La créature de Frankenstein car il est un peu couillon
Telle était la réponse de TH da Freak lorsqu’on leur demandait quel monstre les symbolise. Via cette figure fictionnelle, on devine que la bande pratique le fantastique et la dérision à travers ses créations. La pochette de leur troisième album, Freakenstein, témoigne d’un amour déraisonné pour la bête de Mary Shelley. D’ailleurs, l’intro de l’album nous embarque vers une troublante ambiance proche d’un film de Tod Browning (Dracula, Freaks). Continuer la lecture →
Il y a une sacrée trotte de Liège à Arlon ! Pourtant, mon frère et moi partons vers L’Entrepôt afin d’assister à ce que décrit le nom d’un évènement : une déflagration sonore. En première partie, on retrouve Brutus (que l’on n’a pas vu). Raketkanon assure en tête d’affiche. Notre objectif se limite à se diriger vers l’attraction forte.
Trois chansons suffisent pour dépeindre le contexte dans lequel on a sué. Trois moments forts propres à Raketkanon.
Anna
Perfectionniste acharnée, Anna sort de l’ordinaire. Assez douce, elle sort souvent les griffes pour convaincre son audience. On la retient pour son tempérament atypique. Elle qui mélange son thé au whisky. Elle qui se marie à Las Vegas l’hiver prochain.
Débutant sur une fausse note du guitariste, tout est oublié juste après cette faute au vu du groupe délivrant une prestation hors-norme. « Anna » a très bien ouvert le bal. Il est étonnant d’ailleurs de commencer avec un tel morceau à la fois brutal et doux. Le chant déformé de Pieter-Paul Devos nous éclate directement à la face. Comme si sa voix devenait un nouvel instrument à part entière. L’auto-tune pétée de Booba ne fait pas le poids ! Le groupe se la joue radicale en désirant peut-être nous habituer à ce chant anormal dès les premiers instants du live.
Ernest
Tout le monde connaît Ernest. Depuis son enfance, il porte l’étiquette d’enfant terrible. Celui qui s’amuse à poser des punaises sur les chaises de chacun. Celui qui préfère démonter des serrures plutôt que de s’ennuyer.
Véritable bombe sur scène, « Ernest » représente un des morceaux les plus violents du groupe. Deux guitares au lieu d’une seule, des riffs bruts et efficaces, ainsi que des alarmes jouées au synthé, similaires à une sirène militaire prévenant d’une menace imminente.
Une installation en métal (logo de la bande, au fond de la scène) s’illumine aux couleurs du nouvel opus, RKTKN #3… L’épilepsie provoquée est minime tant les danses s’enchaînent au sein du public (yeux fermés ou têtes balancées à tout sens). Impossible de ne pas crier :
C’est Hiroshima !
Comme tant d’autres pistes du concert, la durée de « Ernest » est écourtée. L’effet n’a rien de décevant. Le concert est d’autant plus carabiné ! Etions-nous prêts pour une telle torgnole ? Clairement pas ! « Ernest » est parfait pour la scène. Une preuve que le groupe se renouvelle dans son genre, tout en gardant un esprit taillé à tout balayer en quelques minutes.
Lou
Faut-il résumer Lou à un cliché d’adolescente incomprise ? Parfois, elle se remémore ses périodes de scarifications. Sans oublier ses petits rituels satanistes, où les esprits lui soufflaient ses décisions d’avenir. Aujourd’hui, Lou travaille dans la finance. Bizarrement, elle est l’employée modèle respectée de tous…
Pour clôturer ce spectacle, « Lou » est un très bon choix. Comparable à « Anna » pour certains aspects de sa composition, « Lou » synthétise l’atmosphère du dernier album. Au ton schizophrène, les 9 morceaux de RKTKN #3 voguent entre agressivité et berceuses malsaines.
Les gobelets plastiques jetés en l’air, la bière pleuvant sur nous et les pogos terminés, la foule souhaite un autre morceau. Le temps pour Pieter-Paul Devos d’envoyer à la merde un gus qui ne cessait de répéter que le concert était dégueulasse. Le chanteur ne se gène pas pour un fameux
Fuck you all
3 mots qui résument la simplicité de Raketkanon. Lors de l’ultime morceau, un pogo repart de plus belle. Devant la scène, les lumières aux diverses teintes transpercent les yeux des fans.
