L’enfance est sacrée. Parfois, on s’éloignait des codes et obligations imposés par la société… une particularité phénoménale. Certaines œuvres dépeignent les enfants comme des êtres à part. Découvrons des titres américains et japonais !
Vous savez pourquoi vous avez peur quand vous êtes seuls ? Non ?
Vincent Gray le savait, lui. Il le savait car il possédait un sixième sens que son ancien psychiatre n’avait pas su voir en lui. D’où vient cette séquence de cinéma ? Du thriller fantastique de M. Night Shyamalan, tout part de là.
La scène d’ouverture du Sixième Sens nous sert sur un plateau d’argent absolument toutes les clés de compréhension de l’intrigue. Suivez-moi, je vous explique. Le docteur Malcolm Crowe se prend une cuite chez lui avec sa femme, Anna. Ils sont en train de fêter une récente distinction professionnelle qui assure les compétences de Malcolm en tant que psychiatre pour enfants. Alors que le couple admire le cadre hors de prix qu’ils ont devant eux, Anna remarque que d’un seul coup il fait très froid, donc, elle donne un pull à son mari et enfile un gilet. Peu après cela, la température monte entre eux, ce qui les conduit à se rendre dans leur chambre. Ils sont en train de se déshabiller puisqu’ils ont l’intention de faire l’amour. Mais en fait, Malcolm n’enlève uniquement son pull et Anna, son gilet. C’est là qu’Anna marche sur du verre brisé et que leur bonheur conjugal se transforme en drame.
Quelqu’un est entré chez eux par effraction ! Et cette personne n’est autre que Vincent Gray. Nu, ou presque, dans leur salle de bain, il réclame ce que le docteur pour enfants lui avait promis. Ce qu’il veut par-dessus tout est de ne plus avoir peur. Il le dit et le montre. Mais comme il ne ressent pas d’entrain immédiat de la part de Malcolm, qui d’ailleurs ne l’avait pas reconnu, Vincent décide de tuer son ancien psychiatre par balle, sous les yeux de sa femme, avant de se suicider.
Un écriteau de transition annonce ensuite que la scène qui suit se déroule à l’automne prochain.
On y voit Malcolm Crowe assis sur un banc, prendre des notes devant la maison d’un petit garçon de 9 ans. Ce dernier sort de chez lui et se rend jusqu’à une église non loin de là, à toutes jambes, suivit par le psychiatre, qui le rejoint à l’intérieur. On comprend aisément qu’il s’agit de leur première rencontre.
À partir de là, il y a déjà quelque chose qui cloche. Malcolm ne pouvait pas connaître ce petit garçon, alors pourquoi prend-il des notes sur lui, et qui plus est, en le suivant ? Depuis quand les psys se comportent ainsi ? C’est totalement creepy ! Et c’est pour ainsi dire normal, puisque ce mec est un revenant. Rien d’autre ne peut l’expliquer. Il n’y a qu’à voir la tête que tire le petit Cole, en le voyant le suivre et entrer dans l’église. Sur son visage, je lis de la peur car il sait ce qu’il voit. De plus, il lui parle, se présente comme un médecin compétent qui veut l’aider alors que rien n’est prévu pour que cela se produise. À aucun moment du film le docteur ne parle à quelqu’un d’autre que Cole. Il reste vêtu de la même manière tout du long, à part quelques fois où on le voit avec le pull donné par sa femme quand ils avaient froid, la nuit de sa mort. Pour moi, il est clair que cette façon de faire lui est dictée par son instinct. Malcolm a quelque chose à régler. Il veut absolument aider un enfant dans la même situation que Vincent, afin de réparer ses torts et partir en paix. Il agit à chaud, exactement comme les autres revenants qui visitent Cole, si ce n’est qu’il fait preuve de plus de maîtrise, ce qui explique que l’enfant baisse la garde en sa compagnie.
