En sortant du visionnage de No Other Land, il ne me reste plus que le silence. Les mots ne sont pas d’une grande aide, quand on ne sait ce que l’on souhaite exprimer.
Ce silence ne m’empêche toutefois pas de ressentir. Ce documentaire a mis mon corps à rude épreuve : mes yeux ne voulaient plus voir, ni mes oreilles entendre. Aucune position ne me semblait confortable.
Comment est-ce possible ?
Le pouvoir est dévastateur. Il ravage l’âme et ne laisse que du sang sur les mains.
Qui croient-ils être pour se permettre de déloger toute cette population ?
Leur cerveau a dû être retourné. La haine a été attisée, c’est sûr.
Quand l’autre devient l’ennemi, il n’y a plus rien à gagner, mais bien tout à perdre.
Je ne veux pas oublier ces images. Je veux en être, de ceux qui espèrent. Je veux m’engager auprès de toutes ces autres étincelles vivantes, qui luttent pour le droit de tout•e un chacun•e à exister, à occuper une place.

Depuis ma naissance, beaucoup de choses ont été choisies indépendamment de ma volonté et le cours de ma vie n’est pas de mon unique fait. J’ai conscience d’avoir acquis certains privilèges uniquement de par ce que je suis, tout comme d’autres en sont, à contrario, privés, justement de par ce qu’iels sont.
C’est injuste et le dire, l’écrire, est un nécessaire début. C’est le coup de pédale indispensable à donner, avant d’enchaîner les routes sinueuses du combat citoyen.
J’aimerais ne pas être seule dans cet engagement. Cela m’importe de pouvoir y embarquer mes ami•es ou, tout du moins, que nos avis convergent et que l’on s’élève réciproquement dans nos réflexions, nos actions.
Je souhaiterais aussi plus que tout aimer cet•te autre, qui choisira d’être à mes côtés pour vivre pleinement cette aventure, dans tous ses aspects, même les plus intensément dévastateurs.
Terminons par citer Cyril Dion.
Il s’interroge sur ce qui peut être mis en place pour continuer à espérer.
L’espoir est constitutif de la nature humaine. La condition humaine consiste à opposer des dynamiques de vie à des dynamiques de mort, en permanence. C’est parce qu’on sait que la vie est courte qu’on fait en sorte que chaque journée soit la plus intense, la plus passionnante possible. Face à des périls comme la montée du fascisme et la dévastation écologique, on n’a pas d’autres choix que d’être dans la même démarche.
La meilleure façon d’agir, c’est de faire des choses qui nous rendent vivants, qui nous rendent heureux. Mais aussi de revenir dans l’ici et maintenant. Se décharger de l’idée qu’il va falloir sauver le monde, qu’on n’a pas le temps. On fait évidemment tout ce que l’on peut mais, ultimement, les choses ne sont pas dans nos mains à nous.
Constance Somers
Photos ©L’Atelier de Distribution