Le Luxembourg a vibré ce soir-là. Deux souvenirs inoubliables : une ambiance folle et un spectacle intense. Quand sonne la fin, on est presque en manque… Et on prie pour que le quatuor passe prochainement à la Cité Ardente !
Avant de nous balancer leur nouvel album, les Anglais de Metronomy nous ont concocté un peu plus de 3 heures de musique! Une playlist disponible sur Itunes, Spotify et Youtup’! Au nom de Metronomy 4Eva, on se ballade parmi ce qui a sûrement inspiré les sonorités de la bande. De R.E.M. à Sébastien Tellier, on a même droit à du blink-182. Il serait réducteur de résumer l’ambiance des Britanniques à de la simple électro… C’est bien plus que cela. Un mélange des tubes ultra-dansants parfois trop oubliés et un rock gras et soigné par des professionnels de la guitare.
Vous pensiez vous endormir pour This Old Dog (2017), alors autant vous promettre le coma artificiel avec Here Comes The Cowboy ! Trève de plaisanterie. Il est évident que si l’on se moque de la douceur liée aux morceaux de Mac DeMarco, c’est pour pointer du doigt une précision. Au lieu d’évoluer vers une rage musicale, il semblerait que le Canadien s’adoucit d’année en année. Un zen mélancolique remplace l’aspect plus loufoque de sa musique. Continuer la lecture →
The End représente le quatrième album de Shlohmo. Le beatmaker de Los Angeles signe un retour fracassant ! Après avoir saigné ses nouveaux morceaux, il est légitime de se poser quelques questions. En quoi ce projet est une réussite? Aurait-il perverti le genre du lo-fi ?Continuer la lecture →
L’ASBL PopKatari amène du beau monde à Liège ! L’Américain Mike Krol est tête d’affiche au Reflektor. Après une tournée américaine, Mickey s’attaque aux villes européennes. Point le temps de niaiser pour promouvoir son quatrième album, Power Chords. Le nom de cet opus résume l’état d’esprit de tout un groupe. Les « accords de puissance » sont des accords de guitares renforçant la sonorité d’une note. Utilisés à divers rythmes, vous obtenez les compositions d’un Nirvana (leurs morceaux sont majoritairement composés via cette suite d’accords) ou des Pixies. Dieu sait ô combien le punk a besoin de tels morceaux !
Nombreuses sont les anecdotes au Reflektor. Adorant le punk, un assistant de mes professeurs est présent au concert. Puis, des spectatrices se montrent ultra curieuses au sujet de jcclm. Mais je ne n’oublie pas mon but premier : prendre la claque de Pâques !
Malheureusement, j’ai découvert tardivement la rage musicale de Krol. Par contre, quel plaisir de découvrir cette brutalité quasi-viscérale sur scène !
Un code vestimentaire colle au groupe. Chemises rayées, tronches parfois défoncées, on comprend vite à quel point ils embrassent le délire du leader. Ce dernier a un œil au beurre noire, joue avec le feu lorsqu’il monte sur tout et n’importe quoi (grille devant la scène ou batterie) et fait toujours valser son tambourin (une maltraitance inouïe).
Durant le spectacle, j’ai eu l’impression d’avoir les traits du chanteur… En sang devant une telle furie sonore ! Au fur et à mesure que le show avance, j’ai la sensation d’assister à un « concert mitraillette ». Me prenant en pleine la face le chagrin chanté par Mike Krol. Les larsens et les riffs énergiques et flous (fuzzy, garage) s’enchaînent à la vitesse de la lumière. L’organisateur du concert énonce qu’une vingtaine de chansons ont été jouées. Rien d’étonnant vu le format court et direct liés aux chansons de la bande.
Côté voix, Mike Krol la détruit sauvagement. Il la modifie sur scène, muni d’une multitude de pédales. Assume-t-il le ton de sa voix ? Une question à mettre aux oubliettes. La force du groupe tient beaucoup plus à ses parties instrumentales.
Je quitte la salle en me demandant quand Monsieur Acouphène viendra sonner à ma porte. Devant la scène, j’aime absorber un rock à la fois crasseux et féroce.
Sur ce site, on en parle sans en parler! Flume a toujours été le grand manitou de l’électronique. Après avoir défini ses héritiers (en trois parties), il est temps de rétablir une vérité. On ne peut nier l’apport d’un artiste aux mille et une surprises.
