Il y a de ces moments où chacun prend le temps de contempler ses pensées. En période de crise, le silence laisse place aux élucubrations de l’esprit. C’est ainsi que les souvenirs heureux, les réminiscences tristes, jaillissent dans notre mémoire.
Barns Courtney vit sur la route, et le confinement l’a forcé à contempler ses souvenirs, sa musique pour seule compagnie. Ce sont tous ses sentiments qu’il met sur papier, comme un exorcisme dans son EP, Hard To Be Alone. Accompagné de sa guitare, il décrit ce manque parfois pesant, ainsi que ses émotions tragiques qui l’ont mené à être l’artiste qu’il est aujourd’hui. Il s’exprime alors via un ton léger et un rythme entrainant aux accents folk, parfois country.
Hard To Be Alone est un de ces titres qui donne envie de boire une tasse de thé, emmitouflé dans un plaid en pilou, en regardant le Soleil se lever (ou ce n’est que mon esprit d’ermite qui parle ?). Si ce titre illustre principalement sa solitude, il a ce pouvoir de nous rendre jovial, le tout dans une mélancolie pas si dramatique.
Dans Missing You, le chanteur se concentre sur ses amours perdus, peut-être moins oubliés qu’il pouvait l’espérer. Le rythme dansant, le refrain qui donne envie de chanter, pourraient presque nous convaincre que le vide, au fond, n’est pas si mauvais. Et ce, malgré des paroles qui dépeignent les tristes pensées du chanteur.
Home, avant-dernière chanson de cet EP cathartique, nous emmène sur les routes avec Barns Courtney. Une sensation d’espoir retrouvé se dégage de cette chanson. Le chanteur demande à rentrer chez lui, écrasé par cet exil qui le pèse. Mais la musique et l’accompagnement instrumental nous ramènent vers cette mélancolie nostalgique, une forme de sourire presque triste, qui nous réchauffe un peu de l’intérieur.
Ces trois premiers titres nous donnent le sourire. Ils nous guident dans cette vie où l’isolation semble presque douce. Néanmoins, la réalité nous rattrape dans Dopamine, dernier titre de l’EP. Aucune guitare joyeuse et nulle voix légère. Barns Courtney retrouve sa voix sombre. Jouant du piano à la place de sa guitare, il dévoile tous les démons qui le rattrapent, à qui la solitude a ouvert grand la porte de son esprit. L’instrumentation aide la voix du chanteur à s’envoler vers des jours plus heureux, même si elle reste désespérément clouée au sol. À la recherche de quelqu’un, d’une personne, d’une présence, d’un amour que l’artiste ne peut atteindre. La vie n’est plus si belle, n’est plus si douce. Le silence oppressant qui l’accompagne laisse place au bruit. Quelle meilleure manière de l’étouffer qu’en faisant encore plus de bruit ? Chanter sa peine, chanter sa solitude, est au final la plus belle façon de les évacuer. Partager cette musique qui vient du cœur est le meilleur moyen pour ne plus jamais être seul. C’est dans ces moments que le chanteur impressionne le plus : quand il transforme des sentiments douloureux en hymne à la vie.
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