L’enfance est sacrée. Parfois, on s’éloignait des codes et obligations imposés par la société… une particularité phénoménale. Certaines œuvres dépeignent les enfants comme des êtres à part. Découvrons des titres américains et japonais !
Aucun générique ne me plonge dans un sentiment de nostalgie comme celui de Digimon.
Digimon, beaucoup s’en souviennent, parfois avec cynisme, comme une pâle copie de Pokémon, créée pour vendre un maximum de jouets. Et vous savez quoi ? Je ne peux pas vraiment réfuter ces accusations.
Imaginés en 1997 pour offrir une version plus « garçon » des Tamagotchis, tous les produits dérivés, que ce soient les dessins animés, cartes ou jouets, sortent juste après le succès phénoménal de Pokémon. Il s’agit de 2 franchises dont le principe est de collectionner un maximum de petits monstres colorés, de les faire s’affronter… après tout, la comparaison est légitime. Mais clairement, Digimon a toujours eu un je ne sais quoi de différent à mes yeux. Il y a là, un design plus cru, organique et belliqueux des créatures : là ou Pokémon réalise énormément de mascottes et d’animaux colorés avec l’occasionnel dragon, Digimon est plutôt du genre à présenter des dinosaures, machines et anges en armure.
Mais si je considère vraiment cette franchise comme celle qui m’a le plus marquée dans mon enfance, c’est aussi grâce aux messages transmis par ses médias. Ils ne sont pas les mêmes que ceux de la concurrence.
Pour le comprendre, penchons-nous sur le dessin animé, et plus précisément la saison 1 et 3. Décrivons les raisons qui m’ont tant marquées.
Première saison : l’ode à l’enfance
Le tout premier dessin animé de Digimon se nomme Digimon Adventure. Il raconte l’histoire de 7 jeunes enfants transportés dans le Digi-monde. Complètement démunis dans ce monde sauvage et plein de dangers, ils rencontrent chacun un compagnon Digimon, et grâce à la force de leurs amitiés, les enfants permettent à leurs compagnons d’évoluer en de puissants monstres. Ces êtres seront alors capables de rétablir l’ordre dans un Digi-monde en proie au chaos.
Digimon Adventure est sorti en 1999, donc imaginez le coup de vieux. Eh oui, les 10 premiers épisodes n’ont qu’une vocation : montrer le plus d’évolutions possibles, afin que les enfants puissent reconnaître quels jouets acheter en magasin. Le scénario se répète en boucle. Les jeunes protagonistes arrivent dans un nouvel endroit, ils se font attaquer par un Digimon maléfique, et un Digimon gentil évolue pour le battre. Néanmoins, une fois la première partie achevée, les choses sérieuses commencent !
Contrairement à Pokémon, qui reste un road trip où très peu de choses se passent, où les épisodes ne sont reliés que par de faibles fils narratifs, Digimon ressemble beaucoup plus à un anime contemporain. Il y a de l’action, du drame, des antagonistes complexes, et même des personnages qui meurent ou se sacrifient !
Bien qu’à la base ce soit une franchise multimédia dont le but est commercial, les créateurs décident d’y mettre de l’attention, de ne pas prendre l’audience pour des bébés.
Je me souviens à quel point tomber sur cette fiction me rendait hystérique, lorsque j’étais petit. J’avais l’assurance qu’à chaque épisode, on notait un moment assez épique. Même quand tout semblait perdu, le héros du jour allait trouver la force en lui de changer, s’améliorer, et par la même occasion, permettre à son partenaire Digimon de se digivolver en un monstre puissant et majestueux. Ces scènes me remplissaient d’émotion.
Les jingles accrocheurs, la musique, tout était parfait. Des thèmes sont mis de côté. On ne contemple pas l’entraînement ou l’acquisition de force physique qui fait progresser les héros, mais bien l’amélioration de soi. Le récit me donnait l’impression que tant que je continuais de grandir, d’apprendre, rien n’était impossible.
Les liens d’amitié unissant les héros et leurs Digimons étaient si forts, si purs. C’est aussi ce genre d’idéal qui représente l’enfance à mes yeux. Trouver de la simplicité et de la force dans les jolies choses de la vie.
Lors d’une phase de la série, les héros apprennent qu’ils possèdent tous une qualité unique. Ils doivent la développer pour renforcer leurs Digimons. Le courage, la fiabilité, la gentillesse, etc. Trouver de la force dans nos propres qualités, dans ce que nous pouvons apporter aux autres, n’est-ce pas une valeur magnifique à inculquer ?
Troisième saison : ne pas avoir peur des sujets graves, quand on parle aux enfants
Si la toute première saison reste un doux souvenir nostalgique, intrinsèquement lié à mon enfance, la meilleure chose arrivée à Digimon est sa troisième saison.
Cette nouvelle partie commence déjà avec un parti pris intéressant. Faire table rase, se détacher presque complètement des premières séries. La série débute dans notre monde, où Digimon, et surtout le jeu de cartes associé, sont bien connus de tout enfant. 3 protagonistes feront cependant la rencontre, dans leurs quartiers, d’un partenaire Digimon.
Dès lors, ils devront sauver leur ville de diverses menaces, des Digimons apparaissant mystérieusement près de chez eux.
Une prémisse très simple qui, bien sûr, sert avant tout à introduire de nouveaux monstres et jouets, sauf que ! Cette nouvelle série est scénarisée par Chiaki J. Konaka, aussi connu pour l’iconique Serial Experiments Lain, une série cyberpunk, qualifiée aussi de thriller psychologique !
Digimon Tamers a donc la chance d’être beaucoup plus qu’une série pour enfants. On y retrouve tout ce qu’on recherche dans Digimon : de l’action, de l’amitié, des personnages devant faire face à leurs peurs et défauts pour triompher. De plus, des thématiques très graves sont abordées. Les sacrifices qu’on est prêt à faire pour l’ambition, la maltraitance, le deuil, la vengeance. Parfois présentée de manière sombre et sérieuse, la série ne prend pas de pincettes. Elle aborde ces thèmes de manière crue et mature. Mais le plus étonnant, c’est lorsqu’un personnage meurt et que son partenaire, déjà accablé par un deuil et une relation difficile avec sa famille, perd complètement les pédales, noyé par le chagrin. Ces séquences sont parfois dérangeantes. Digimon Tamers prend le risque de raconter un vrai récit dramatique, d’aller bien plus loin que les autres séries franchisées pour enfants. Ces scènes ne me quitteront jamais. Elles m’offrent la conviction que certaines sensations m’accompagnent jusqu’à maintenant : la tension et impression palpable des héros. Ces mêmes personnages ont quelque chose à perdre, à apprendre dans chaque situation.
Aujourd’hui, la franchise continue d’évoluer. Elle semble suivre la maturation de ses fans de la première heure. Ils viennent de sortir un jeu vidéo alliant visual novel et jeu de stratégie. L’ambiance est plus sombre (Digimon Survive). Les créateurs sont en train de lancer un nouveau jeu de cartes à jouer/collectionner plutôt compétitif, rempli d’allusions très nostalgiques des débuts de la série. Voilà une franchise qui sait utiliser le transmédia pour faire plaisir à ses fans.
Run faster than the wind !
Aim farther than the skies !
You can meet a new you
Unknown courage sleeps in your heart, and when you realize
The downpour in your heart
Will surely stop… show me your brave heart
Pierre Reynders