Depuis quelques années, un manga apparaît comme une dinguerie. Chainsaw Man conte l’histoire de Denji. Héros malgré lui, le jeune homme se lance dans la chasse aux démons pour survivre. Assez pauvre. Quasi inculte. Denji est un protagoniste fascinant. Il fusionne avec son chien. Du jour au lendemain, il devient l’Homme Tronçonneuse ! Le jeunot suit alors les ordres de Makima et affronte les menaces aux côtés de Power.
Plus le temps passe, plus une question m’obnubile. Comment se fait-ce qu’un tel paumé soit si attachant, alors que la seconde partie du manga est moins palpitante que la première ?
Primo, nous sommes ses yeux. Comment ? Les lecteurs découvrent littéralement la folie qui s’offre à Denji. L’univers construit par Tatsuki Fujimoto est renversant. Rien n’est acquis. Des liens se font et défont. Des relations se créent et s’annihilent, en un rien de temps. Denji subit énormément de tragédies sans jamais perdre son énergie. Soudain, il devient notre envie de foncer droit dans le feu. Comme si les chapitres symbolisaient aussi notre percée dans le monde si taré du mangaka !
Secundo, l’adolescent ne suit pas exactement le parcours du héros théorisé par Joseph Campbell. Pourquoi cet auteur fut connu ? Pour son analyse du parcours héroïque des récits littéraires. S’il fallait le résumer, définissons 3 étapes : séparations, initiations, retour.
Revenons à notre blondinet. A aucun moment, au début de son aventure, se vit une initiation. Nul mentor rencontré. Inconsciemment, nous ressentons une certaine sympathie pour ce mec qui part de rien… dont les actes sont ensuite vénérés par le peuple sauvé !
En d’autres mots, Denji est livré à lui-même. Makima n’est pas une figure protectrice. Power n’est pas un ange gardien. Dès lors, l’enjeu est prononcé. A qui faire confiance ? Au fil de la lecture, la réponse semble effrayer…
Ces 2 raisons font la force de l’œuvre ! Denji est un personnage plutôt inoubliable, tant ses désirs sont d’une simplicité déconcertante : baiser et manger. Des désirs à assouvir au sein d’une société imprévisible. Des désirs nous rappelant que la normalité est bien relative.
Peut-être que je suis devenu un Chasseur de Démons pour une raison vraiment superficielle… mais je suis prêt à mourir pour continuer à vivre comme ça. -Denji
brunoaleas – Illustrations ©Tatsuki Fujimoto