Depuis des années, Feu! Chatterton construit son cocon. A la sortie de son troisième album, tout devient plus limpide. Palais d’argile apporte une véritable richesse sonore à la scène française.
Ce même cocon est peut-être à l’image de l’idée du club de Bagarre. On y accepte tout et tout le monde : les rockeurs puant le tabac des beaux jours, les possédés vibrant sur l’electro, et surtout, les amoureux des lettres. Le nouvel album des Français fédère grâce à une poésie portant un regard sur l’époque contemporaine. Arthur Teboul parle d’écran total, de message à porter à la mer, d’ombres et de rêves. Le dandy assume d’avantage ses envolées lyriques et ses contes n’ennuient jamais. Sa poésie permet de s’imaginer plusieurs histoires originales.
Est-ce que « L’homme qui vient » décrit un inconnu dont les ambitions le dépassent ? Est-ce que « Laissons filer » exprime le besoin de placer la Nature au centre de nos préoccupations ? Inutile de se lancer dans des débats stériles. Il n’existe point une et une seule interprétation de ces textes. Feu! Chatterton peint diverses images aussi abstraites qu’universelles. A leur écoute, nous nous changeons en de simples fugitifs. Nous jouissons du confort linguistique et instrumental d’une bande au sommet.
Les jeunes musiciens s’aident d’Arnaud Rebotini afin de jouer sur différents terrains. Le personnage est notamment connu pour faire l’amour aux machines.
Ce qui n’empêche pas Feu! de se méfier des dérives technologiques.
On est dans une société où le mot ‘‘accélération’’ est central. Quand on fait de la physique, c’est un concept qu’on utilise beaucoup. Mais je ne sais pas s’il va bien aux humains. Alors, on est obligé de se poser et de prendre de la distance, de remettre un peu de lenteur, d’essayer de retrouver des forces apaisantes. C’est ce qu’on essaye de mettre dans ce disque. Ca vient vraiment de nos propres réflexions et problèmes face à ce monde liquide accéléré. –Sébastien Wolf
Le guitariste/physicien craint d’ailleurs un constat : les personnes deviennent de moins en moins sensibles. Palais d’argile questionne bel et bien nos désirs et notre évolution. Parmi ces inquiétudes, une interrogation demeurera toujours en tête.
Mais que savions-nous faire de nos mains ?
« Monde Nouveau », au ton prophétique (écrit avant la période Covid-19), rappelle une espèce d’évidence : profitons de nos capacités pour réaliser nos rêves tant qu’il est encore temps. Qui souhaite disparaître à cause de loisirs superficiels ?
DRAMA – Photo ©Fanny Latour Lambert/SDP