La violence est partout. Il est difficile de le nier. Les règles d’un système voué à te faire payer ou la dureté de la vie, avec son lot de meurtres et d’accidents, ces épreuves sont parfois trop nombreuses.
Fight Club l’illustre tellement bien. Ses propos sont toujours d’actualité. Encore aujourd’hui, son récit reste fascinant. On y suit un jeune expert en assurance insomniaque, désillusionné par sa vie personnelle et professionnelle. Ce Narrateur rencontre, par hasard, Tyler Durden, figure énigmatique et chaotique. Ensemble, ils fondent le Fight Club. En d’autres mots, ils organisent des combats clandestins, destinés à évacuer l’énergie négative des participants.

Globalement, ce long métrage est une critique du consumérisme. Le sang coule, le temps d’avouer notre petitesse face à notre confort. Il dépeint également une brutalité sociétale, où le seul exutoire possible devient la baston pure et dure. Saigner pour exister. Se sentir vivre à travers des blessures.
Il ne reste plus que cette échappatoire pour fuir les chaînes du capitalisme. Aujourd’hui, qui se plaint de son Iphone ? Comment s’en sortir sans bagnole ? Quel alien ne désire pas la 5G ?!
Fight Club fait un bien fou. Il démontre ô combien tout est calculé afin que les dominants tracent le chemin des dominés. Comment atteindre l’objectif ? Ecrire et inventer des personnages charismatiques. Le journaliste Aurélien Lemant développe l’idée. Il observe le réalisateur, David Fincher, comme un passionné de loups solitaires. Si passionné, qu’il est prêt à les filmer. Il va plus loin !
La propension à s’identifier à s’identifier aux personnages, ces êtres déphasés, toujours solitaires, ouvre un passage. Car aussi saturé que soit l’étoffe dont Fincher conçoit ses films, le train-train de ses personnages, lui, suppure un vide à investir. Et c’est là que germe toute la sensibilité du réalisateur. Tous ses personnages finissent par ruminer la vacuité de leur vie privée devant un réfrigérateur ou à rêvasser seuls, cloitrés dans leur logement désert. Leur consistance ne tient qu’à leur quête obsessionnelle.
A. Lemant (La Septième Obsession, n° 31)

Figh Club apparaît donc comme un pamphlet à lire. Ou plutôt, comme une prise de conscience nécessaire pour les esclaves du métro-boulot-dodo. La vie est trop courte pour subir autant d’obligations. Puis, si la philosophie de Tyler Durden est si démente, c’est parce qu’il symbolise aussi bien un agent du chaos, qu’un esprit libre.
Les habitudes sont dictées par des multinationales. Alors, on concocte des bombes, bousille les antennes et baise les banques. Changer nos habitudes est souvent synonyme de liberté.
En 2020, je pars découvrir l’œuvre, une seconde fois. Un pigeon bourré de laxatifs me chie dans le coup, avant la séance prévue au Churchill (Liège)… mais concluons en reprenant les paroles de Dick Tomasovic, prof de cinéma, présentant le film devant le public : « En ces temps troubles, on voudrait tous d’un Fight Club dans sa cave ».
PS : Voir une pareille tuerie, une deuxième fois, est une incroyable expérience. L’art de savourer une écriture toujours aussi folle.
brunoaleas