Quel album symbolise cet été ? La question semble ridicule. Il n’est pas question de réduire une œuvre à une saison. En tant que mélomane, je veux tomber sur les berceuses de mes jours ensoleillés. Sur les routes italiennes, une évidence me vint à l’esprit. Un mec sort du lot et défonce mes oreilles en sueur. Pourtant, la concurrence fut rude. Cet été, plusieurs artistes peuvent aisément envahir l’inconscient collectif. Miles Kane pour son côté Lennon énervé sur Change the Show. Ou Mr. Oizo et son dernier opus italo-funky-rap. Un garçon plus jeune encore remporte ma palme estivale : Steve Lacy.

Connu pour être guitariste au sein de The Internet, l’Américain fait aussi ses preuves chez Kendrick Lamar. A 18 ans, il époustoufle déjà en réalisant ses premiers tubes sur Iphone, via le logiciel GarageBand. Certains médias le comparent déjà au Stevie Wonder moderne… quoi qu’il en soit, Lacy fait honneur à son aîné.

Gemini Rights n’est point foutraque, mais bien maîtrisé. Et ce, même à l’écoute de morceaux plus expérimentaux, tel que Bad Habit. Quelle est la couleur du projet ? Chaude et sensuelle. Ses sonorités vous feront chalouper des fesses, grâce à sa richesse instrumentale.
Au rendez-vous : bossa nova, R&B, synthé planant. Pour comprendre ce mélange musical, une et une seule chanson est à écouter. Mercury porte l’album, tant il dévoile l’inépuisable créativité de l’artiste.

Quant à l’écriture érotique du musicien, elle est bel et bien explicite (on vous laisse le soin de découvrir). Un style à étudier si vous organisez des orgies en pleine canicule. Cependant, cet élément ne retient pas vraiment mon attention. Le disque narre une séparation amoureuse, rien de très original. Un point évident est bien plus important. Steve Lacy rayonne via ses performances vocales. Sa voix s’adapte aux passages posés, agités et défoncés. De quoi écouter Gemini Rights d’une traite, sans se prendre la tête.
Steve Lacy revient donc en force. Le jeunot enregistre enfin un projet solo en studio. Saluons l’initiative, une nouvelle perle au répertoire du chanteur dansant sur les cœurs brisés.

DRAMA
Illustration ©Steve Lacy