Je rappelle que nous avons clairement assisté à un meurtre dès le début. On pourrait bien sûr penser qu’une blessure par balle n’est pas toujours fatale, si on est rapidement emmené à l’hôpital le plus proche. Après tout, Anna était là et s’est précipitée à son chevet. Mais moi, je n’avais aucun doute. Tout ce que j’ai vu par la suite n’a fait que confirmer ce que je pensais.
Petit détail très parlant, quand Cole sort de l’église juste après sa première rencontre avec le psy, il choppe une statue religieuse au passage. On voit par la suite qu’il s’est constitué un autel anti-revenants dans sa chambre pour être un peu tranquille quelque part. Quand Malcolm rend visite à Cole chez lui, on sent bien que le petit est retissant à l’idée de parler à voix haute avec lui, de peur d’être prit pour un fou par sa mère, exactement comme avec ses camarades de classe.
Parlons-en de ses camarades ! Lors d’une fête d’anniversaire à laquelle Cole avait été invité par le père du petit Darren, ce dernier, ainsi que Toni, l’acteur en herbe complètement naze, décident d’enfermer Cole dans ce qu’ils appelaient un donjon. Sauf qu’il y avait un vieux revenant violent dedans, qui a conduit le petit médium à se faire hospitaliser. Là-bas, M. Night Shyamalan fait son caméo. Il incarne un médecin et accuse la mère de maltraitance car ils ont trouvé des plaies, partout sur le corps du petit. Même là, Malcolm est présent et personne ne le calcule. Malgré l’ignorance de tous, ce psy garde la tête froide et s’accroche à sa vision rationnelle du monde, tout comme la mère et le médecin de l’hôpital.
D’ailleurs, dans ce film, il y a un puissant symbolisme dans les couleurs. Le vert est utilisé pour représenter le rationnel. Lynn, la mère de Cole, est très souvent vêtue de vert, car elle se demande qui fait du mal à son fils. Puis, elle ne comprend pas les manifestations de l’au-delà, celles qui gravitent autour de son enfant. Donc, elle se torture à trouver des explications logiques. Au moment où elle discute avec le réalisateur indien, on les perçoit tous les 3 accablés par des inquiétudes beaucoup trop terre à terre, ce qui ne colle pas avec la situation. Ces personnages sont tant rationnels face à l’enfant qu’ils provoquent une confusion. Une confusion encore plus appuyée à l’apparition d’un jeu en bois, vert, face aux protagonistes, placé là comme un rappel artistique. A l’inverse, c’est la présence du rouge qui représente le surnaturel. Teinte complètement absente, lors de ce dialogue.
S’ensuit une scène absolument mythique dans laquelle Cole demande au doc pourquoi il est triste. Alors, le perso joué par Bruce Willis se confie à propos de Vincent, le patient qu’il n’a pas pu aider. Malcolm pense également que sa femme n’aime pas l’homme qu’il est devenu et que c’est pour cela qu’ils se comportent maintenant comme des étrangers. – Non mec, elle t’aime, c’est juste que t’es mort –.
Soudainement le petit raconte son secret. Pourquoi ? Les confidences personnelles de son revenant préféré déclenchent cette volonté. J’ai trouvé cela très attendrissant. Cette scène est pour moi l’une des plus importantes, avec celle du meurtre, car quand on pense aux 2 simultanément, tout s’éclaire d’un coup.
Laissez-moi vous montrer ce que j’y ai vu :
−Je vois des gens qui sont morts.
−En rêves tu veux dire ?
Cole fait non de la tête.
−Quand tu es éveillé ?
Là c’est un oui.
−Tu vois des morts, dans des tombes, des cercueils ?
−Non ! Ils vont et viennent comme n’importe qui, ils ne se voient pas entre eux, ils ne voient que ce qu’ils ont envie de voir, ils ne savent pas qu’ils sont morts.
Et tu en vois souvent ?
−Tout le temps ! Ils y en a partout.
