peut aider à attirer les Liégeois. On croise toujours les doigts pour que le public découvre les groupes de la programmation PopKatari avant la date. Ce qui arrive souvent, c’est que les groupes deviennent plus connus après leur passage à Liège. On attire, en moyenne, 40 personnes par concert. Ce n’est pas exceptionnel.
Je suis persuadé qu’avec nos affiches, il y a 30 ans, on aurait attiré trois, quatre fois plus de public. Notre présence sur internet est assez discrète, mais je n’ai pas le temps ni les moyens de pousser plus…
Ce 15 mars, on fêtera les 15 ans de PopKatari, au Reflekor. A l’affiche : Peuk, Cere, Creve Cœur, Kocaze et Bleeds. Ces groupes ne jouent pas dans les mêmes registres. La scène franco-belge n’a jamais été aussi inspirante ?
Il y a toujours eu de super groupes en Belgique et en France, mais aujourd’hui, tout le monde peut enregistrer un album avec peu de moyens donc tu as encore plus de groupes qui se créent. Il suffit de regarder le nombre incroyable de sorties sur Bandcamp, chaque semaine. C’est difficile de suivre. La particularité de la soirée du 15 mars, c’est que chaque groupe a déjà joué à une soirée PopKatari. Il y a des copains, voire des amis proches, dans chaque projet. J’avais envie de réunir des musiciens qui comptent pour nous.
Bleeds, c’est le projet électro de mon meilleur ami Victor. On va d’ailleurs clôturer la soirée ensemble. Je jouerai de la batterie sur la fin de son set. Kocaze, c’est le projet dark folk d’Oli (Räum, Down to Dust) avec sa copine. Oli est un ami avec qui je joue depuis plus de 10 ans. Il a rendu de précieux services à PopKatari, notamment en s’occupant de sonoriser et mixer des tas de concerts. Cere est un groupe qui compte aussi. On connaît bien chaque membre. Ils sont super importants pour la scène locale : Pierre (All Caps, Mont-Doré), Thierry (Daggers) et David (Landrose). Creve Cœur, c’est un nouveau groupe de Paris qui sonne comme Metz avec du chant en français. Ils ont déjà joué à La Zone, en 2023. Leur bassiste, Boris, est un bon pote. Il joue aussi dans Parlor. Et enfin, notre tête d’affiche, c’est Peuk. Ce groupe est hyper attachant. Nele Janssen est une des meilleures chanteuse/guitariste de Belgique. Elle a une voix qui rappelle celle de Kim Gordon. Pour les nostalgiques des 90’s, le concert de Peuk est un must. En Flandre, le groupe est plus connu qu’en Wallonie. Ils ont déjà joué au Pukkelpop et à Werchter. On espère donc qu’il y aura du monde le 15 mars, au Reflektor.
Interview organisée par brunoaleas – Photos ©Mattias Devroye