La vie nous réserve bien des surprises, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Des hauts et des bas. Des montagnes russes plutôt incontrôlables. Lire des poésies revient à profiter de notre meilleure évasion.
Comment mieux le comprendre ? Au 24 juin 1936, de sages paroles s’immortalisent à Londres. Lors d’une conférence à l’occasion de l’Exposition des surréalistes, organisée par Roland Penrose, Paul Eluard se prononce sur la figure du poète.
Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé. Leur principale qualité est non pas, je le répète, d’invoquer, mais d’inspirer. Tant de poèmes d’amour sans objet réuniront, un beau jour, des amants.
Aujourd’hui, un artiste suit les traces du surréalisme littéraire. Arthur Teboul publie un premier livre nommé Le Déversoir. Connu pour jouer au sein de Feu! Chatterton, le voici désormais auteur d’un recueil de poèmes-minute. L’objectif est simple. Ecrire des poésies en très peu de temps. L’écriture automatique est le seul moyen d’y parvenir. Rédiger sans réfléchir. Encrer sans calculer. La poésie équivaut à un terrain de jeu formidable. Le Français nous le rappelle en plus de 200 pages. Lui qui aime interpréter Jacques Prévert ou Aragon, il livre ses pensées brutes sur le papier. On y ressent une certaine légèreté. Tout un chacun peut s’identifier à tel ou tel passage farfelu. D’ailleurs, un poème me parle énormément. Je voyage vers mes souvenirs urbains, teintés de mélancolie, lorsque mes yeux se posent sur Boulevard vide.
Mais pourquoi découvrir Le Déversoir plus qu’un autre bouquin ?! L’œuvre se veut plus qu’une lecture. Arthur Teboul ouvre un cabinet. Le but est d’y prendre rendez-vous afin de recevoir son écrit personnalisé. La Ville Lumière apparaît différente, l’espace d’un instant. Devenir poète public, telle est la mission atypique du jeune Parisien. Un jour, verra-t-on plus d’initiatives de ce genre aux coins des rues… qui sait ?
Je ne possède aucune boule de cristal. Voir surgir des lieux culturels si émouvants, si ludiques, serait génialissime ! Depuis l’adolescence, je suis juste conscient d’un fait impérissable : j’aime partager mes poèmes. En d’autres mots, confronter les mots et provoquer d’inédites réactions.
Souhaitons joie et bonheur à Arthur. La poésie est un reflet indescriptible de nos réalités. Je désire qu’elle le demeure pour l’éternité.
brunoaleas – Photo ©Clément Doumic