Alpha

Un pois. Un morceau d’oignon. Un verre de lait. 200 grammes de pastèque. De la sauce andalouse. Une cigarette. Un anchois. Mettez tout dans cent litres d’eau et faites bouillir à trente degrés. Vous obtiendrez sûrement un truc qui pue la merde et que vous n’oserez pas servir à des centaines de gens, surtout s’il en a fallu autant pour le faire.

C’est un peu ce que Julia Ducournau a fait avec Alpha. La réalisatrice, connue pour ses deux thrillers psychologiques primés que sont Grave et Titane, a sorti la semaine dernière un film très nul et c’est super, super dommage.

J’admire l’autrice, elle me fait croire en un avenir où une nouvelle génération de gens ferait des films de ouf avec le financement de huit millions de prods différentes aux quatre coins du monde. Alpha, c’est la branlette intellectuelle qui pourrit en France dans les marges du cinéma familial et raciste. Des films qui ne plaisent qu’à leurs auteurs, on en a à la pelle tous les ans et on aurait espéré que la réal parte dans une autre direction.

Rien ne va avec rien. Dans Alpha, une jeune fille grandit dans un monde où un virus mortel circule. Il transforme les gens en statues et leur fait tousser de la poussière. L’enfant fait la connaissance de son oncle malade et addict alors que sa mère, docteure, tente de gérer la situation.

Des trucs qui font penser au Sida, des trucs qui font penser au Covid, des trucs qui font penser à tout un tas de choses mais qui ne racontent absolument rien. C’est insipide, ça manque terriblement d’audace, et surtout, ça n’atteint pas sa fonction.

Je crois que c’est sensé être un film d’horreur psychologique. Sauf qu’on a peur uniquement parce qu’on montre des aiguilles en gros plan sans prévenir, que le son va fort et qu’un virus étrange circule. L’ambiance est maintenue artificiellement pour soutenir un scénario vide et nul.

Vraiment, « On dirait que ce film a été écrit par une IA », comme on le dit de plus en plus souvent, en 2025. Le résultat est fonctionnel, au mieux. Mais vide de récit, vide de sens, vide de nouveauté, et vide d’âme.

Surtout, on n’y comprend rien. L’oncle a déjà rencontré la fille, sauf qu’elle ne s’en rappelle pas. Il est suicidaire et addict, sans qu’on ne sache rien sur son passé. Il a contracté plusieurs années auparavant le virus mortel, il y a survécu, sauf que non, il est mort. Mais quand ? Il meurt trois fois dans le film. La fille a de l’autre côté de sa fenêtre un échafaudage qui fait peur. L’oncle emmène la fille en soirée, ils se croisent au hasard dans un bus. Le prof se fait emmerder parce qu’il est homo, ne répond pas. Un repas de famille. Plusieurs flash-backs aléatoires. Une tempête de poussière au milieu de buildings.

J’aime les films abstraits et incompréhensibles. Mais au moins, qu’on nous montre de belles choses. L’image n’est pas moche, mais ne raconte rien. Les incrustations numériques sont au plus passables pour 2010. Les costumes, le jeu d’acteurs, les décors, la colorimétrie sont insignifiants. Les plans durent longtemps sans qu’il n’y ait rien d’intéressant à contempler. Le mixage est naze, plein de bruits énervants sont trop forts, sans rien apporter à l’intrigue.

Le film est une métaphore de quelque chose ? Peut-être mais rien à branler, on n’y comprend rien. Film, parle clairement, bon sang ! J’ai payé cinq euros pour t’écouter, alors, c’est le minimum d’articuler. Tu me tiens la jambe mais je ne comprends rien à ce que tu racontes, essaie au moins, je veux savoir ce que tu veux me dire.

Explique-moi, s’il te plait.

Lou

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