Quitte à les créditer, quand on en a marre d’un groupe, autant mettre des mots sur sa rage. Muse revient avec un huitième album studio : Simulation Theory. Les écouter équivaut à épouser une discographie pour le meilleur et pour le pire.
Dès leur commencement, Matthew Bellamy et ses potes savaient charmer les mélomanes. En pleine période post-Nirvana, ces artistes détenaient un jeu mémorable car vif et percutant. Showbiz posait d’ailleurs les bases d’un excellent début de carrière. Preuve que Muse n’exécutait pas dans le minimalisme.
Origin of Symmetry représente l’un des meilleurs albums de l’histoire (#grosfan). Il surprend toujours et encore! Sons électros anormaux, envolées lyriques signées Bellamy, ou fusions dévastatrices entre guitare et piano. Cet opus est sacré.
Absolution a bercé mon enfance. Réalisé en France (terre des fans hardcore de la bande), ce troisième album regorge d’une richesse sonore indémodable.
Pour ce qui est de la suite, vous la connaissez sûrement…
Les groupes reconnus internationalement adoptent souvent une mauvaise habitude: celle de ne rien apporter de neuf. A l’image d’un Coldplay ne provoquant plus aucun orgasme auditif, le trio se transforme en pro de la redondance musicale. Alors que je pensais que The 2nd Law était leur pire projet, Simulation Theory nie ce constat. J’ai du mal à aboutir à cette conclusion. Je ne pensais jamais atteindre ce stade… MAIS les membres de Muse sont devenus des caricatures d’eux-mêmes. Quand ils ont commencé, nombreux étaient ceux à clamer qu’ils pompaient des mélodies à Radiohead ou Queen. Et pendant tout le long de leurs aventures, certains n’ont cessé de les accuser de voler des riffs à Prince et à Rage Against The Machine. A l’époque, je ne prenais pas en compte ces critiques. Difficile est le stade de création. Inutile est la critique facile. Je n’aimais pas Muse en tant que fan d’autres groupes. J’aimais Muse car je savais que ces musiciens composaient des tueries inclassables.
Pourtant, plus le temps passe et plus je perds foi. Simulation Theory reflète leurs mauvais choix artistiques. Ecouter ce 11 pistes revient à comprendre ce qui m’attriste : la ringardise définit presque chaque morceau. Muse nous ressert des sons déjà entendus maintes et maintes fois. Le synthé à la eighties ou les solos de guitares débarquant toujours en milieu/fin de chanson.
Est-ce un retour fracassant ?! Cet album témoigne d’un véritable échec à se réinventer. Aucune envie de l’écouter en boucle.
Tout comme la forme, le fond craint. Simualtion Theory met encore une fois en avant les principes complotistes que le groupe tient à dénoncer. Quand je me concentre sur les paroles, j’imagine adresser ces révélations :
Hey, on a compris depuis belle lurette qu’on était les esclaves de notre matérialisme. Venez boire un verre à l’apocalypse, au lieu de nous ennuyer. (à ne pas confondre avec un discours défaitiste)
Le seul morceau à sauver se nomme « Break It To Me ». Bellamy use de l’auto-tune tel un chant arabique, et sa partie à la guitare est aussi agréable qu’un délire de Tom Morello (RATM). Bref, une bonne surprise. Concernant les remix ajoutés à la version Deluxe, autant ne pas en parler. Muse n’a cessé de vouloir baigner maladroitement dans son temps.
Que faire ? Privilégier les premiers créations ? Passez aussi sur Resistance pour une magie orchestrale, et sur Drones pour des riffs sauvages. En fin de compte, Muse ne déçoit pas toujours, même si leur dernière production mérite l’oubli.
Drama