L’aide des Beatles

Tonnerre de Brest ! J’ai 27 piges. Toujours présent. Il m’arrive de blaguer sur mon âge. Je croyais rejoindre la liste des 27, comme tant d’artistes que j’admire. Me voici, toujours vivant, toujours la banane, arborant des cheveux blancs démultipliés par cent. Maintenant, j’aimerais savoir… que reste-t-il de l’enfant que je fus ?

Je ne le cache pas. Certains musiciens marquent mon esprit à jamais. Nirvana, Muse, Calogero, Damon Albarn, Elliott Smith, Jovanotti, The Mars Volta, Verdena, The Strokes, Arctic Monkeys, King Krule, Mike Patton, Radiohead, Mina, Jeff Buckley, Coldplay, Matthieu Chedid, Lucio Battisti, The Cranberries, Jack White, etc. La liste est longue.

Mais un quatuor berce mes oreilles chaque année. J’aime redécouvrir leur discographie, à n’importe quel moment. The Beatles est l’un des meilleurs groupes au monde. J’écris la phrase au présent car leur musique est toujours d’actualité.
Doit-on encore prouver à quel point leur influence est incommensurable ?! Plusieurs éléments inspirent encore aujourd’hui de nombreux artistes : leur carrière prolifique, leurs changements artistiques, leur soif de curiosité !

Comment aborder cette richesse musicale ? Help! est leur cinquième disque. Ses morceaux fêteront bientôt 60 ans. Citons-le comme l’album des premières fois : ‘Ticket to Ride’, premier morceau à durer plus de 3 minutes, ou bien même, ‘Yesterday’, où l’on entend enfin plus de 4 instruments. Chaque morceau est empli d’une énergie joviale. Chaque morceau rappelle la fougue des Scarabées. La critique signe et valide.

Je garantis que ce LP est le remède idéal contre la dépression. -New Musical Express (1965)

Ces mots sonnent vrais. Certes, la première chanson est un cri de détresse. Néanmoins, la particularité propre à ‘Help!’, et à l’opus éponyme, se résume à son ambiance joyeuse. Les Britanniques posent leur douleur sur le papier, en déployant une énergie solaire. Le producteur George Martin – souvent considéré comme le cinquième membre du groupe avoue pourtant sa crainte. Il redoute que la bande soit à plat, que la recette ne peut durer. Une peur aperçue dans ses mémoires. Une peur très vite éclipsée : Ils m’ont donné tant de grandes choses que je ne dois pas m’attendre à ce qu’ils continuent. Mais ils l’ont fait. Leur fertilité m’a stupéfié.

Le plus frappant se remarque quand la fiction dépasse la réalité. John Lennon déclare le fond de sa pensée : J’ai écrit ‘Help!’ parce qu’on me l’a demandé pour le film (ndr : une comédie musicale réalisée par Richard Lester, 1965). Mais ensuite, j’ai vraiment su que j’appelais à l’aide… cette folie des Beatles dépassait la compréhension. Je mangeais et je buvais comme un cochon… j’étais un porc, pas satisfait de moi-même, et inconsciemment, c’était un appel à l’aide. C’était ma période gros Elvis.

Antonio Gramsci serait fier ! L’auteur écrit qu’il faut avoir une parfaite conscience de ses propres limites, surtout si on veut les élargir. Faut-il applaudir les artistes capables de se livrer, doués pour casser le monde des strasses et paillettes ? Sûrement. Encore plus lorsqu’on connaît le parcours du guitariste, une fois The Fab Four séparés.

Alors, que reste-t-il d’hier ? Un album indémodable ? Un mélomane indétrônable ? Il subsiste une époque touchée par la grâce d’une mère. Une mère prête à laisser tourner les chansons des Beatles, pour accueillir joie et bonheur dans un salon. Si les cultures ont tendance à me sauver, cette personne ne s’effacera jamais de mon cœur. Grazie mamma !

brunoaleas – Photo ©Alamy

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