Originaire de Sydney, la musique de Flume ne se limite pas à conquérir le territoire australien. Producteur et DJ, il obtient un Grammy Award en 2017, dans la catégorie « Best Dance/Electronic Album », lors de la sortie de son deuxième opus (Skin). A quoi s’ajoutent en 2016, les prix du ARIA (Australian Recording Industry Association Music Awards) du meilleur producteur et ingé son ! Rappelons que Flume n’a que 27 ans ! Le talent ne se mesure pas aux prix gagnés lors de telles cérémonies. Néanmoins, ils demeurent des preuves irréfutables faisant de ce DJ une icône de l’electro. Pendant que certains pensent qu’il n’a rien apporté de nouveau, d’autres certifient qu’il amène des sonorités inédites… Qu’il est le fer de lance d’une nouvelle génération de musiciens, comme Petit Biscuit, Fakear ou encore Møme.
Une mise en avant
Les artistes électros collaborent souvent avec une multitude de personnes venant de tout horizon. Flume ne cesse de s’allier à des personnalités tout aussi connues qu’inconnues. Amenant découvertes et émerveillements. Que ce soit la voix angélique d’Anna Lunoe, la magie de Chet Faker, la précision de Beck ou la délicatesse de George Maple, les featurings de l’Australien valent de l’or. Pour sa dernière mixtape, il fait également appel à un rappeur en pleine percée: JPEGMAFIA. Ecouter Flume équivaut à atterrir vers d’autres paysages musicaux.
Une originalité
Une fois les clips du second album dévoilés, une certitude était sur mes lèvres: Flume séduit aussi via l’image. L’esthétique liée à son univers s’apparente notamment à de nombreuses couleurs mêlées à la nature. Fleurs, déserts, lacs, tout y est sublimé par ses compositions. Hi This Is Flume démontre l’originalité du jeunot: un clip de 42 minutes à l’image d’une aventure surnaturelle. En plus de synthétiser le meilleur du DJ (grésillements, voix féminines modifiées, morceaux planants), cette mixtape envoûte grâce à une réalisation hors-pair.
Si vous pensiez que la ringardise est propre au son des Vintage Caravane… Passez votre chemin! A coups de solo efficaces, d’hymnes mémorables ou de jeu supa dynamique,
ces Islandais envoient du lourd!
J’avance en ayant les narines complètement gelées. Comme à mon habitude j’arrive beaucoup trop tôt au concert. Une chose me pousse à me pointer à l’avance. Un groupe mythico-mythique est au rendez-vous: DILLY DALLY. Via un deuxième opus, Heaven (2018), faisant vibrer les cendres du grunge, ces Canadiens débarquent à Liège pour enflammer la scène punk de La Zone.
Nous sommes gentils déclare le chanteur de King Fu avant de péter une corde de sa guitare. Quant à Chastity, le chanteur présente ses excuses à cause d’une voix endommagée et malade. Malgré quelques pépins, ces deux groupes annoncent du très lourd. Cependant, DILLY DALLY joue dans une autre cour.
Une fois sur scène, Katie Monks (chanteuse/guitariste) impose immédiatement son charisme. Cheveux blancs et tenue noire, elle brille de par un chant furieux. Claires sont les mélodies, précis est le vocero. Après avoir ôter sa noirceur vestimentaire, Monks dévoile un habit blanchâtre. A l’image de la statuette torturée et collée sur Heaven, elle apparaît comme un ange démoniaque. Un chérubin qui maîtrise un vocal impressionnant, agressif et inoubliable.
Dès les premières chansons, un spectateur souhaite embrasser Monks. L’incompréhension au visage de la Canadienne, un what se lit sur ses lèvres. Passé ce délire, le show continue et la foule embrasse les sonorités distordues de la bande.
La soirée se termine avec la satisfaction d’avoir vu un groupe qui aurait percé à l’époque de Kurt Cobain. Un DILLY DALLY qui renoue avec un genre qui m’a toujours parlé. Un style à la fois brut et efficace.
Après avoir fumé la moquette, Papa Noël fait son retour! Il nous compile les plus beaux clips de 2018. Il passe par la radicalité de Hiro Murai (l’homme derrière « This is America ») au grain de folie de Beck. Père Navidad n’oublie également le visuel burtonien de « Bone Dry » ou encore le surprenant « Charade ».