ORIGINAL BASE
Il y a une dimension anthropologique ou sociologique au cœur même du projet.
Telles étaient les paroles du réalisateur américain Martin Scorsese au sujet de son film Mean Streets (1973). Ce dernier, suivant les conseils du cinéaste John Cassavetes (1929-1989), s’était résolu à filmer ce qu’il connaissait de mieux: son quartier, ses rues, son quotidien.
Lorsque je pense au dernier album de Lorenzo Jovanotti, il me vient à l’esprit de faire le parallèle avec cette même démarche que Scorsese met au point, à la suite d’une discussion avec son mentor.
Oh, Vita est décrit par le chanteur italien comme étant une part de sa vie, lui procurant d’ailleurs une envie vivifiante de continuer à faire ce qu’il a toujours fait: composer une musique qui émeut.Après avoir été discuté avec le légendaire Rick Rubin à une soirée, Jovanotti avait semé les graines d’une collaboration entre lui et son idole.
Rubin est la clé du succès de plusieurs artistes, des Beastie Boys au Run DMC. On ne présente plus ce géant de la musique, tant il a eu une énorme influence sur l’histoire du hip hop. Je n’avais que du plaisir à apprendre une telle nouvelle, vu que Jovanotti a commencé en tant que dj/rappeur: il revenait aux sources d’une musique passionnante.
Je ne savais pas à quoi m’attendre au sujet de cet opus et de cette fusion italo-américaine. Le mélange de ces univers ne pouvait donner qu’un album plus qu’incroyable.
Et pourtant…
Il m’a fallu plusieurs écoutes avant d’accrocher littéralement à Oh, Vita!.
Chaque morceau est unique en son genre, une transition guette quasiment toujours à chaque fin de titre. Lorsque Jovanotti explique la méthode de travail de Rubin, il insiste beaucoup sur le fait que le grand barbu voulait épurer un maximum les chansons. C’est pourquoi l’album se compose également d’une simplicité hors-norme. « Chiaro di Luna », « Ragazzini di Strada » ou encore « Paura di Niente » ont un point en commun: la voix du chanteur ne se veut pas encombrée par mille instruments, seule une guitare sèche fait l’affaire.
Tout auditeur pourra dès lors réaliser qu’il suffit parfois de très peu de choses pour toucher à nos fibres émotionnelles les plus profondes.
« Amoremio » est le « morceau type » qui démontre tout l’amour que Jovanotti porte pour le hip hop et le rap us. Il ne joue pas au rappeur dans ce morceau, ressemblant plus à une musique de saloon d’un western, mais l’auto-tune et la basse que l’on écoute découlent d’un hommage sincère à l’Art de l’Outre-Atlantique.
C’est encore un pari réussi pour ce quinquagénaire qui ne vieillit pas d’une ride. Ouvrant un magasin à Milan (où Jovanotti invite souvent des groupes pour y jouer), lançant une BD autobiographique et un documentaire centré sur la création de son album, il n’a plus aucune limite.
Voir que les chaînes italiennes n’arrêtent pas de l’inviter sur plusieurs plateaux ou que d’autres médias s’intéressent énormément à ses œuvres, me rend heureux car il est important de mettre en avant ce poète faisant honneur à la culture italienne.
De cette hétérogénéité collée aux 14 chansons, Oh, Vita! représente une ballade dansante, émouvante et apaisante.
DRAMA