Votre tête tourne, vous ne savez pas quelle heure il est. Vous voyez des gens passer, très différents, mais tous dangereux. Le bruit dans votre tête couvre jusqu’au punk rock joué dans une enceinte pourrie. On vous met un poing dans la gueule, vous ne savez pas pourquoi, mais ça n’est jamais arrivé.
Darren Aronofsky nous a habitué à faire des films qui ressemblent à des bad-trips dans des maisons lugubres, celui-ci a plutôt l’air de celui qu’on pourrait faire dans un bar. Si The Whale, Mother !, ou encore Requiem for a dream se concentraient sur les espaces domestiques, le film dont il est question ici est, au contraire, un voyage rythmé où les personnages restent rarement au même endroit.
Dans Caught Stealing, Austin Butler joue un barman emmené malgré lui dans une complexe affaire entre plusieurs mafias. Pendant tout le film, il se fait tabasser par différentes personnes sans jamais comprendre pourquoi. Et croyez-moi, c’est très drôle.
Si le genre du drame psychologique est familier au réalisateur, celui de la comédie l’est moins. Le film arrive pourtant à être efficace sur les deux plans, alliant constamment angoisse et ridicule.

Regarder un film d’Aronofsky veut souvent dire vouloir se donner les chocottes et faire une crise existentielle. Le spectateur qui cherchera ce sentiment sera déçu. Celui qui veut voir un film drôle le sera sans doute aussi. Mais de nos jours, il est rare de chercher une émotion précise en allant voir un film. Le spectateur qui cherchera une bonne comédie noire devant laquelle on rigole en serrant les fesses mettra sans doute quatre étoiles sur Letterbox.
Outre l’ambiance, les acteurs sont incroyables. Matt Smith, en caricature de punk britannique, est une vraie mine d’or de gags visuels. Regina King incarne une flic à l’air dévoué mais complètement corrompue. Seul bémol, le personnage de Zoë Kravitz, la petite amie du barman. Il manque de profondeur. Il ne sert qu’à se faire tuer par les méchants et manque de la complexité d’un véritable être humain.
On pourrait aussi critiquer le film quand il fait prendre aux personnages des décisions irréfléchies et pulsionnelles. Mais tant qu’elle n’est pas trop fréquente, la surprise est un outil indispensable pour faire rire. C’est le caramel brûlé de la comédie.
J’aimerais terminer cette critique en saluant le travail très qualitatif des opérateurs de grues dans Caught Stealing, car le film contient de nombreux travellings audacieux et des trajectoires de caméra que seul un talent certain peut exécuter avec autant de précision.
Ensuite, j’invite lae lecteurice qui voudra découvrir l’univers d’Aronofsky à regarder Mother !, à ne pas regarder The Whale, qui en dehors de la performance incroyable de Brendan Fraser, est assez naze : trop théâtral pour le grand écran et éminemment grossophobe.
Lou