À ce moment précis, Cole vient d’énoncer des infos primordiales sur les morts qui sont partout autour de lui et cela inclut Malcolm Crowe. Plus aucun doute n’est possible, il est indéniable que ce visage sceptique cache un savoir inconscient. En voyant cette scène, je ressens indubitablement une présence fantomatique. Puis, Cole a froid. Il dit qu’il voit des morts tout le temps. Il est clair qu’il n’énonce pas tous ces détails sur les perceptions des morts pour rien. Il le fait car il aimerait lui aussi aider le psy.
La scène du secret est vraiment un point culminant du jeu d’acteur de Haley Joel Osment. Au moment du tournage, il n’avait que 12 ans, mais il joue parfaitement du début à la fin. Grace à cela, son personnage nous fait comprendre énormément de choses, sans nous les montrer, sans les dire avec l’aide des dialogues, mises en situations. En l’observant bien, je comprends qu’il connait l’origine et la nature de Malcolm mais qu’il ne le lui dit pas pour ne pas le brusquer. Il trouve plutôt des moyens détournés pour lui ouvrir les yeux.
Maintenant accrochez-vous !
Ce film n’est pas du tout un long métrage à twist ! Il n’y a aucune révélation de fin à proprement parlé puisqu’il est facile pour tout spectateur attentif de comprendre la condition fantomatique de ce psy. Il n’y a que Malcolm qui doit comprendre ce qu’il est. Mais avant, il doit commencer par croire au sixième sens de Cole.
Ce qui se produit quand il se rend compte des paroles similaires dites par Vincent et Cole. Une révélation s’empare alors de lui quand il écoute une cassette d’un entretien enregistré avec Vincent, il y a longtemps. Non seulement il croit au sixième sens des 2 gamins, mais en plus de cela, il trouve une solution pour que Cole se débarrasse de ses peurs. Je vous la donne en mille : l’aide avec un grand A. A cet instant, mes sentiments se mitigent car on se retrouve face à une facilité scénaristique, plus précisément, quand Cole aide son premier fantôme. En effet, une petite fille nommée Kyra vient le voir et lui demande de l’aider. Dans quel but ? Dire à son père que sa belle-mère l’a empoisonné. Et là, on nous montre encore une révélation avec l’aide d’une cassette ! Cole la donne au père qui la visionne tout de suite. Il peut y voir une petite partie d’un spectacle de marionnettes de sa fille, jusqu’à ce que la belle-mère entre avec le dîner. On la voit mettre un liquide bizarre dans la soupe, avant de la servir à la petite. À mon sens, c’est bien trop simple pour être crédible, d’autant plus que les morts ne sont pas censés savoir qu’ils sont morts. Mais passons.
Kyra, comme les autres morts, possède un instinct qui la conduit à Cole. Dans le bus, l’enfant déclare même à Malcolm qu’elle est venue de loin pour le voir, au constat de la route qui n’en finit pas. Les revenants savent que le garçon peut les voir. Tout comme le docteur, un revenant l’aidant pour s’aider lui-même. Et c’est précisément cette valeur d’entraide que j’aime dans ce film. Elle est accompagnée d’un symbolisme immense. Cette technique ne laisse personne indifférent. Je me dois de la saluer.
Regarder ce film est pour moi un immense plaisir. Je l’ai vu pour la première fois à mes 11 ans. Il est même devenu mon film préféré de cette époque. C’est pourquoi, je lui pardonne tous ses défauts. Tout d’abord, ce que je ressens en le visionnant est plus fort que toutes mes petites déceptions. Ensuite, j’admire le travail réalisé. Tout cet effort déployé par les acteurs, par la place du symbolisme, des détails, par la musique qui déclenche de fortes émotions et qui est bien en accord avec les rebondissements et la tension dramatique. Gros big up à James Newton Howard, au passage, pour ses compositions musicales qualitatives !
J’aime ce film et ça ne changera jamais. Si vous ne l’avez pas vu, foncez le voir, même si je vous déballe presque tout. Sorry, mais il le fallait, sinon j’allais dire quoi sérieux ? Non en vrai, ça va, je vous épargne moult subtilités.
Tatiana Kazakova