CARAMBA!
Dès que le guitariste Omar Rodríguez López signe en 2016 sur le label Ipecac, dirigé
par Mike Patton, une promesse est lâchée: sortir 12 albums en 6 mois pour finir en beauté l’année 2016!
Ce guitariste aux projets multiples a débuté dans les années nonante avec le groupe At The Drive In, notamment aux côtés de son frère d’arme nommé Cédric Bixler Zavala.
Omar a une carrière folle en termes de production musicales.
Il est impossible d’imaginer une année où il ne bosse pas! Aussi stakhanoviste que Mike Patton, je doute qu’il lui arrive de dormir.
Malgré le fait que je considère cet artiste comme mon guitariste préféré, je n’ai pas accroché aux diverses sonorités qu’il propose via ses nombreux albums solos.
Une teinte de musique expérimentale colle toujours aux œuvres d’ORL. Il n’y a qu’à écouter The Mars Volta pour comprendre que ce guitariste tente toujours à viser l’hétérogénéité. S’attardant parfois sur des sons électroniques très atypiques, des voix dissonantes ou encore des sons futuro-garage-rock, Omar fuit le prévisible et crée l’inattendu pour le meilleur et pour le pire.
Si j’ai décidé de faire l’analyse de Ensayo De Un Desaparacido (sorti début 2017), c’est parce que cet album se détache énormément de la discographie d’ORL.
Les 10 morceaux sont portés par la voix assumée d’Omar. Certes, elle n’a rien de transcendantal mais elle n’est en rien dérangeante. A l’opposé de son compagnon Cédric Bixler Zavala (qui l’accompagne quasiment dans tous ses projets), Omar détient un timbre de voix plutôt grave, ce qui donne un ton sérieux et ténébreux à l’ensemble de ses chansons.
La puissance de l’entièreté des morceaux est sans conteste l’importance donnée à deux instruments en particulier : un piano au son pur et une guitare sauce ORL, c’est-à-dire triturée et dissonante.
Ajoutez à cela des violons et une batterie enragée et vous obtiendrez un ovni auditif. Pour une fois, ORL ne s’amuse pas à jouer sur les codes et livre une prestation qui met en avant les instruments dans ce qu’ils ont de plus naturels et non dans ce qu’ils ont de plus modifiés.
On démarque également que chaque chanson détient son ambiance:
« Un Abismo Bendito » se veut très dynamique tandis que « Nubes Sin Agua » serait parfaite pour une danse dont le rythme des pas varierait du lent au mouvementé. Quant à la piste qui ouvre l’album, « Nocturna Luz », elle est à l’opposée de la complexité de composition que représente le dernier morceau, « La Orilla ».
A ne pas oublier: les percussions sont ultra vives et on s’ennuie jamais à les écouter.
Admettons que je sois un réalisateur de film noir, je n’hésiterais en aucun cas à insérer ce type de musique dans mon long métrage.
De fait, la sombre atmosphère que dégage chaque piste s’assemblerait parfaitement à ce genre de film et en ferait surement une œuvre d’une grande modernité.
Laissez-vous bercer par des paroles espagnoles, des instruments à cordes plus qu’imposants et une approche pertinente.
Je ne peux que m’incliner devant le talent d’un artiste qui ne se fait jamais attendre au tournant.
DRAMA