I Am A Hero

La vie n’est pas simple pour le protagoniste central de I Am A Hero, Hideo Suzuki: malgré tous ses efforts, impossible de percer dans le milieu du manga, il doit se contenter d’un job d’assistant de mangas érotiques. Chaque soir, il souffre de paranoïa accompagnée d’hallucinations et sa petite amie n’arrête pas de parler de son ex. Tous ces traquas donnent l’impression à Hideo qu’il n’est même pas le personnage principal de sa propre vie. Mais lorsque une apocalypse, amenant des zombies, s’abat sur le Japon, la carabine qu’il possède pour son hobby de chasse pourrait bien retourner la situation.

14+(2)-1
Bien qu’au premier abord on pourrait penser que ce type d’apocalypse est aujourd’hui un concept vu et revu, I Am A Hero s’impose pour son approche très réaliste du genre, autant au niveau du dessin que du développement des personnages.
Les fans de zombies auront plaisir à voir leurs codes habituels rafraîchis. Tout d’abord, l’histoire se passe au Japon. Lorsqu’on est habitué à des scénarios se déroulant plutôt en Amérique, où une large partie de la population est armée et que les agglomérations sont très espacées, il est étonnant de voir tout le contraire dans cette œuvre: ce même Japon a des rares et précieux moyens de se défendre, une densité de population immense et un espace très restreint. La fuite est très difficile, voire impossible, les refuges sont improvisés dans des immeubles ou des toits,…
Dans la plupart des histoires de zombies, les héros sont assez charismatiques et c’est le manque de ressources ou de moyens pour se battre qui sont un soucis très fréquent.
Le héros de ce manga est quelqu’un de névrosé, peu sûr de lui, dont l’unique particularité est d’être justement le seul à posséder une arme à feu dans le chaos. Il est donc l’une des rares personnes pouvant se défendre. C’est ce genre de particularité qui rend le récit intéressant et original en dépit de la montagne de récit sur le « mort-vivant » présent sur notre marché.

Les zombies de I Am A Hero sont comme prisonniers d’un cauchemar. Comme si on avait réduit leur conscience au minimum, sans la supprimer, pour les forcer à mettre toute leur énergie dans la propagation du virus. Ainsi, bien que leurs corps soient mutilés et désarticulés, sertis de veines, ils gardent leurs routines de vie et continuent de ressasser les choses qui leurs occupaient la tête avant de se faire mordre.
Et c’est en ce point que le manga tire sa force: la psychologie. Du comportement des zombies jusqu’aux relations humaines, le mangaka décrit le social humain avec un réalisme presque effrayant.

i-am-a-hero-5108509
Très particulier, le style ultra réaliste du dessin est ce qui a fait la reconnaissance de cette œuvre. Le style est assez différent de ce qu’on peut retrouver habituellement dans les mangas, surtout pour ce qui est des visages et des traits humains. Les décors et les paysages sont presque photographiques et très détaillés. L’auteur peut, sans rougir, être mis au côté du regretté Jiro Taniguchi et de Inio Asano, deux autres excellents dessinateurs au style réaliste que je ne peux que vous recommander.

J’ai particulièrement apprécié le tournant pris par le scénario en 2016: les zombies se diversifient et deviennent plus complexes et la menace, elle, grandit tandis que les héros sont de plus en plus soudés. Je conseille vivement ce manga aux amateurs de zombies et de dessins réalistes.

Cymophan

Laisser un commentaire