Il n’y a pas longtemps s’est déroulée La Semaine de la Musique belge. Pendant 7 jours, les artistes du pays ont été mis à l’honneur via, entre autres, des captations live et des playlists. Ce fut l’occasion pour beaucoup de réaliser à quel point la scène belge est foisonnante. Ce qu’on entend à la radio, ce n’est que la partie émergée d’un iceberg bien plus gros que celui qui a envoyé Leornado Di Caprio au fond de l’Atlantique.
Parmi toute cette faune musicale, j’ai découvert Ladylo, groupe de rock/flashpop (dixit leur compte Instagram). Mi-février, ils sortent leur deuxième album, Yet, It Is The Truth.
Œuvre incroyable, et ce pour plusieurs raisons.
Commençons par décrire son atmosphère et sa musicalité. Cet album, je l’avais dans les oreilles alors que j’étais dans le train, à regarder le coucher de Soleil à travers les fenêtres. L’ambiance du moment a peut-être influencé le ressenti que j’ai eu à la première écoute. Sauf que c’était le soundtrack parfait. Sur le moment, j’ai entendu de la nostalgie et une bouffée d’espoir. Le monde part peut-être en sucette, mais ça faisait vraiment du bien de faire une pause, loin de toute cette folie. Regarder le ciel et écouter de la bonne musique, juste pour le plaisir. Je pense même que je devais avoir un sourire niais collé au visage (heureusement que les masques sont là).
Bien sûr, à un moment, j’ai quand même fait attention à ce que les chansons racontaient. Ce n’est pas vraiment la même ambiance qui s’en dégage. Mais d’une certaine façon, ça collait parfaitement. Ce n’est absolument pas clair ce que je dis, mais je suis sûre que vous voyez le truc. Les paroles sont fortes. Elles sont transportées par cette musique entrainante, avec parfois un petit côté eighties grâce au synthé, et une cohérence globale qui ne peut que fédérer. Dans cet album, les membres de Ladylo décrivent le monde tel qu’ils le voient, sans fioriture ni embellissement. It is what it is. Y a-t-il même autre chose à dire ?
C’est un portrait de l’humanité qu’ils peignent avec des mots. Ils nous parlent d’oppression, de peur, d’enfermement, d’amour, de haine, du temps qui passe. Il s’en dégage une douce mélancolie. Aucune rage ne transparaît dans la voix du chanteur. Je ne pense pas qu’il faille y voir de la résignation, au contraire : peut-être qu’il faut accepter le monde tel qu’il est afin de pouvoir le changer.
Certaines chansons de l’album témoignent de cet espoir, de cette lumière qui brille sous nos yeux éblouis… mais qui reste fragile.
Si je ne dois retenir qu’une seule chanson, c’est « Time Keeper ». C’est un appel à l’action, un chant plein de conviction. Sa position d’avant-dernière chanson de l’album lui décerne un rôle d’apothéose. Maintenant, on sait. On ne peut plus l’ignorer, alors il faut y aller. On pourrait s’attendre à un essoufflement après toutes ces vérités, mais non : Ladylo balance ces mots avec la force de ceux qui savent qu’ils font le bien. It must be inside their bones.
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Illustration ©Ladylo