TOP 15 ALBUMS 2015 3e partie

7. Undertow de Drenge

NME lui donne un 9/10 et Rolling Stone Magazine 3,5/5 étoiles!*

Les deux maigrichons de Sheffield ont enregistré cette merveille dans cette même ville, au McCall Sound Studios. C’est à croire que cette ville d’Angleterre n’engendre que de supra bons artistes (tels que les Arctic Monkeys, Bring Me The Horizon, Pulp, Bruce Dickinson des Iron Maiden et j’en passe).

Alors que leur premier album éponyme contenait des morceaux de très courtes durées (à part « Let’s Pretend »), ce deuxième opus arrive à conclure ce que Drenge sait faire de mieux avec des chansons plus longues.

Un bassiste nommé Rob Graham s’ajoute à la bande des fréros Loveless et cela ne gâche en rien l’écoute de cet album épatant.

En ce qui concerne les différents titres: « The Snake » impose une ambiance lourde tout comme « Undertow » qui me remémore la musique écrasante de John Williams pour « Les Dents de La Mer » (réalisé par Steven Spielberg) mais version rock.

« Standing in The Cold » avec son effet saturé fait jouir la Fender d’Eoin Loveless.

« The Woods » me rappelle un style assez proche du jeu de guitare d’Omar Rodriguez Lopez et enfin, « Have You Forgotten My Name? », sous l’écho vocal minime et sous l’accroche rapide en début de morceau, clôture le tout magistralement bien.

Comme son nom l’indique, Undertow est un « courant » qui vous prend et qui ne vous lâche plus.

*: https://en.wikipedia.org/wiki/Undertow_%28Drenge_album%29

 

6. Una Nave In Una Foresta de Subsonica

Fondé en 1996, à Turin, Subsonica a toujours su fusionner musique électronique et âme rock, torturée de toute part.

Ce septième album peut évoquer à quel point le groupe n’a rien perdu de sa magie. D’ailleurs, leur succès est intact.

Ce dernier joyau italien résume avec excellence les codes et la façon de faire de la bande: des riffs et sons électros munis de paroles remplies de métaphores ténébreuses qui nous attirent dans l’univers inégalable des Subsonica!

« Una Nave In Una Foresta » est le premier titre qui introduit de manière majestueuse l’opus (qui monte en crescendo pour ce qui est des différentes couches sonores). Rien que le fait d’écouter les paroles du chanteur s’entremêler vers la fin, me fait vibrer avec nostalgie.

« Di Domenica » est peut-être trop calme, faite juste pour pour les ondes radios mais reste un très belle ballade qui ne s’efface pas facilement de la mémoire.

Quant aux morceaux « Attaca Al Panico », « Lazarro » et « Ritmo Abarth », ils détiennent une force de frappe si puissante que l’on se croirait le héros d’un jeu vidéo en pleine guerre contre tous.

Bref, le chanteur avec sa poésie technolobscur (oui j’invente des mots), emporté dans le jeu énergique du groupe, ne m’avait pas manqué!

 

5. To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar

Les mots me manquent pour décrire le génie que dégage chacune des chansons. Ce brassage de sons funk, jazz et hip-hop m’a renversé, dans tous les sens du terme.

« To Pimp A Butterfly » a raflé de nombreux prix dont la certification pour le platine par la Recording Industry Association of America (RIAA).

Penchons-nous sur une analyse du titre de l’album. « To pimp » peut-être traduit par « rendre sexy, attrayant » ou encore « améliorer de façon extraordinaire » (il n’y a qu’à penser à l’émission « Pimp My Ride ») mais une autre traduction lui est aussi attribuée, celle « d’exercer le métier de proxénète ». C’est un mot extrêmement machiste qui sous-entend qu’une femme est mieux avec un proxénète que seule. Par extension, tout ce qui est « pimpé », est mieux. Ce mot d’argot américain est suivi de « Butterfly », c’est-à-dire le « papillon » (animal beau et inoffensif).

C’est ainsi que tout l’album se résume en ce simple titre fait de 4 mots. Les nombreuses contradictions et tortures que le chanteur nous livre, tout au long de l’album, reflètent un lyrisme qui sort de l’ordinaire.

I remember you was conflicted, misusing your influence

Sometimes, I did the same

lâché en voix off, au début de la chanson « These Walls », en est la preuve. Cette voix off qui d’ailleurs, nous emmène, dans l’entièreté de l’album, vers les conflits mentaux d’un narrateur qui introduit un rap transcendant.

L’avantage de cet album est qu’il peut véhiculer un message politique intelligent tout en se laissant aller à une danse.

Kendrick arrive à répondre au racisme qui fait parfois rage aux USA, en réunissant tous les stéréotypes au sujet des Noirs, notamment dans « The Blacker The Berry »:

My hair is nappy, my dick is big, my nose is round and wide

You hate me don’t you?

You hate my people, your plan is to terminate my culture

You’re fuckin’ evil I want you to recognize that I’m a proud monkey

« How Much A Dollar Cost » raconte le récit de Kendrick qui refuse de donner un dollar à un clochard. Ce dernier lui révèle qu’il est Dieu et que le rappeur a perdu sa place au paradis. Via cette petite histoire, le chanteur veut nous rappeler que l’argent peut nous dévier vers l’avarice et le je-m’en-foutisme le plus total.
Il préfère chanter:

All you need, the air you breathe

plutôt que d’apporter une importance exacerbée à une richesse convoitée de tous.

Derrière cette œuvre, enregistrée un peu partout aux USA, on peut retrouver les pattes de Pharrell Williams, Thundercat, Flying Lotus, Boi-1da, Terrace Martin et… celui que Kendrick désigne comme un « savant »: Dr Dre.

Cet hymne aux jeunes générations malmenées, au sexe et à la paix révèle tout le talent que l’on peut trouver outre-Atlantique.

 

4. Arizona de Mylets

Peut-être que To Pimp A Butterfly méritait cette 4e place (à cause de la portée de sa claque) mais le deuxième album d’Henry Kohen était celui que j’attendais le plus pour 2015.

La première fois que je vis ce freluquet, muni d’un pad et de sa guitare Parker, c’était sur Youtube, à l’occasion du « Glassroom Session ». Il m’avait tellement bluffé (rien que ses pas de danse pour actionner telle ou telle pédale), que je voyais déjà en lui, une flopée de futurs morceaux fantastiques lui venir aux bouts des doigts.

En d’autres mots, Mylets est un pur érudit de la gratte!

Tout comme le premier album, on retrouve sa distorsion, sa voix d’agression et les loopings de guitare bien à lui.

Mylets, tout comme Jarle Bernhoft, est un artiste solo qui est, et contient, un groupe à lui seul. Ce n’est pas un hasard si le magazine britannique Total Guitar l’a nommé comme l’un des 8 meilleurs guitariste de 2015*.

« Trembling Hands » démarre l’énergie de l’opus sur les chapeaux de roue et « Sharks » le termine sous des notes plus douces.

Mr Loops (il joue beaucoup avec les sons de retour autant à la voix qu’aux instruments) a aussi la caractéristique de pouvoir rayonner dans un label que j’apprécie énormément: Sargent House. C’est aussi en faisant la première partie de groupe comme And So I Watch You From Afar, qu’il est encore possible de vivre un vrai concert rock et assez explosif.

Arizona est au moins égal à Retcon, il témoigne d’une signature propre à Mylets: un rock à la fois calme, franc et dynamique.

*: http://www.musicradar.com/news/guitars/the-8-best-new-guitarists-in-the-world-today-632025

DRAMA

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