Il existe divers genres liés au manga. La tranche de vie n’est parfois pas le plus attirant. Les récits de baston ou la science-fiction retiennent souvent l’attention. Mais un auteur raconte brillamment la beauté des petits riens de la vie. Jiro Taniguchi dessine les histoires de famille, le deuil, les sacrifices, les doutes, l’amour, la grandeur de la Nature, etc.
L’homme qui marche est littéralement une œuvre digne d’une saine expérience. Comment l’expliquer ? Elle symbolise un éloge de la flânerie. On y suit les pas d’un gars qui sait prendre le temps. Lui, c’est l’homme qui marche. Il se perd alors à regarder les oiseaux, champs et flocons.
L’auteur sait, comme personne, faire de la sagesse et de l’art avec du rien, ou presque. Le vagabondage, nez au vent et esprit léger, d’un homme qui se promène dans son quartier, l’affection d’un couple pour son vieux chien, les souvenirs d’un commercial qui déjeune dans de petits restaurants… on retrouve chez lui la vertu de non-agir que la culture japonaise a hérité du bouddhisme. –Jean-Marie Bouissou, historien français
Aujourd’hui, tout le monde veut tout savoir sur tout. Le cerveau est voué à toujours vouloir comprendre, mais l’infobésité n’aura jamais autant tuer nos neurones. Observez les chaines d’information en continu… c’est pourquoi, lire L’homme qui marche est une bulle d’air frais, une parenthèse nécessaire, parfaite pour savourer une aventure contemplative.
D’ailleurs, le mangaka décrit savamment son défi. Ce défi fait plaisir à plusieurs lecteurs souhaitant atteindre la paix intérieure.
J’ai tenté d’étendre les possibilités formelles du dessin, en m’imposant une seule contrainte dans la mise en forme du récit. Il s’agissait d’éviter autant que possible les termes servant à exprimer les émotions, tournures exclamatives et adjectifs. –Jiro Taniguchi
brunoaleas – Illustrations ©Jiro Taniguchi