DE L’INDÉMODABLE
A Moon Shaped Pool de Radiohead est un diamant musical qui rayonne de par les atmosphères particulières qu’il propose. Composé de nouvelles et vieilles chansons (« Identikit » et « True Love Waits »), le groupe nous a cuisiné un opus à une sauce mélancolique.
2016 marque le grand retour de ce groupe mené par 5 musiciens professionnels. Je n’ai rien contre les « come back » des groupes qui ont fait rêver durant les années 90. Il est sûr que certaines légendes de la musique ont fait leurs temps, mais Radiohead nous livre des sons indémodables.
C’est exactement cela que je recherche ! A la base, je savais aimer plusieurs groupes qui persévéraient dans un même genre musical, ensuite, je suis devenu mélomane. Il n’y a rien de plus jouissif que de se retrouver à écouter un groupe qui change de style du tout au tout, en restant efficace. Radiohead a su expérimenter et explorer un grand nombre d’horizons variés : chose pertinente. De leur premier album Pablo Honey (1993) à A Moon Shaped Pool (2016), il est impossible de nier un éclectisme prononcé de la par de la bande à Thom Yorke.
Le point culminant de leur discographie se présente sous la forme de l’album In Rainbows (2007). Comment pouvaient-ils tenir le pari de faire mieux que cet aboutissement frôlant la perfection? A Moon Shaped Pool a su me redonner foi au groupe, car l’album suivant In Rainbows, The King of Limbs (2011), était difficile à écouter à cause de ses chansons aux sonorités trop foutraques.
Ce dernier opus de Radiohead est le symbole d’une collaboration qui fonctionne encore et encore, entre des membres qui s’étaient éloignés pour divers projets.
Rempli de morceaux très dynamiques, dont « Burn The Witch » ou encore « Ful Stop », ce neuvième album renferme en général un rythme plutôt lent, empli de sons apaisants. Je retiendrai tout particulièrement deux titres : « Identikit » et « Daydreaming ». Le premier pour sa sa construction : une batterie qui se mêle à des voix que je qualifie de « fantomatiques », vu les nombreux échos vocaux entremêlés. S’ensuivent des sons de guitares qui créent une espèce de petite boucle sonore : belles preuves qui démontrent que les arrangements orchestraux et complexes du guitariste Jonny Greenwood ont tout pour plaire. En ce qui concerne la deuxième piste, elle représente sûrement une des meilleures expériences auditives. « Daydreaming » : des notes de piano envoûtantes, des voix qui font un va et vient à la fois perturbant et fascinant, une basse imposante et un final qui s’opère avec des cordes tant graves qu’aiguës. Si cela n’est pas de l’Art, alors ma vie a un sens. Le réalisateur Paul Thomas Anderson s’est occupé du clip de cette chanson dédiée aux « rêveurs », en nous montrant Thom Yorke qui parcourt de nombreux endroits rien qu’en ouvrant différentes portes, ce qui est à l’image de la carrière de Radiohead : de nouvelles approches, de nouvelles découvertes.
Je n’oublie en aucun cas la classe du morceau « Tinker Toiler Soldier Sailor Rich Man Poor Man Beggar Man Thief », se caractérisant de violons qui colleraient tellement à un film d’espionnage ténébreux. Rajoutons qu’au sujet de « Present Tense », ses chœurs rendent honneur à un album qui se veut riche en mélodies d’une résonance beaucoup plus mineure que majeure.
Lorsque je contemple des tableaux de Jackson Pollock, je me perds dans un imbroglio artistique et je ne sais juger réellement ce que j’éprouve. Je me suis retrouvé dans la même situation à la première écoute de A Moon Shaped Pool. Néanmoins, après plusieurs écoutes, j’ai su aimer l’album pour ce qu’il était : une patte musicale électrisante.
DRAMA